Le texte servant de base de discussion du prochain congrès du PCF a été adopté par 88 voix pour, 7 contre et 29 abstentions. Plusieurs communistes unitaires, comme Pierre Zarka ou Roger Martelli, n’ont pas pris part au vote. Les militants ont jusqu’au 10 octobre pour présenter un texte alternatif, qui devra être signé par au moins 200 communistes venant au minimum de dix fédérations différentes. Les 29 et 30 octobre, l’ensemble des militants aura à se prononcer sur le texte qui sera soumis au débat.
Partant d’une analyse souvent juste de la crise du capitalisme et de ses conséquences sur l’organisation du travail et les conditions de vie, le texte aborde les perspectives avec une nouvelle langue de bois, où se mêlent des généralités humanistes, des relents verbaux de « lutte de classe » et « révolutionnaires », dans un cadre général totalement réformiste. L’objectif est un « projet de changement à vocation majoritaire », en s’appuyant sur les mobilisations sociales et en recherchant « le rassemblement de la gauche le plus large possible sur ces idées de transformation ».
Sur le bilan gouvernemental de la gauche plurielle, la seule critique consiste à reconnaître une certaine « surdité vis-à-vis du mouvement social », « une dynamique populaire qui a fait défaut », d’où la nécessité aujourd’hui « de ne pas laisser s’amoindrir la pleine autonomie d’expression et d’action » du parti. Désormais, l’objectif est clair : « Une majorité, un gouvernement, une présidence de la République qui impulseraient une politique de gauche porteuse de grandes réformes transformatrices. » Ainsi, le PCF refusera la voie du renoncement (social-libéral) ou « celle de sa contrepartie d’extrême gauche qui, en affirmant que le débat est clos, qu’aucun effort ne rendra possible un rassemblement de la gauche, ferme par avance la porte à toute perspective de changement ». La proposition est donc de créer « un front progressiste et citoyen » et des espaces unitaires locaux, de débats et d’actions communes… Désireux de « révolutionner le parti », le texte s’oppose « à la recherche de la constitution d’un autre parti aux contours incertains ».
Ainsi, la future majorité du PCF sera composée, sans surprise, d’une bonne partie de l’appareil et de militants légitimistes, soucieux de rendre le parti plus visible et plus critique vis-à-vis du PS, mais décidés à défendre la vieille stratégie consistant à tirer le PS sur une « politique antilibérale », à gagner les élections et à retourner au gouvernement. Une petite minorité de vieux staliniens s’oppose à cette orientation. Les abstentionnistes (anciens amis de Georges Marchais et de Robert Hue) arriveront à un accord avec Marie-George Buffet. Seule une partie des communistes unitaires (quelques élus et quelques regroupements militants) envisage de quitter le PCF pour construire un réseau ou une « fédération » avec ce qui reste des anciens comités antilibéraux. Partisans de discuter avec le NPA, et plus conscients du rôle des mobilisations sociales, ils s’opposent néanmoins à l’idée de deux gauches incompatibles dans un même gouvernement. Ils envisagent, eux aussi, une victoire électorale d’une majorité de gauche « antilibérale ».
Nos propositions aux militants du PCF sont claires : d’abord, résister ensemble et dans l’unité la plus large de toute la gauche politique et syndicale aux attaques de Sarkozy et du Medef. C’est le sens de la lettre d’Olivier Besancenot à Marie-George Buffet. Mais, en même temps, il faut offrir une alternative anticapitaliste en rassemblant tous ceux qui, pour répondre aux exigences du monde du travail, sont prêts à rompre avec les lois du capitalisme et refusent d’aller gérer la société libérale en commun avec le PS. C’est le but du nouveau parti anticapitaliste (NPA). C’est le choix auquel vont être confrontés les militants du PCF.
Alain Krivine
FÊTE DE « L’HUMANITÉ » : Deux gauches en présence
Comme d’habitude, et malgré la crise du PCF, la fête de l’Huma a connu un grand succès populaire. Pour la grande majorité du public, qui n’est pas ou plus au PCF, c’est toujours l’occasion d’assister à de bons spectacles et, surtout, de se retrouver dans une atmosphère conviviale.
Cette année, deux événements ont marqué ce rassemblement : l’un, monté par une campagne médiatique visant à faire dire à Olivier Besancenot qu’il était exclu de la fête, alors que le seul regret était de ne plus avoir de débat central, comme l’année dernière, entre les principaux porte-parole de gauche. Pour le reste, il était du ressort de la direction de l’Huma d’organiser sa fête comme elle l’entendait. Comme chaque année, la LCR avait son stand et, en dehors de quelques insultes très minoritaires de militants accusant la LCR d’être responsable de leur crise, l’accueil fut encore plus ouvert que les autres années.
Comme dans toute la gauche, la perspective du NPA devient un des sujets centraux de discussion et, pour beaucoup, un grand espoir. Devant le stand, des tracts du NPA étaient diffusés, de même qu’une lettre de la LCR aux militants et sympathisants du PCF. Des centaines de gens sont venues discuter à notre stand, laissant souvent leurs noms pour être mis en contact avec les comités NPA de leurs localités. Invités des débats, les représentants de la LCR (François Sabado, Sandra Demarcq, Anne Leclerc et Alain Krivine) ont reçu un accueil chaleureux.
En revanche, si une partie de la fête fut dominée par la présence d’Olivier Besancenot et la perspective du NPA, le reste fut occupé par l’annonce publique d’une reconstruction de l’Union de la gauche, « d’une gauche durable », comme l’a nommée François Hollande, qui trônait aux côtés de Marie-George Buffet et Cécile Duflot.
À la fête de l’Huma, il y avait bien deux gauches, qui devraient absolument se retrouver dans les mobilisations contre Sarkozy, sans pour autant être compatibles au gouvernement. En exigeant de mêler les deux, dans sa réponse à la lettre d’Olivier Besancenot, la direction du PCF a mécontenté bon nombre de ses militants mais, surtout, elle prend une lourde responsabilité dans la bataille contre l’offensive de la droite. Personne ne reprochera au PCF d’organiser seul sa manifestation contre la vie chère, le 27 septembre, mais cela ne répond pas au « tous ensemble » qu’il s’agit de préparer.
Georges Villetin