● Que dire de la réunion du G8 ?
Sophie Zafari – Comme les années précédentes, mais avec un caractère plus dramatique parce que les urgences sont plus grandes, le sommet du G8 a démontré une nouvelle fois qu’il est un obstacle pour répondre aux défis qui sont posés à l’humanité, et qu’il est nécessaire de renforcer les alliances et les luttes contre les politiques qui en découlent. Concernant le climat, réduire de 50 % les émissions de CO2 pour les années 2050 est un pas en arrière par rapport au sommet de Bali, en décembre dernier, la responsabilité majeure des pays développés étant occultée. Pour ce qui est de la crise alimentaire, le G8 poursuit sa logique consistant à promouvoir ce qui est la cause du problème – la plus grande libéralisation des marchés – comme solution, au lieu d’instaurer la souveraineté alimentaire.
● Quel bilan tirer du contre-sommet ?
S. Zafari – Comme à Rostock en 2007, à Saint-Pétersbourg en 2006 ou Gleneagles en 2005, ce sommet a été une occasion de rencontres et d’initiatives de celles et ceux qui s’opposent aux politiques néolibérales. Et ce, en dépit des difficultés rencontrées dans un pays comme le Japon où, à la faiblesse des mouvements sociaux, il faut ajouter la division entre eux. Malgré aussi le contrôle policier et les restrictions du gouvernement japonais à l’obtention de visas. Il faut souligner l’importance du travail développé et d’avoir, dans ce contexte, réussi une initiative à caractère international.
Le contre-sommet militant du forum était coordonné par le réseau G8 Action Network of Japan, qui regroupait notamment Via Campesina, le CADTM, Friends of the Earth International, Anti-Debt Coalition (KAU), Attac, No vox… Les initiatives autonomes se sont également déroulées, sous l’impulsion des organisations paysannes, d’Attac-Japon et de No vox.
La manifestation du 5 juillet a été l’initiative la plus large et la plus unitaire. Elle était divisée en trois blocs : celui du réseau G8 Action Network of Japan, le plus important, qui intégrait des mouvements sociaux et organisations syndicales japonaises, celui des mouvements autonomes et, enfin, celui des ONG plus modérées.
Les thèmes abordés lors du contre-sommet ont été la crise alimentaire, la crise climatique, la dette, la dégradation des conditions de travail et de vie, la précarité et l’exclusion, les conditions de vie des femmes et la guerre. Des sujets qui nous ont permis de connaître la réalité japonaise. Dans l’agriculture, les paysans sont soumis à des politiques qui promeuvent l’importation d’aliments au détriment de la production locale. Dans l’industrie et les services, les conditions de travail se détériorent sans cesse, le travail précaire touchant 30 % des salariés. Les mouvements japonais interviennent dans des conditions extrêmement difficiles : le gouvernement est très à droite, les mobilisations sociales sont faibles, à l’exception de celles contre la guerre.
Les participants au G8 ne sont pas près de pouvoir faire leurs mauvais coups dans l’anonymat, et nous nous sommes fixé rendez-vous, en 2009, au Canada.