Cukierman relaxé…
Le 9 octobre, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris rendait son jugement dans le procès qui opposait la LCR à Roger Cukierman, l’ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). On s’en souvient, en 2003, à l’occasion du dîner annuel de cette structure, ce dernier avait mis en cause notre organisation en lui prêtant une connivence avec des courants antisémites et en l’assimilant à une « alliance brun-vert-rouge ».
Poursuivi pour injures publiques, M. Cukierman avait, au terme d’une très longue procédure, été mis en examen en compagnie de Haïm Musicant (responsable du site Internet du Crif, qui avait publié le discours). Alambiqué, le jugement du tribunal reconnaît que certains propos incriminés « apparaissent outrageants et donc injurieux ». Il admet « le caractère contestable et contesté » de l’amalgame opéré. Il exprime sa conviction que « l’ensemble du texte n’est pas exempt d’ambiguïté ». Il n’en conclut pas moins que « les propos de Roger Cukierman […] se situent bien dans le cadre d’un débat de nature politique, la relation entre antisémitisme et antisionisme figurant au cœur de cette confrontation d’idées et d’opinions ; qu’ils n’ont pas dépassé les limites de la polémique autorisées en la matière… »
Autrement dit, pour les magistrats, « le délit d’injure publique envers particulier n’est pas caractérisé ». Décision étrange, jusque dans les contradictions de ses attendus. Comme si elle paraissait surtout motivée par la volonté de ne pas condamner l’équipe dirigeante du Crif dont, ce n’est un mystère pour personne, les sympathies vont au pouvoir en place…
Rouge
* Paru dans Rouge n° 2270, 16/10/2008.
Procès LCR contre Crif
PARIS, 4 sept 2008 (AFP) - Le leader historique de la LCR Alain Krivine a dénoncé jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris des propos prononcés en 2003 par l’ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui avait alors accusé le parti politique d’antisionisme.
« Il y a cinquante ans que je milite et c’est seulement la première ou la deuxième fois que je suis ici », a relevé M. Krivine devant les magistrats de la 17e chambre. La Ligue a été beaucoup attaquée mais là, c’était « exceptionnel, la coupe était pleine », a-t-il encore déploré. Les propos incriminés remontent au 25 janvier 2003. Lors du dîner annuel du Crif, son président, Roger Cukierman, avait épinglé le racisme et l’antisémitisme, dans un discours mis en ligne le lendemain par le directeur général de l’organisation, Haim Musicant. M. Cukierman dénonçait « l’antisionisme » de partis révolutionnaires tels la LCR. « Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson », avait-il ponctué, signifiant par là, selon l’avocat de la LCR, Me Antoine Comte, « que les Verts (les écologistes), les rouges (les révolutionnaires) faisaient alliance avec les bruns, c’est-à-dire les nazis ».
Face à ces expressions « outrageantes et méprisantes », la LCR a porté plainte pour injure. Elle réclame un euro symbolique. A l’époque, Alain Krivine avait qualifié ces déclarations d’« insultantes à l’égard de tous les antifascistes », dénonçant « un amalgame scandaleux qui voudrait que toute critique de la politique de Sharon soit assimilée à de l’antisémitisme ».
Pour l’avocat de M. Cukierman, Me Thierry Lévy, « aucun terme de mépris ni aucune invective ou expression outrageante n’ont été utilisées à l’encontre de la LCR », le discours de son client n’ayant eu, à l’époque, pour objet que « d’attirer l’attention sur la recrudescence des actes antijuifs ».
Tandis que l’ancien ministre libéral François Léotard est venu témoigner en faveur du Crif, l’ancien président de Médecins sans frontières (MSF), Rony Brauman, et Gilles Lemaire, ancien secrétaire général de Verts, ont quant à eux soutenu M. Krivine. M. Lemaire a raconté comment il avait quitté le dîner, estimant inadmissible ce type d’amalgame. Le tribunal devrait rendre sa décision au mois d’octobre.
La LCR en procès contre Roger Cukierman
* Rouge n° 2264, 04/09/2008 (Au jour le jour).
En janvier 2003, à l’occasion du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), initiative qui réunit une grande partie de l’échiquier politique français, Roger Cukierman, alors président en exercice de cette organisation, s’en prenait avec virulence à la LCR, ainsi d’ailleurs qu’aux Verts ou à Lutte ouvrière. Indiquant que « la France n’est pas antisémite » mais que « certains de nos compatriotes le sont, à l’extrême droite, et à l’extrême gauche », il s’en prenait plus précisément à notre organisation : « L’antisionisme, affirmait-il, fédère ce courant qui s’étend des partis révolutionnaires tels que Lutte ouvrière et la LCR, à une fraction de l’extrême gauche. […] Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson. Elle guette les faux pas des démocrates. »
Des propos infamants, contraires à toute l’histoire d’un courant ayant été de tous les combats contre le fascisme, le racisme, l’antisémitisme. Des propos auxquels Roger Cukierman tint de surcroît à donner l’écho maximal en les prononçant devant une assemblée très médiatisée, l’objectif étant manifestement de jeter l’opprobre sur ceux qui s’engagent en faveur des droits du peuple palestinien en les taxant de haine antijuive.
L’ex-président du Crif ayant refusé de se rétracter, nous nous sommes résolus à saisir la justice. Au terme de cinq ans de procédure, à l’occasion desquels M. Cukierman et le directeur du site Internet du Crif, Haïm Musicant, auront tout tenté pour ne pas répondre de leurs injures, le litige devait être porté, ce jeudi 4 septembre, à partir de 13 h 30, devant la 17e chambre correctionnelle de Paris.
La LCR en procès contre Roger Cukierman
Communiqué de la LCR
Le jeudi 4 septembre, à 14h, devant la 17e chambre correctionnelle, aura lieu un procès contre Roger Cukierman,ancien président du CRIF et Haïm Musicant, directeur du site Internet, suite à une plainte pour « injures » déposé par Alain Krivine, au nom de la LCR. En 2003, l’ancien président du CRIF avait accusé la LCR et les Verts d’être partie prenante d’une « alliance brun-vert-rouge » et d’être complices du développement de l’antisémitisme du fait de leur engagement pour la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien.
La LCR ne pouvait accepter une accusation aussi infâmante et contraire à toute son histoire. Devant le refus des dirigeants du CRIF de se rétracter, elle s’est résolue à saisir la justice.
Stéphane Hessel, ambassadeur de France, Gilles Lemaire, ancien secrétaire national des Verts et Rony Brauman, ancien président de « Médecins sans frontières » sont les témoins cités par Alain Krivine, qui représentera la LCR à ce procès.
La confrontation aura donc lieu le 4 septembre.
Le 2 septembre 2008.