« Il faut mettre un terme au manque de sécurité dans les centrales nucléaires espagnoles. » Le Conseil de sûreté nucléaire (CSN) a perdu patience. Devant la réitération d’incidents dans les centrales (une trentaine depuis le début d’année), les exploitants des huit réacteurs espagnols ont été sévèrement réprimandés. Et convoqués, début septembre, à une réunion extraordinaire. « Nous allons faire un inventaire complet et approfondi des incidents et des risques qui persistent. Nous seront intraitables », a commenté le CSN. En outre, les quatre groupes électriques, propriétaires des centrales (Iberdrola, Union Fenosa, Endesa et HC Energia), sont sommés d’investir massivement dans la prévention : le CSN est persuadé que la majorité des incidents déclarés auraient pu être évités si les « dispositifs humains et matériels » avaient été plus « conséquents ».
Incendie. La dernière frayeur en date remonte au week-end dernier. Un incendie s’est déclaré dans la salle des générateurs de la centrale de Vandellos II, au sud de la Catalogne. L’incident a heureusement eu lieu hors du réacteur (arrêté jusqu’à nouvel ordre), sans avoir de conséquence radiologique. Endesa et Iberdrola qui contrôlent le consortium qui gère la centraleassurent que l’incendie ayant endommagé un générateur est dû à la vibration excessive dans l’alternateur. Soupçonneux, le CSN a envoyé trois inspecteurs sur place afin de déterminer si la cause de l’incident est liée à des failles techniques connues de ses services depuis des mois. Les écologistes, Greenpeace en tête, affirment que l’incendie est dû à une fuite d’hydrogène qui a explosé au contact de l’air, ce qui augmenterait la gravité de l’incident.
Les revers de ce type se multiplient. La semaine dernière, le réacteur de la centrale de Garoña, près de Burgos, a aussi dû être arrêté. Plus grave : la centrale de Cofrentes, dans la région de Valence, totalise dix incidents cette année. Et en avril, le CSN avait annoncé qu’une fuite radioactive s’était produite dans la centrale d’Asco I (Catalogne). La presse indique que les propriétaires d’Asco I ont caché cette fuite au CSN pendant six mois. Fou de rage face à cette « opacité irresponsable », l’autorité recommande au gouvernement d’infliger aux gérants du réacteur une amende record pouvant aller jusqu’à 22,5 millions d’euros.
Perspective. Ce débat sur la sécurité nucléaire survient dans une conjoncture difficile. Le gouvernement Zapatero est déterminé à abandonner progressivement l’option nucléaire - qui produit 18 % de l’électricité consommée en Espagne. Ainsi, en 2028, si le plan est maintenu, le dernier réacteur espagnol aura cessé de fonctionner. Comme le notent divers experts, une telle perspective n’est pas faite pour encourager les exploitants à investir pour le renforcement de la sécurité dans les centrales.