« Ni sang, ni larmes, que du bonheur ! » certifie Cécile Duflot, hilare. Clin d’œil de la secrétaire nationale des Verts à Daniel Cohn-Bendit qui avait prédit, fin octobre, « des larmes et des pleurs » pour la délicate étape de la constitution des listes Europe Ecologie, en vue du scrutin de juin 2009. A l’issue d’une réunion de leur comité de campagne, les principaux artisans du rassemblement des familles écologistes ont révélé vendredi une partie de leurs têtes d’affiches issues d’ONG environnementales ou de la société civile, pour les européennes.
Ticket. Composé d’une vingtaine de membres, le comité a donc « validé un scénario » proposé par Duflot, Cohn-Bendit et Pascal Durand, coordinateur de la campagne. Des « personnalités associatives ou des personnalités tout court » ont été désignées en première ou seconde position pour former des binômes à parité qui conduiront les listes sur le territoire, découpé, pour le scrutin, en huit grandes circonscriptions. Un« scénario » cousu large pour « laisser de la place aux Verts » qui nommeront leurs candidats selon leur procédure interne, par une consultation des militants et une décision du Cnir (conseil national interrégional) du parti, le 17 janvier.
Pour l’Est, Sandrine Bélier, 35 ans, ancienne directrice fédérale de France nature environnement, sera tête de liste. Proche de Nicolas Hulot, Jean-Paul Besset, et Yannick Jadot, ex-directeur des campagnes de Greenpeace France, conduiront respectivement les listes du Centre et de l’Ouest. Ils feront équipe avec une candidate Verts. L’altermondialiste José Bové est intronisé numéro 1 dans le Sud-ouest. Dans cette région ou dans le Sud-est, un « régionaliste » de la fédération Régions et peuples solidaires pourrait décrocher une place de second.
En Ile-de-France, le ticket formé par Cohn-Bendit et l’ex-juge d’instruction Eva Joly ne fait guère de suspense. Pour les autres Verts, Hélène Flautre, eurodéputée sortante, et Michèle Rivasi ancienne députée de la Drôme, sont pressenties pour être têtes d’affiche dans le Nord - avec un responsable associatif - et le Sud-Est. Restera enfin à déterminer le casting de l’outre-mer où « les Verts discutent avec leurs partenaires ». Un ou deux postes doivent aussi être réservés à des candidats de la diversité.
« Col ». Les composantes de l’arc écologiste, qui avait pris forme aux journées d’été des Verts à Toulouse en août, peuvent donc souffler, après avoir franchi ce « col » digne d’une « étape de montagne », plaisante Besset. « L’équilibre s’est trouvé dans un climat apaisé, assure Jadot, même s’il y a forcément quelques déçus. » Parmi les recalés, le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d’Antoine Waechter, qui réclamait une tête de liste, mais ne claque pas la porte. « Ils ne sont pas tout à fait très heureux », euphémise Cohn-Bendit. Les discussions doivent se poursuivre en janvier avec le MEI pour l’associer à la campagne et « lui donner une visibilité », via, peut-être, un poste de porte-parole.
Des Verts avaient également suggéré des variantes au « scénario » : certains proposaient un candidat maison en tête de liste dans l’Ouest, et Yves Cochet jugeait l’eurodéputée Marie Anne Isler-Béguin « légitime pour rempiler » dans l’Est. Sans avoir eu gain de cause, le député estime que, malgré « quelques prises de parole un peu vives, l’atmosphère était moins houleuse qu’on pouvait le craindre ». En effet, les Verts ont semble-t-il réussi à dépasser les intérêts de leurs chapelles. « On a toujours dit qu’on cherchait un accord avec eux. Sinon, on avait une équation à trop d’inconnues. Après, eux gèrent la boutique », chambre Cohn-Bendit. Au coprésident du groupe Verts au Parlement européen, Duflot rétorque : « Dany est resté sur de vieux schémas. On est bien plus calmes. » Et assure que « l’attachement au rassemblement, qui transcende toutes les sensibilités », a primé. Au passage, la secrétaire nationale, réélue début décembre, se réjouit du train d’avance pris par les écologistes : les autres partis « sont encore dans les choux. Ils se bagarreront quand nous ferons déjà campagne. »
Prévoyant une campagne à cheval entre mobilisation de terrain - au travers des 50 comités locaux déjà créés - et « réseau social par Internet », les écologistes doivent dégainer un « kit » d’argumentaires et les grands axes de leur « Green deal » en janvier. Et invitent à ne pas confondre « la VO et les copieurs ». « On va voir tous les partis rajouter à leur plumage quelques ramages écologistes, ironise Besset. Ils découvrent la lune. Nous, nous avons cette problématique comme colonne vertébrale. »