Présenté comme un lieu de partenariat et de coopération « à égalité » entre les peuples de la Méditerranée, devant permettre la création d’un espace de paix entre les deux rives de ce mare nostrum, le nouveau libellé du projet « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée » reflète avant tout les intérêts premiers des pays de l’UE, dont la France, qui cherche à préserver par ce biais un nouveau pré-carré et accroître sa zone d’influence en Méditerranée.
Le projet rencontre pour le moins un manque d’enthousiasme, si ce n’est – à juste titre - un rejet de la part des peuples de la rive « Sud » puisqu’il s’agit de poursuivre la construction de la zone de libre-échange inégale, lancée en 1995 avec le processus de Barcelone, marché ouvert aux appétits des grands groupes industriels comme des agricultures du Nord, avec toutes les conséquences négatives trop connues pour les populations vivant sur place. En outre, l’enjeu de la sécurisation des approvisionnements en énergie risque fort de dicter sa loi.
Quant à la Turquie, le projet d’Union y est analysé pour ce qu’il est : un lot de consolation devant contrebalancer le refus du président Sarkozy de voir la Turquie rejoindre l’UE, le mépris en prime.
Les intérêts des peuples doivent être prioritairement pris en considération et primer sur les intérêts des Etats et de leurs multinationales, ce qui n’est pas le cas. En outre, les répercussions de cette Union sur les pays de l’Afrique sub-saharienne sont ignorés.
L’espace euro-méditerranéen ne pourra voir le jour sans la volonté de reconnaître et de garantir la libre circulation des personnes. Or la politique mise en place par le « bunker » Europe – avec en particulier l’externalisation des centres de rétention ou d’internement et la « directive de la honte » adoptée le18 juin dernier par le Parlement Européen - va à l’encontre de la primauté qui doit revenir au facteur humain. Bien plus, il s’agit là des fondements d’une politique délibérée de « criminalisation » de l’immigration « illégale », couplée - comme c’est déjà le cas dans le Processus de Barcelone - avec la poursuite de la lutte contre le terrorisme.
Est-il besoin de rappeler également qu’il ne saurait s’instaurer de paix durable au Moyen-Orient et de stabilisation de toute la région méditerranéenne, aux frontières même de l’UE, sans un règlement global du conflit israélo-palestinien qui passe par la création d’un Etat palestinien – aux côtés de l’Etat israélien - en prenant pour base de règlement les résolutions de l’ONU ?
Aux yeux du MRAP, ce projet d’Union pour la Méditerranée n’est autre qu’une tentative de mieux coller à la nouvelle donne internationale dans laquelle le rapport de dominant à dominé, que l’on tente de masquer, va continuer à s’exercer, contre les aspirations des peuples à la solidarité, à la coopération, à la justice et à la paix.