PARIS, 10 jan 2009 (AFP) - La gauche syndicale et politique s’est retrouvée samedi midi devant le bureau de Poste du Louvre à Paris, le plus grand de France, pour s’opposer à ce qu’elle appelle « la privatisation » de l’entreprise publique dont le gouvernement veut changer le statut, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des syndicalistes (CGT, FO, Sud-PTT) et des têtes d’affiche des partis de gauche comme Benoît Hamon, porte-parole du PS, Olivier Besancenot, son homologue de la LCR, Pierre Laurent, membre de la direction du PCF, Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de Gauche, Georges Sarre (Mouvement républicain et citoyen, MRC) avaient répondu à l’appel du Comité national contre la privatisation de La Poste, ainsi que le maire du IIe arrondissement, Jacques Boutault (Verts) et la féministe Clémentine Autain.
Ce comité, et tous ses relais locaux, avaient convié la population à venir signer samedi devant les bureaux de Poste « l’appel national contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal ».
Devant une quarantaine de personnes, Régis Blanchot, au nom de Sud-PTT, a appelé à « lutter par tous les moyens pour obtenir l’abandon du projet ». « Ca fait plaisir de voir la gauche réunie », a ajouté le secrétaire général
de FO Communication, Jacques Lemercier.
Benoît Hamon a relevé "l’immense paradoxe consistant à ce que, quasiment dans le même souffle, le président de la République en appelle au retour de la puissance publique et simultanément, prépare le passage de La Poste en société
anonyme".
Olivier Besancenot en a appelé à la mobilisation, outre du personnel de La Poste, « des usagers, des élus qui sont attachés aux services publics des petites communes ».
Pour Pierre Laurent, « la signification de la présence de toutes les forces de gauche, c’est le signal d’une relance d’une bataille pour obtenir l’abandon définitif de ce projet ».
A Lille, la première secrétaire du PS et maire de la ville, Martine Aubry, a participé dans la matinée à un rassemblement avec les organisations syndicales (Sud, CFTC, FO et CGT) sur le même thème, devant le bureau de poste du quartier de Wazemmes à Lille, selon un journaliste de l’AFP sur place. Elle était accompagnée d’une petite centaine de manifestants, dont
plusieurs élus socialistes et le secrétaire national du PS aux services publics, Razzy Hammadi. Celui-ci avait recensé, à la mi-journée, « plus de 180 points de manifestation avec des élus et militants socialistes ».
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SUD-PTT
37 organisations syndicales, politiques et associatives affirment que le service public postal appartient à tous les citoyens, c’est pourquoi elles demandent l’organisation d’un vrai débat public permettant l’implication des citoyens. Ils doivent pouvoir décider de l’avenir de La Poste par un référendum.
Pour retrouver des informations sur l’activité du comité national : http://www.appelpourlaposte.fr/
Dernier communiqué du comité
Le samedi 10 janvier 2009 : Rendez-vous devant les bureaux de poste
Le samedi 10 janvier sera une journée nationale de mobilisation des comités locaux contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal.
Le gouvernement veut mettre un terme à l’activité d’un des plus anciens services publics de proximité de notre pays, garant et créateur de liens sociaux. En pleine crise économique, à l’heure où la précarité et la pauvreté progressent, il s’agit de détruire un service public indispensable pour l’aménagement du territoire et la cohésion sociale.
Malgré des centaines de milliers de signatures déjà récoltées par l’ensemble des organisations syndicales et politiques, malgré des manifestations d’ampleur et la popularité de notre lutte, le gouvernement s’entête sur sa décision. Face à cette obstination, il est nécessaire que l’ensemble de la population et de nos élus et élues manifeste son mécontentement le 10 janvier 2009 devant leur bureau de Poste.
Ce n’est pas au président Sarkozy de décider de l’avenir de La Poste, c’est à la population qu’il revient de se prononcer par le débat public et par la voie du référendum sur l’avenir du service public postal afin qu’il réponde à ses attentes.
Le comité invite la population à venir signer l’appel national contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal devant les bureaux de poste de tout le pays le samedi 10 janvier 2009.
Il se joindra à la manifestation nationale du 29 janvier 2008.
LA POSTE : Journée contre la privatisation le 10 janvier
L’annonce, par Sarkozy, de sa volonté de changer le statut de La Poste en société anonyme tout en prétendant limiter l’ouverture de son capital à des fonds publics, n’a pas convaincu les membres du Comité national contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur l’avenir du service postal. Ils organisent d’ailleurs une journée nationale de signatures de pétitions devant les bureaux de poste, sur cette thématique, le 10 janvier.
Il faut dire que le vernis concernant le maintien du caractère public de la future société anonyme n’a pas mis longtemps à craquer. Dès le 5 janvier, la direction de La Poste annonçait la création de l’Organisme de placement collectif dédié à l’immobilier (OPCI).
Le capital de cette nouvelle structure sera détenu à 22 % par La Poste, à travers sa filiale immobilière, le reste sera propriété d’investisseurs comme la BNP-Paribas ou Fortis, par exemple. De plus, elle annonçait également qu’elle avait cédé à cet organisme six plateformes industrielles (gros centres de tri). La Poste sera dorénavant locataire de ces infrastructures. En clair, l’entreprise cède des infrastructures directement liées à l’exercice du service public à une sorte de consortium composé à près de 80 % de fonds privés ! Cela donne matière à s’interroger sur la manière dont sera rendu le service public dans ce contexte. Cela démontre aussi que la garantie élyséenne concernant le maintien de fonds publics dans le capital de La Poste n’est que supercherie.
Dès lors, l’initiative du 10 janvier organisée par le comité national revêt une importance particulière. Elle permet, dès ce début d’année, de montrer à Sarkozy, aux patrons de La Poste, mais aussi et surtout aux usagers, que la bagarre n’est pas finie, que rien n’est perdu. Elle est aussi une étape dans un processus de mobilisation qui devra connaître une forte grève des postiers le 29 janvier.
Bruno Quignard
* Paru dans Rouge n° 2281, 08/01/2009.
Défendons La Poste
Sans surprise, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de changer le statut de La Poste, avant la fin de l’année 2009. Pour tenter de rassurer postiers et usagers, il déclare que seuls des capitaux publics entreront dans le capital de La Poste SA (1,5 milliard de la Caisse des dépôts et consignations et 1,2 milliard de l’État). Tout cela, pour annoncer que La Poste n’est pas privatisée et qu’elle reste 100 % publique…
De toute manière, il aurait été pour le moins périlleux d’introduire l’entreprise en Bourse dans la période actuelle. Mais il est évident que la garantie de conserver le caractère public n’est qu’une arnaque grossière, dans l’attente d’un environnement financier plus propice aux spéculateurs. Aujourd’hui, il s’agit de faire sauter le verrou du statut afin de permettre, demain, l’aventure boursière. Cela ressemble d’ailleurs au stratagème utilisé pour France Telecom : changement de statut en 1996, introduction en Bourse en 1997.
Il est de plus en plus évident que la décision de Sarkozy relève du dogmatisme. Ainsi, la raison qu’il a invoquée pour justifier sa décision concerne l’endettement de l’établissement public, qui serait une des postes les plus endettées au monde. Or, cette affirmation est fausse !
En fait, pour Sarko, il s’agit de dramatiser la situation pour faire gober n’importe quoi, telle l’idée qu’il serait nécessaire d’être une société anonyme pour bénéficier de fonds publics ! C’est sans doute une autre escroquerie majeure de son projet. Si l’État compensait convenablement les missions de service public assurées par La Poste, la Commission européenne n’aurait pas son mot à dire. Ce ne sera sûrement pas le cas de la capitalisation par de l’argent public. Une bonne occasion, pour le gouvernement, de se dédouaner et de faire porter le chapeau à l’Europe, comme il l’a déjà fait avec le Livret A. Ce projet n’a d’autre but que de liquider le service public postal et de faire cadeau des secteurs rentables de l’entreprise aux spéculateurs. Cela n’a rien d’original, c’est la politique administrée à tous les services publics. C’est la raison pour laquelle il sera indispensable de réussir le 29 janvier à La Poste, étape indispensable à la poursuite et à l’amplification de la mobilisation des postiers et des usagers.
Bruno Quignard
* Paru dans Rouge n° 2280, 25/12/2008 (Editorial).
Non à la privatisation de la Poste !
Annoncée cet été, la volonté du gouvernement de privatiser la Poste s’est heurtée à la mobilisation des personnels et de l’opinion publique ainsi qu’aux développements de la crise financière. La voie de l’ouverture rapide du capital de la Poste aux investisseurs privés étant actuellement obstruée, N. Sarkozy tente de contourner l’obstacle par son projet de changement du statut de la Poste et l’ouverture de son capital « aux seuls investisseurs publics ». Ce n’est évidemment qu’une arnaque grossière : les mêmes assurances mensongères avaient été données aux salariés et aux usagers, lors du changement de statut de France Telecom ou d’EDF-GDF. C’est bien la première phase de la privatisation qu’annonce N. Sarkozy !
La LCR dénonce cette nouvelle attaque contre les services publics. Elle apporte toute sa solidarité active aux organisations syndicales de la Poste ainsi qu’au Comité national contre la privatisation de la Poste et, comme eux, appelle à faire de la journée de grèves et de manifestations du 29 janvier prochain une nouvelle étape de la mobilisation.
La Poste appartient à ses personnels et aux usagers. Défendons-là !
Montreuil, le 19 décembre 2008
LCR
LA POSTE : Examen réussi
Au sein d’une semaine socialement agitée, la mobilisation des postiers, le 22 novembre, était attendue. Certains dirigeants de l’entreprise rêvaient d’ailleurs d’un échec de cette initiative pour redonner un peu de couleur à leur projet de privatisation de l’entreprise publique, quelque peu ébranlé par la mobilisation et la situation économique. Avec plus de 100 initiatives sur l’ensemble du territoire et plusieurs dizaines de milliers de manifestants, leur espoir a été déçu !
La réussite de cette mobilisation n’était pas gagnée d’avance. Si l’accueil des usagers, lors des initiatives organisées devant les bureaux de poste et les marchés, ou encore lors de réunions publiques, l’instabilité et le flou entretenu sur la poursuite du projet de privatisation par des représentants de la majorité pouvaient laisser entendre à certains que l’affaire était, sinon abandonnée, du moins repoussée. Pourtant, il n’en est rien et le gouvernement devrait dévoiler son jeu avant la fin de l’année.
Dans ce contexte, la mobilisation du 22 novembre, très importante dans des villes moyennes ou petites, est particulièrement intéressante, car elle démontre qu’il s’agit d’un mouvement qui s’ancre dans la population, qu’il ne s’agit pas uniquement d’un mouvement de militants. Il est d’ailleurs important de souligner que des actions de résistance contre les fermetures de bureaux de poste connaissent un regain d’activité. Une évolution salutaire, au moment où le responsable des bureaux de poste a annoncé que 3 000 bureaux devaient être transférés vers les collectivités locales ou confiés à des commerçants avant la fin 2010…
Comme ombre au tableau, il faut reconnaître que l’intersyndicale est de plus en plus fragile, la CFDT indiquant qu’elle est favorable au changement de statut de l’entreprise, c’est-à-dire à son évolution en société anonyme. Cette situation rend encore plus essentielle la mobilisation à l’extérieur de La Poste. Le rôle des associations et des partis politiques, aux côtés des syndicats, dans le cadre des collectifs locaux, devient déterminant. Les militants du NPA, très présents le 22 novembre, y ont évidemment toute leur place.
Bruno Quignard
* Paru dans Rouge n° 2276, 27/11/2008.