Le fondamentalisme vaticanesque a encore frappé. Le pape Benoit XVI a signé, le 12 décembre dernier, une nouvelle « feuille de route » sur les questions de procréation, de lutte contre la stérilité et de recherche biomédicale. Il rassemble ainsi dans un texte unique ce qui, à ses yeux, doit être la loi de l’Eglise catholique – et s’il peut l’imposer, la loi de nos sociétés. L’affirmation du dogme et du traditionalisme l’emporte sur toute autre considération de santé ou d’humanité. Aucune place n’est laissée au compromis.
Le pape condamne notamment en bloc et en détail les techniques d’aide à la procréation : congélation des embryons et des ovocytes, fécondation in vitro, dons de gamètes, micro-injection de spermatozoïdes… En effet, « le mariage et la famille constituent le contexte authentique où la vie trouve son origine » – « l’inauthentique » (aux seuls yeux de l’autorité papale) reste ainsi, en 2008 encore, totalement inacceptable. La pratique de la « réduction embryonnaire » (à savoir la destruction in utero d’un ou plusieurs embryons en cas de grossesse multiple) se voit de même rejetée puisque la protection de la « personne humaine » doit s’affirmer « depuis sa conception ».
Benoit XVI note en conclusion de son Instruction que « l’enseignement moral de l’Eglise a parfois été accusé de comporter trop d’interdictions » pour mieux le justifier au nom, bien entendu, de hautes valeurs. Il oublie de rappeler que l’interdit est dans tout système fondamentaliste un moyen essentiel de pouvoir et de contrôle sur les individus.
Pierre Rousset
* Paru dans Rouge n° du 18 décembre 2008 en « Faits & Méfaits » sous le nom de plume d’Antoine Tessour.
Le Vatican dénonce les « effets dévastateurs » de la pilule sur l’environnement
AFP
Hostile à la contraception, le Vatican vient de lancer un nouveau pavé dans la mare en affirmant, à travers un article publié, samedi 3 janvier, dans l’Osservatore Romano, que la pilule aurait « depuis des années des effets dévastateurs sur l’environnement ».
Selon le président de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques et auteur de l’article, Pedro José Maria Simon Castellvi, cette pollution environnementale causée par la pilule serait due aux « tonnes d’hormones » relâchées « dans la nature » à travers les urines des femmes qui la prennent. Pour faire bonne mesure, l’auteur estime également que les scientifiques catholiques disposent de « suffisamment de données pour affirmer qu’une cause non négligeable de l’infertilité masculine (marquée par une baisse constante du nombre de spermatozoïdes chez l’homme) en Occident est la pollution environnementale provoquée par la pilule ». Des affirmations lancées sans donner plus d’explications.
« PROPHÉTIE SCIENTIFIQUE »
Cet article, consacré à l’encyclique du pape Paul VI Humanae vitae qui a interdit, il y a quarante ans, aux catholiques l’usage de la pilule et du préservatif, résume les grandes lignes d’un rapport publié récemment par la Fédération des médecins catholiques, explique son président. « Nous sommes face à un effet anti-écologique clair qui exige davantage d’explications de la part des fabricants », souligne le Dr Castellvi, qui qualifie au passage l’encyclique Humanae vitae de « prophétie scientifique ».
Les assertions de M. Castellvi ont aussitôt fait réagir les défenseurs de la contraception et les scientifiques. « Une fois métabolisées, les hormones contenues dans les contraceptifs oraux n’ont plus aucun des effets caractéristiques des hormones féminines », a ainsi assuré Gianbenedetto Melis, vice-président d’une association de défense et de recherche sur la contraception. Les hormones contenues dans la pilule, tels les oestrogènes, « sont présentes partout, (...) dans le plastique, dans les désinfectants, dans la viande que nous mangeons », a souligné de son côté Flavia Franconi, responsable de la société italienne de pharmacologie. - (AFP.)
* Article paru dans le Monde, édition du 06.01.09 (Compte rendu). LE MONDE | 05.01.09 | 14h57 • Mis à jour le 06.01.09 | 12h09.