Nous étions une centaine avec 9 délégations d’organisations à Béziers le 10 juin à l’appel du Comité de défense des communes et de reconquête du service public. Participaient notamment à cette manifestation des syndicalistes de la Poste CGT, SUD, FO et CNT contre les directives européennes qui ouvrent le marché postal à la concurrence, monopole public fondé sur la péréquation tarifaire, maintenant soumise à des intérêts privés.
Luc Rey, secrétaire de la CGT-FAPT-34 (Fédération des activités postales et des télécommunications) a déclaré : « Nous avons fait la tournée des bureaux de poste des Hauts Cantons qui sont laissés à l’abandon. Nous sommes à l’aube de ce qui risque d’être un plan social jamais vu en France. 20 000 emplois risquent d’être supprimés. Nous sommes entrés en résistance » et il ajoute : « Ils ont la volonté de transformer tous ces bureaux en agences postales communales. C’est-à-dire que ce sera aux communes et à elles seules de financer ces services, car la Poste elle-même ne pourra plus le faire, vu que les lois européennes le lui interdisent. Du coup, il va y avoir une augmentation des impôts que les communes refuseront peut-être d’assumer ». L’entreprise « La Poste » est enchantée de l’aide que lui apportent les « lois européennes », mais peu d’habitants comprennent l’importance des enjeux dont ils seront les premières victimes, et ignorent souvent que La Poste n’est plus un service public.
Le Comité présente un projet de Loi
Le « Comité de défense des communes et de reconquête des services publics » est né à Roquebrun en février 2008 avec quelques représentants des élus locaux. Il s’agissait de « Sauver le bureau de poste. Car dans une petite commune de 600 habitants, il n’y a qu’une école, une mairie et une poste » (Maryse Launais, présidente du Comité).
Quand le Comité a diffusé une déclaration et un projet de loi, il eut d’abord quelques réponses puis, de plus en plus vite, de nombreuses réponses. 45 maires soutiennent le projet de Loi, ainsi que le maire et les 19 conseillers municipaux de Cessenon. Ensuite, des conseils municipaux ont été nombreux à signer. Nombre de Conseils municipaux ont délibérés à partir des documents envoyés par le Comité, « pour le rétablissement des bureaux de poste de monopole public ».
Le Comité demande l’abrogation des directives postales européennes (97/60 CE et 2002/39/CE). Elles soumettent l’ensemble du courrier à la concurrence et conduisent au démembrement du service public en vertu de l’article 87 du Traité de Maastricht qui interdit « Toutes aides accordées par l’Etat ou au moyen de ressources d’Etat sous quelques forme que ce soit qui FAUSSENT OU MENACENT DE FAUSSER LA CONCURRENCE en favorisant certaines entreprises ou certaines productions ». Si vous avez bonne mémoire, ami lecteur, vous retrouvez là l’article III, clef de voûte du Traité Constitutionnel Européen rejeté par la majorité des français en mai 2005.
Y a-t-il un député qui défend le service public ?
Pour présenter un projet de Loi, il faut un parlementaire. Pour l’instant, le Comité n’a trouvé aucun parlementaire qui a assez de courage pour appeler à rétablir le monopole public d’Etat. Qui s’en étonnerait puisque la vague des privatisations mise en œuvre par les libéraux de gauche et de droite se fait sous le couvert de l’Union Européenne, en dépit de leurs déclarations de principe faites en France.
Le Comité a fait appel au député PS Kléber Mesquida, maire de Saint-Pons, pour appuyer le projet de Loi. Sa réponse tient en 3 phrases : « Sur le fond, je suis d’accord avec vous pour la défense du service public. Mais sur la forme, on ne peut introduire une telle proposition tant que la directive européenne n’est pas abrogée… Il faut que vous vous adressiez à Monsieur Navarro, député européen, qui a compétence pour une telle démarche auprès du parlement européen… ». Or Navarro (PS) fut un féroce défenseur du OUI au TCE… Pour le moment, le Comité se mord la queue. Et ce n’est pas faute de l’engagement de tous ceux qui le soutiennent ! Affaire à suivre donc.