En Asie, la gestion du vieillissement de la population devient urgente. D’ici à 2015, la proportion des plus de 65 ans devrait atteindre 17 % de la population totale (contre 6 % aujourd’hui). D’après les observateurs, la transition démographique (allongement de l’espérance de vie accompagné d’une baisse des naissances) se déroulera sur une génération, alors qu’elle s’est étendue sur un siècle en Europe et en Amérique du Nord.
Dans un rapport publié le 7 janvier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) appelle ainsi les Etats de la région à « moderniser de façon urgente » leurs systèmes de pension afin d’assurer des retraites « pérennes et suffisantes » à leurs travailleurs. Dans des pays où la responsabilité filiale est, par tradition, importante, la mise en place de régimes de retraite est parfois très récente. Beaucoup de pays du continent ont attendu la fin des années 1990 pour mettre en place leur système de pension.
Aujourd’hui, trop peu de travailleurs asiatiques sont couverts par un système de pension. Dans les pays occidentaux, 70 % de la population active reçoit, en moyenne, une pension au moment de la retraite. Cette proportion n’est que de 18 % en Asie de l’Est, et inférieure à 8 % dans des pays comme le Pakistan, l’Inde ou le Sri Lanka.
Pour la Chine, un précédent rapport de l’OCDE datant de 2007 estime que « le taux de couverture parmi les employés dans les secteurs urbains demeure en dessous de 50 % », tandis que les zones rurales restent « en dehors du système de retraite national ». Selon cette étude, « la population restera encore dépendante pendant de nombreuses années des pensions de vieillesse fournies par l’aide de la famille ».
Les travailleurs migrants ne peuvent toujours pas transférer la totalité de leur épargne retraite lorsqu’ils quittent une province. Conscient du problème, le gouvernement chinois s’apprête à étendre la couverture nationale du système des retraites à l’ensemble de la population rurale et migrante.
31 % DE RETRAITÉS EN 2050
« La Chine va avoir un problème pour financer sa transition démographique », explique Monika Queisser, experte à l’OCDE. Selon les estimations des Nation-unies, le pays devrait voir ses retraités tripler d’ici à 2050 pour atteindre 31 % de la population totale (près de 435 millions de personnes). « Les réformes mises en œuvre depuis 1997 (un système de base par répartition accompagné d’une possibilité d’épargne personnelle) vont dans le bon sens, mais la politique de l’enfant unique rend le système par répartition fragile », prévient Mme Queisser.
L’étude de l’OCDE recommande aux pays asiatiques de calculer les montants des pensions sur toute la durée de la vie professionnelle et non sur le dernier salaire. Elle invite aussi les Etats à indexer les pensions sur le coût de la vie et à n’autoriser les gens à accéder à leurs prestations, sous forme de revenu, qu’au moment de leur retraite. Aujourd’hui, l’épargne est souvent rendue disponible sous forme de capital et non de pension et est fréquemment retirée avant l’âge de la retraite.