Une autre Europe, sociale et écologiste, est possible...
Le capitalisme conduit la planète et
tous ses êtres vivants à leur perte.
La course folle au productivisme, la
sur-consommation d’énergie dans les
pays les plus développés, les
déchets, nucléaires ou autres, qui
s’accumulent provoquent des dégâts
irréversibles, prémisses de catastrophes
futures. Mais tout le monde
n’est pas responsable au même
niveau, et tout le monde ne subit
pas les dégradations de l’environnement
de la même façon : trois planètes
seraient nécessaires si tous les
habitants de la planète vivaient
comme les Français, et si le mode de
vie des États-Unis était étendu à
toute la planète, les ressources énergétiques
s’épuiseraient en 90 jours.
Au Nord, les populations les plus
pauvres subissent les pollutions
sonores, passent leur vie dans les
transports, boivent une eau nitratée
; et les petits paysans sont obligés
de fermer leurs exploitations ou
de s’endetter à vie quand les subventions
engraissent les gros céréaliers.
De l’autre côté, les pays du Sud servent
de plus en plus de poubelles
pour les industries polluantes du
Nord, et les travailleurs de ces pays
travaillent dans des conditions
déplorables, comme ceux qui
extraient l’uranium pour faire marcher
« nos » centrales nucléaires.
Bref, la crise écologique en rajoute
une couche à la crise sociale. Seul un
changement radical est susceptible
de nous apporter un mieux-vivre,
pour une justice écologique et sociale.
C’est dès maintenant qu’il faut
agir, sans attendre le grand soir. Les
propositions que nous présentons cidessous
se veulent un premier pas
pour qu’une autre Europe soit possible,
une Europe écosocialiste et
démocratique. La condition première
d’un tel projet est la rupture avec
une construction libérale qui ne vise
qu’à organiser la concurrence économique
et assurer le pouvoir des marchés
financiers.
Nucléaire : on en sort ou on en meurt
La France, comme l’Europe, a une capacité
de production électrique excédentaire,
mais reste principalement basée sur le
nucléaire. Étonnant et effrayant alors
qu’on ne sait toujours pas traiter les
déchets radioactifs et que le moindre
accident risque d’avoir des conséquences
gravissimes sur l’environnement et les
populations. La LCR demande donc qu’une
réelle révolution électrique soit amorcée :
? les crédits de recherche et développement,
actuellement accaparés à
90% par le nucléaire, doivent être
inversés au profit des économies d’énergies
et aux renouvelables,
? toute aide européenne au nucléaire
(comme Euratom) doit être abandonnée.
A contrario il faut défendre
un service public basé sur les énergies
renouvelables (éoliennes et hydroliennes,
géothermie, photovoltaïques...),
? de nouvelles normes de rendement
énergétique doivent être crées pour
l’habitat, les appareils électriques, et
l’industrie. La maîtrise de notre consommation
pour un même confort doit être
la priorité. Les fausses solutions comme
le chauffage électrique, bien plus cher
pour l’usager doivent être proscrites.
Bien sûr, cette mise aux normes ne doit
pas reposer sur les usagers.
Tout-routier : stop à l’asphyxie
Les transports représentent 40% des
gaz à effet de serre et sont le principal
facteur du réchauffement climatique.
Pourtant ils ne cessent d’augmenter. Il
faut donc stopper net les transports
inutiles et polluants, mais aussi réduire
le temps de transport entre habitation
et travail. C’est donc une révolution
culturelle sur la place des transports
dans notre société que la LCR souhaite
amorcer :
? en stoppant la logique des flux
tendus (marchandises en permanence
sur la route pour répondre aux «
besoins » immédiats des entreprises),
logique qui repose sur l’exploitation
des chauffeurs et génère un nombre
croissant d’accidents de la route,
? en taxant le kérozène des avions
comme l’essence des voitures. Les
vols de courtes distances deviendraient
moins rentables que le train
qui est beaucoup plus propre,
? en aménageant le territoire pour
permettre de se passer au maximum
de la voiture. Les fréquences et les
destinations des trains régionaux et
inter-banlieues doivent être
accrues ; pour cela, la SNCF doit
demeurer un service public de qualité,
non soumis à la concurrence et
ne devant pas répondre à des critères
de profit, notamment face aux
menaces qui pèsent sur le fret.
Climat : arrêtons les dégats
Toutes les études scientifiques convergent
pour démontrer la réalité du
réchauffement climatique consécutif à
l’accumulation de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère (surtout le CO2). La
multiplication d’événements météorologiques
extrêmes, tempêtes, canicules,...
semble indiquer que les bouleversements
ont d’ors et déjà bien commencé
: les conséquences d’un réchauffement
important seraient dramatiques
et meurtrières, à commencer pour les
habitants des pays du Sud mais pas
seulement. Le protocole de Kyoto, dont
la ratification aurait pu marquer une
étape positive, n’est cependant pas la
hauteur du problème : il ne prévoit
qu’une augmentation moins importante
(!) de la concentration de gaz carbonique
dans l’atmosphère. Or ce qu’il faut
viser c’est une chute des émissions de
60% d’ici 2050...
L’Europe et les États Unis portent une
responsabilité majeure dans cette
situation puisque l’accumulation des
émissions est le résultat de leur développement
depuis la révolution industrielle.
L’Europe rejette aujourd’hui 28%
des émissions de gaz à effet de serre.
Elle doit donc mettre en place un plan
très important de réduction de ces
émissions sans commune mesure avec
les mesures engagées :
? remplacement du pétrole et du
gaz par des énergies renouvelables,
? priorité au rail et à la voie d’eau
avec une limitation drastique de l’utilisation
de l’automobile et du
camion.
Au lieu de cela elle promeut un marché
des droits à polluer, nouvelle étape
dans la marchandisation de la planète, qui
permet aux pays et aux industries du Nord
de polluer en achetant aux pays du Sud des
quotas de pollution. Contrairement à ces
sordides marchandages, la reconnaissance
de la dette écologique du Nord envers le
Sud nécessite un transfert de technologies
propres, afin de permettre un développement
non polluant.
L’eau : un bien universel à (re)conquérir
85% des ressources en eau sont
consommées par 12% de la population
mondiale. Malgré le risque d’une crise
sévère au cours de ce siècle, l’eau n’échappe
pas à la marchandisation. A la
tête des marchands d’or bleu, les entreprises
françaises et européennes
(Ondéo, Véolia, Saur) colonisent ce
précieux liquide.
Les pollutions et les pénuries dues à l’agriculture
et à l’industrie, les besoins
grandissants des mégalopoles menacent
chaque jour un peu plus cette ressource.
L’Agriculture représente 70% de
la consommation mondiale d’eau, la
politique productiviste imposée par
l’OMC et la PAC (politique agricole commune)
est responsable de ce pillage,
aux conséquences écologiques et sociales
dramatiques. Pour cesser ce pillage
quelques mesures s’imposent. Pour cela
il est impératif de créer un réel service
public de l’eau à 3 niveaux d’organisation
: européen, national, et local.
Niveau européen :
– Arrêter la politique hyper productiviste
de la PAC pour une agriculture
respectueuse de l’écosystème et de
la biodiversité.
– Dénonciation du principe pollueur
payeur et mise en place d’une écotaxe.
Niveau national :
– Nationalisation des entreprises privées
Véolia, Ondéo, SAUR contre la
marchandisation de ce bien vital et
pour un statut unique des travailleurs
de l’eau.
– Création d’un Conseil National de
l’eau, pour assurer, la péréquation
du prix de l’eau sur le territoire, pour
un vrai service public de l’eau ainsi
que des normes anti-pollution.
Niveau local :
– Réaffirmer la responsabilité du
conseil municipal et du syndicat des
eaux qui doivent en assurer la gestion
(pas de délégation de service
public) pour un service public local.
– Création de collectifs composés de
représentants des usagers, qui
auront en charge le contrôle des
bassins hydrologiques, la perception
des éco-taxes agricoles et industrielles...
Le pétrole : ça pue, ça tue et ça pollue
La France dépend à 80% des énergies fossiles,
dont l’essentiel est importé, et qui
sont condamnées à terme. Or son mode
de consommation est caractérisé par un
gigantesque gâchis énergétique. La LCR
souhaite entreprendre une réelle révolution
énergétique :
? imposer des normes ambitieuses
aux constructeurs automobiles
(consommation -50% d’ici 2012),
notamment en limitant le poids et la
puissance des véhicules.
? développer la recherche et la production
des biocarburants, favoriser
les moyens de transports les moins
polluants (trains ,trams, vélos,...)
? taxer de manière progressive les
voitures à l’achat en fonction de leur
puissance
? aider les particuliers dans leurs
travaux immobiliers à choisir les
techniques les plus sobres énergétiquement
grâce à des subventions et
des conseillers en énergies non intéressés
à la production.
Pêche : qui sont les requins ?
Dans ce secteur comme dans d’autres, les
gros mangent les petits. La législation
européenne se sert de l’environnement
pour accélérer la concentration dans le
secteur de la pêche. S’il est vrai que les
stocks de poissons sont menacés, c’est
précisément à cause des gros chalutiers.
Or c’est eux qui vont profiter de la disparition
de petits pêcheurs. Imposons la
limitation de la taille des chalutiers et des
filets de pêche, ainsi que des quotas sur
les quantités de poissons pêchés.
Pas d’OGM dans nos assiettes, pas de campagnes sans paysans
Les modifications de la politique agricole
commune vont encore aggraver la
situation des petits paysans dans toute
l’Europe. Un système insensé de subventions
risque d‘accélérer la spéculation
au détriment de l’emploi agricole :
les plus riches pourront racheter des
terres et toucheront des rentes sans
même avoir à produire, alors que des
milliers de paysans ne pourront acquérir
la terre pour travailler.
De plus le
projet de constitution stipule que le
but de l’UE est « d’augmenter la productivité
agricole » (art.123 section 4),
alors qu’il devrait être d’assurer la souveraineté
alimentaire des états membres
et de défendre une agriculture paysanne
respectueuse de la terre et des
hommes.
La récente décision de la commission
européenne d’autoriser certains
OGM montre sa soumission aux lobbys
de l’agro-business. Pour mettre d’urgence
un terme à la folle fuite en avant du
productivisme agricole qui est aussi
nuisible pour les paysans que pour les
consommateurs, il faut :
? développer des aides pour maintenir
l’emploi, qui doivent être attribuées
en fonction de critères
sociaux et environnementaux et non
en fonction de la production
(actuellement, 20% des gros producteurs
se partagent 80% des aides !)
? Interdire les cultures d’OGM en
champ libre. Bannir les OGM de l’alimentation
humaine et animale.
? supprimer les subventions à l’exportation
qui ruinent les paysans du Sud,
? abolir le système pollueur-payeur
actuel qui ne frappe que les petites
exploitations et fait perdurer la pollution.
Le montant des taxes doit dissuader
les gros pollueurs de polluer.
Pour l’écologie : des mesures d’urgence incompatibles avec le néolibéralisme
D’autres rapports entre Nord et Sud, une
réforme agraire, un aménagement du territoire
qui résorbe les inégalités sociales et
spatiales, des industries non polluantes,
des biens universels comme l’eau et l’énergie
de qualité pour tous, des transports collectifs...
Ces propositions pour une écologie
100% à gauche ne peuvent se contenter
de l’ordre existant. Elles portent au
contraire en elles l’exigence d’une société
gérée collectivement par les populations
concernées, tant au niveau des entreprises
que des localités. Elles insistent aussi sur la
nécessité d’une recherche scientifique
ayant pour but de développer et de trouver
des solutions écologiquement durables
(actuellement seul 1 % de la recherche est
consacré à cet objectif). De plus elles sont
créatrices d’emploi ( dépollution, énergies
renouvelables, amélioration de l’habitat,
agriculture paysanne...) Enfin, elles portent
en elles une critique des besoins factices
créés par le harcèlement publicitaire.
Contre l’idéologie d’une croissance illimitée
et incontrôlée, nos propositions sont
nécessaires à l’amélioration de l’environnement
des populations ; à court terme, elles
vont devenir vitales.
LCR, Commission nationale écologie
2 rue Richard Lenoir 93100 Montreuil
Tel : 01 48 70 42 30
Site : www.lcr-rouge.org, e-mail
lcr-cne laposte.net