Une conférence de la gauche anticapitaliste européenne s’est tenue, à Paris, les 13 et 14 décembre derniers.
Les organisations et partis suivants y étaient représentés : Parti polonais du travail (Pologne), le Bloc de gauche (Portugal), Gauche anticapitaliste (Espagne), Sinistra critica (Italie), Syriza et la Gauche anticapitaliste (Grèce), Socialist Workers Party et Socialist Party (Grande-Bretagne), People Before Profits (Irlande), Socialistiska partiet (Suède), Ligue communise révolutionnaire et Mouvement d’action pour le socialisme (Belgique), LCR et NPA (France). Le Parti socialiste des travailleurs d’Algérie participait également aux travaux de la conférence.
Toutes les organisations ont d’abord manifesté leur pleine et entière solidarité avec les mobilisations de la jeunesse et du peuple grecs. Elles ont ensuite procédé à un échange de vues et d’analyses sur la crise économique et sociale qui frappe aujourd’hui l’Europe. Elles ont exprimé ensemble le rejet des politiques des gouvernements de l’Union européenne de sauvetage des banques et du patronat. Elles refusent que les travailleurs et les peuples paient la crise capitaliste.
Face à celle-ci, elles ont discuté des revendications et des mesures d’urgence s’attaquant aux profits capitalistes pour satisfaire les besoins sociaux des populations. Elles ont aussi tenu à rejeter la politique sociale-libérale des partis socialistes européens et du centre gauche, qui acceptent de gérer la crise.
Au-delà des choix politiques nationaux de chaque parti, il s’agit aujourd’hui de discuter les conditions d’une alternative politique et d’un pôle anticapitaliste à l’échelle de l’Europe. Par ailleurs, la Gauche anticapitaliste européenne participera aux manifestations des 4 et 5 avril contre l’Otan, à Strasbourg, à l’occasion du 60e anniversaire de l’Alliance atlantique.
Les délégations du NPA et de la LCR
* Paru dans Rouge n° 2279, 18/12/2008.
Europe : vers un pôle anticapitaliste
La réunion de la Gauche anticapitaliste européenne, les 13 et 14 décembre derniers, est incontestablement un pas en avant. La déclaration adoptée par les courants et les organisations anticapitalistes d’Europe témoigne d’une volonté de discuter et d’agir ensemble.
La crise, comme les résistances sociales aux plans de restructuration capitaliste des gouvernements de l’Union européenne, a, à coup sûr, un effet accélérateur. Les discussions sur la situation en Grèce ont bien montré qu’il ne s’agissait pas d’un exemple isolé.
Ce type de réunion est aussi utile pour « penser Europe » : les points communs des situations face à la crise, mais aussi leurs spécificités dans le développement inégal des mouvements sociaux. Pour tous les délégués, et c’est une différence avec les autres courants de la gauche, il ne s’agit pas de s’attaquer aux seuls excès du capital financier ou de revenir à l’État providence, comme le propose Die Linke en Allemagne. Il faut rompre avec le capitalisme, satisfaire les revendications et les besoins sociaux des classes populaires et, pour cela, s’en prendre à la propriété et au pouvoir patronal.
Dans le même sens, à la différence de la majorité des forces regroupées au sein du Parti de la gauche européenne, les anticapitalistes rejettent la participation à des gouvernements ou à des coalitions parlementaires avec la social-démocratie et le centre gauche. Car ce qui est en jeu dans toutes ces discussions, c’est l’émergence d’un nouveau courant politique à l’échelle de l’Europe : un pôle anticapitaliste. Après la social-démocratie, les Verts et le Parti de la gauche, qui réunit essentiellement les partis communistes européens, il doit y avoir « les anticapitalistes ».
Ce courant « anti » va au-delà des organisations qui ont signé la déclaration ci-contre. Des relations doivent aussi être tissées ou renforcées avec des partis comme le Bloc de gauche au Portugal, Syriza en Grèce ou les courants de gauche de Die Linke.
François Sabado
* Paru dans Rouge n° 2280, 25/12/2008.