Il a y eu beaucoup d’agitation diplomatique en ce week-end du 14 juillet : les chefs d’État de 43 pays, représentant 750 millions d’habitants, se sont réunis au Grand Palais à Paris, sous l’égide de Sarkozy, pour lancer l’Union Pour la Méditerranée (UPM). Dans cette région du monde, où se produisent certains des conflits les plus sanglants et les plus vieux de la planète, comme le conflit israélo-palestinien, les gestes symboliques n’ont pas manqué pour montrer la volonté de chacun d’œuvrer pour la paix.
La paix, paravent du business et du libéralisme
En fait, derrière les grandes déclarations, les poignées de mains symboliques et les promesses d’accord futur, il y a la volonté d’imposer deux choses. La première, c’est d’établir une zone de libre-échange qui permette aux multinationales du Nord de la Méditerranée de faire des affaires dans un contexte politique troublé. L’Union pour la Méditerranée prolonge en fait le processus de Barcelone de 1995, qui voulait faire une zone de libre-échange méditerranéenne en mettant en place des institutions utilisant les remèdes classiques du libéralisme : privatisations, coup de vis aux finances publiques.
La seconde est que les pays du Sud de la Méditerranée contrôlent les flux de population d’émigrés et empêchent l’arrivée sur le territoire européen des populations africaines, notamment de l’Afrique noire, qui est par ailleurs totalement ignorée par l’UPM.
L’Europe-forteresse fait des centaines de morts chaque année
Il n’est pas anodin que la réunion de l’UPM ait été précédée par l’adoption au Parlement européen de la « directive retour », rebaptisée « directive de la Honte », qui donne le droit aux États européens d’enfermer un immigré pendant dix-huit mois pour le seul motif qu’il réside de manière irrégulière sur leur territoire. Quelques heures avant que Sarkozy ne prononce son discours au Parlement européen, les médias avaient annoncé que quatorze réfugiés, dont neuf enfants, étaient morts dans des conditions atroces, en tenant de rejoindre l’Espagne par la mer. Les mêmes, qui ne cessent de célébrer la libre circulation des capi- taux, n’étendent pas la liberté de circulation à celles des êtres humains : pour la seule année 2007, un millier de personnes se sont noyées en tentant de rejoindre les côtes espagnoles !
Solidarité avec les luttes des peuples méditerranéens !
Le point commun des politiques libérales des deux côtés de la Méditerranée, c’est qu’elles provoquent des résistances et des révoltes. C’est notamment le cas en Tunisie, dans le bassin minier de Gafsa, mis en état de siège par le dictateur Benali, dont l’invitation au sommet n’a pas provoqué de polémique. Pas plus que celle des dignitaires marocains qui ont organisé la répression des habitants de Sidi Ifni au Maroc. Pas plus que celle de Bouteflika qui, après avoir réprimé les mouvements d’émeute en Kabylie, a réprimé les révoltes dans plusieurs villes algériennes, dont celle d’Oran. Ou celle du premier ministre israélien qui veut normaliser ses relations avec les pays arabes, tout en continuant de coloniser et d’opprimer le peuple palestinien.
C’est de la Méditerranée des luttes et de la résistance au libéralisme et à l’oppression, que nous nous sentons solidaires. C’est cette solidarité que le NPA a décidé d’affirmer dès la première réunion nationale de ses comités, car nos luttes et nos solidarités n’ont pas de frontières !
Paris le 15 juillet 2008.