Montreuil - Violences policières
Communiqué Solidaires 93 Montreuil
Ce soir, lundi 13 juillet 2009, était organisée à Montreuil une manifestation pacifique en réaction aux violences policières dont a été victime Joachim GATTI le 8 juillet 2009. Joachim a perdu un œil par un tir de flashball de la police. Il participait à une manifestation pacifique Croix de Chavaux, suite à l’expulsion de « la Clinique » le matin même par la police.
Suite à ces violences, une manifestation a été organisée, rassemblant environ 500 personnes de tous âges, à 19 heures ce soir. Un dispositif policier impressionnant a été mis en place. Lorsque la manifestation se dirigeait vers le marché, la police a pris en étau les manifestants.
Nous, membres de Solidaires, avons été témoins d’une charge violente (chaises volant, matraquages violents, tirs tendus de gaz lacrymogènes…).
Nous avons été témoins d’arrestations violentes. Nous avons été témoins de l’arrogance de certains policiers et d’une charge inacceptable d’une simple manifestation.
Mais nous avons aussi été témoins de saines réactions d’habitants de Montreuil, demandant aux policiers et gendarmes mobiles des comptes sur leurs actions.
Nous dénonçons les violences policières qui ont émaillé la vie de notre ville ces deux semaines.
Nous demandons la libération immédiate des manifestants arrêtés.
Nous demandons au Préfet de Seine Saint Denis de rappeler sa police à l’ordre et à la mesure.
Nous demandons l’interdiction des flashball et taser.
Montreuil, le 13 juillet 2009
Un journaliste stagiaire du « Monde » placé en garde à vue
Une manifestation était organisée en fin d’après-midi lundi 13juillet à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les « violences policières » après qu’un jeune réalisateur de 34 ans, Joachim Gatti a été sérieusement blessé à l’œil le 8 juillet. Après avoir essuyé des tirs de fusées de feu d’artifice dans leur direction, les forces de l’ordre ont dispersé cette manifestation sans ménagements. La maire (Verts) de Montreuil, Dominique Voynet a dénoncé une « démonstration de force totalement inutile » de la part de la police.
Adrien Morin, stagiaire à la rédaction du Monde, qui couvrait la manifestation, a été interpellé et placé en garde à vue, malgré le fait qu’il ait mentionné à plusieurs reprises sa qualité de journaliste. Voici son récit : « J’ai été interpellé vers 21 h 15. La manifestation était en train de se disperser, j’ai soudain été plaqué au sol et j’ai entendu un policier dire : “Toi aussi, tu viens avec nous”. Ils m’ont attaché les mains dans le dos. J’ai répété à plusieurs reprises que j’étais journaliste, mais ils n’écoutaient pas. Dans le fourgon, il y avait trois policiers qui traitaient les deux manifestants interpellés avec moi de »sales gauchos".
Nous sommes arrivés au commissariat de Montreuil et nous avons été regroupés à onze dans une petite pièce de quatre ou cinq mètres carrés.Ils nous ont envoyés dans une salle de fouille où il y avait deux policiers : nous avons été déshabillés, caleçon sur les genoux, et fouillés, ils nous ont enlevé nos lacets et celui qui tenait mon pantalon de jogging et ils nous ont pris nos montres. J’ai redit que j’étais journaliste mais ils n’ont rien répondu.
Nous avons été placés à cinq dans une salle de garde à vue avec deux caméras au plafond et des graffitis sur les murs peints avec du sang et des excréments. Il était sans doute 23 heures, nous n’avions rien mangé ni bu. Nous avons été transférés vers le dépôt de Bobigny, menottés dans le dos. J’ai redit que j’étais journaliste mais personne ne m’a répondu.
Au dépôt, les policiers m’ont proposé de voir un avocat : j’ai rencontré Dominique Tricaud, dans une pièce à part, sans caméras, sans policiers. C’était la première fois que quelqu’un m’écoutait. J’ai ensuite été convoqué par un policier qui m’a dit : « Si tu es le petit gentil du lot, ils ne vont pas te laisser partir comme ça. » Pendant l’interrogatoire, le policier disait que j’avais un casque lors de l’interpellation, ce qui était faux. J’ai vu une deuxième fois l’avocat, qui m’a dit qu’il avait fait son possible auprès du procureur et qui m’a un peu remonté le moral. Je suis sorti à 6 heures 30 du matin."
* Article paru dans l’édition du 15.07.09. LE MONDE | 14.07.09 | 11h31.
Dominique Voynet dénonce la démonstration de force de la police à Montreuil
250 à 300 personnes ont protesté, lundi soir, contre l’expulsion mercredi dernier de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un homme a perdu un œil à la suite d’un tir de Flash-Ball par les policiers.
A lendemain des affrontements qui ont opposé manifestants et policiers dans sa ville, Dominique Voynet, maire de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dénonce sur France Info, mardi 14 juillet, « une démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre ». Entre 250 et 300 personnes ont protesté, lundi soir, contre l’expulsion mercredi 8 juillet de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un homme a perdu un œil à la suite d’un tir de Flash-Ball par les policiers.
Pour Mme Voynet, la « manifestation dans laquelle la tension était palpable, dans laquelle aucune violence n’a été commise », a « été dissoute assez violemment par les forces de l’ordre ». Elle ajoute que les policiers « ne se sont pas contentés de séparer les manifestants » mais ont « plaqué violemment un bon nombre d’entre eux contre les murs » et « les ont frappés à coups de matraque » et « arrosés de gaz lacrymogène, devant des habitants de la ville totalement stupéfaits et effarés ».
Reconnaissant que « certains manifestants étaient venus avec l’envie d’en découdre » mais qu’« ils étaient une toute petite minorité », Dominique Voynet estime que « c’est le métier des policiers de séparer la grande masse des manifestants pacifiques et de faire en sorte de cantonner les personnes qui pourraient être tentées d’en faire plus. Il se trouve que ça n’a pas été le cas ». L’ordre de dissoudre la manifestation, qui « apparemment venait d’en haut », est « arrivé à un moment où les manifestants étaient totalement pacifiques et tranquilles », a-t-elle dit.
* AFP | 14.07.09 |
Montreuil : Voynet met en cause la police
La maire dénonce une « démonstration de force inutile » au lendemain des affrontements qui ont éclaté lundi soir à Montreuil, 24 heures après qu’un homme a été atteint au visage par un tir de flashball.
Dominique Voynet, maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), a dénoncé mardi de la part de la police « une démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre », au lendemain des affrontements qui ont opposé manifestants et policiers dans sa ville.
Entre 250 à 300 personnes protestaient lundi soir contre l’expulsion mercredi dernier de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un homme affirme avoir perdu un oeil à la suite d’un tir de flashball par les policiers.
Un premier face à face tendu s’est produit entre forces de l’ordre et manifestants, non loin de la mairie, durant lequel ces derniers ont tiré à l’aide de mortiers de feu d’artifices et de fusées en direction des gardes mobiles qui n’ont pas répliqué.
Dans un souci d’apaisement, les organisateurs de la manifestation ont cherché à modifier le parcours pour éviter que le face à face ne se prolonge, repartant vers la Croix de Chavaux. Un nouveau face à face s’est produit peu avant 21h00 au niveau du marché de la Croix de Chavaux, forces de l’ordre et manifestants se trouvant de part et d’autres.
Gaz lacrymogènes
Les forces de l’ordre ont alors chargé la queue de la manifestation, entraînant la réplique de nombreux manifestants par des jets de projectiles, de chaises et de peinture. Les gardes mobiles ont par la suite chargé à plusieurs reprises, faisant également usage de gaz lacrymogènes et procédant à diverses interpellations, une vingtaine selon le site Rue89.
Pour Dominique Voynet (Verts), interrogée sur France Info ce mardi, la « manifestation dans laquelle la tension était palpable, dans laquelle aucune violence n’a été commise » a « été dissoute assez violemment par les forces de l’ordre ».
Elle a ajouté que les policiers « ne se sont pas contentés de séparer les manifestants » mais ont « plaqué violemment un bon nombre d’entre eux contre les murs » et « les ont frappés à coup de matraque » et « arrosés de gaz lacrymogène, devant des habitants de la ville totalement stupéfaits et effarés ».
« Enquête indépendante »
Reconnaissant « que certains manifestants étaient venus avec l’envie d’en découdre » mais « qu’ils étaient une toute petite minorité », Dominique Voynet a estimé « que c’est le métier des policiers de séparer la grande masse des manifestants pacifiques et de faire en sorte de cantonner les personnes qui pourraient être tentées d’en faire plus. Il se trouve que ça na pas été le cas ».
L’ordre de dissoudre la manifestation, qui « apparemment venait d’en haut », est « arrivé à un moment où les manifestants étaient totalement pacifiques et tranquilles », a-t-elle dit.
Elle a demandé une « enquête indépendante » pour « permettre de dire exactement s’il y eu des violences, quelles étaient ces violences ».
« Je ne pense pas pour ma part qu’elles venaient des manifestants, elles venaient surtout des policiers », a-t-elle ajouté, en indiquant qu’elle allait saisir la commission nationale de déontologie de sécurité.
Pas de blessés
A la question de savoir si la manifestation avait été autorisée, la maire de Montreuil a reconnu que la manifestation n’avait pas été déclarée et qu’elle ne pouvait pas « être considérée comme explicitement autorisée ».
Toutefois, a-t-elle dit, « à ma connaissance, elle n’était pas non plus interdite, donc la liberté de manifester son opinion devait être respectée ».
Elle a enfin mis en cause le comportement du directeur départemental de la sécurité publique qui, interpellé par des habitants, aurait rétorqué : « si vous n’êtes pas contents, il faut être conscient du fait qu’en Iran, on tire sur des gens ».
Selon Mme Voynet, il n’y a pas eu de blessés lors de ces affrontements et douze personnes ont été interpellées, « un peu au hasard » dont « un journaliste du Monde », puis remises en liberté.
Le Parti Socialiste a demandé pour sa part lundi que l’Inspection générale des services (IGS) de la police et la Commission nationale de déontologie de la sécurité « puissent faire toute la lumière » sur ce « grave incident ».
(Source AFP)
* Paru sur Libération.fr