Aujourd’hui, la crise du chiraquisme, la compétition Villepin-Sarkozy, le poids électoral de l’extrême droite et la volonté des leaders de la majorité UMP de chasser sur ses terres donnent des ailes aux courants les plus réactionnaires des parlementaires. Depuis plus d’un an, nous assistons à la multiplication d’expressions nauséabondes. L’adoption de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le rôle positif de la colonisation, qui flirte allégrement avec le négationnisme historique, et la campagne lancée contre le rap par 152 députés et 49 sé-nateurs, pour répondre à la révolte des banlieues, sont les résultats les plus spectaculaires de ces débordements de droite.
La loi du 23 février 2005, qui a été adoptée sans débat par seulement 40 députés avec le soutien tacite des députés PS - qui tentent aujourd’hui de s’en démarquer -, a suscité la protestation des historiens. Ces derniers ont refusé de se voir dicter une histoire officielle qui, pour le coup, est une négation de l’analyse de ce qu’a été la colonisation : le pillage des richesses du monde, l’occupation militaire et l’asservissement des peuples, pour le plus grand profit de quelques-uns. Parler aujourd’hui du « rôle positif » de la colonisation est une insulte aux luttes d’indépendance des peuples qui l’ont subie et à la mémoire de ceux qui ont refusé la domination.
La protestation des historiens, des associations et des partis, a connu un pic, en décembre dernier, à l’occasion du voyage raté du ministre de l’Intérieur aux Antilles : Sarkozy fut interdit de séjour comme un vulgaire Le Pen ! Le camouflet est à la mesure de la mobilisation du peuple des Antilles et provoque du vague à l’âme dans le gouvernement. Et, depuis, c’est rond de jambes et déclarations pour tenter de rattraper la situation. Toutes les tentatives sont bonnes pour effacer le scandale : de la commission d’études à l’hypothèse de réécriture de la loi. Mais la loi n’est pas abrogée et tous les discours s’arrêtent là.
L’anniversaire de la loi arrive le 23 février. Il est indispensable de se mobiliser pour effacer cette honte. Un collectif très large s’est constitué. Il revendique l’abrogation de toute la loi, et non pas du seul article 4, et il appelle, le 23 février, à un rassemblement à proximité de l’Assemblée nationale.
Surtout, le collectif appelle à manifester le 25 février, place de la République à Paris, à 14 heures, en direction du pont Saint-Michel, lieu où une plaque a été posée en souvenir des massacres du 17 octobre 1961 perpétrés par la police française contre les Algériens qui manifestaient contre le couvre-feu qu’ils subissaient. Histoire de rappeler le vrai visage de la colonisation...