La crise sociale qui frappe le pays depuis plusieurs semaines vient de prendre une tournure inquiétante qui pourrait se révéler même dramatique dans les jours et les semaines à venir tant les propos gravissimes tenus hier (lundi 3 août) par le Délégué du Gouvernement peuvent avoir des effets dévastateurs dans l’opinion et entraîner des réactions en chaîne aussi imprévisibles qu’incontrôlées.
En effet, alors que le Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie faisait preuve d’une certaine retenue en appellant les différentes parties à « raison garder » et à reprendre la voie du dialogue, Yves Dassonville a clairement choisi quant à lui l’option d’attiser le feu de la confrontation en se livrant à une véritable déclaration de guerre et en appellant voire en encourageant ouvertement la population à se dresser contre l’USTKE, à commencer par la frange la plus réactionnaire du patronat local. Nonobstant quelques précautions de langage, le message délivré par le chef de milice qui a élu domicile au Haussariat s’est voulu clair et sans ambiguïtés : je fais tous les jours ma part du boulot en gazant, en matraquant et en emprisonnant les militants et les responsables de l’USTKE, à vous maintenant de faire le vôtre !
Ces propos nauséabonds, à forts relents séditieux et factieux, outre qu’ils sont constitutifs d’un délit d’incitation à la haine, sont d’autant plus scandaleux qu’ils émanent d’un représentant de l’Etat censé être le garant de la loi et de l’ordre. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit ici ni de dérapage verbal, ni de maladresse ou de bavure de langage, mais bien au contraire d’un acte de provocation parfaitement calculé. Dassonville ne fait qu’appliquer à la lettre la feuille de route que lui a fixé Sarkozy et Fillon : casser l’USTKE, et plus généralement casser du kanak, et à plus long terme contenir par tous les moyens, par la répression voire la confrontation intercommunautaire si besoin, la poussée de la force politique qui monte dans le camp indépendantiste, à savoir le Parti Travailliste.
L’erreur serait justement de prendre ces propos à la légère ou de les mettre sur le compte d’une simple logique de communication. Comme par hasard, nous venons d’apprendre que le commandant de la brigade de gendarmes mobiles de Koné vient de faire savoir aux responsables USTKE du Nord qu’en cas de nouveaux affrontements ses troupes auraient pour consigne de riposter à balles réelles. Menaces en l’air ? Pas sûr. Le 26 mai 1967, en Guadeloupe, une simple manifestation d’ouvriers du bâtiment en grève a fini en massacre et en bain de sang. Bilan : plusieurs centaines de guadeloupéens tués « à coup de balles réelles » par les gendarmes français et la milice aux ordres et sur instructions du préfet Pierre Bollotte. Et comme par hasard, sur les antennes de RRB ce mardi 4 août à midi, un porte-parole des patrons de Ducos a affirmé en direct que les patrons avaient reçu du Délégué du Gouvernement en personne l’aval pour bloquer Ducos ! Fanfaronnade ? Voire.
Sous couvert de menaces et d’outrances verbales – l’USTKE, à l’instar des talibans ou de la Camorra napolitaine, « terroriserait » le pays depuis des années (!) – qui s’inscrivent dans une stratégie menée de longue date de criminalisation de l’action syndicale de l’USTKE, Dassonville, en montant d’un cran dans la provocation, cherche surtout à préparer psychologiquement l’opinion à un net durcissement de la politique de la matraque, à justifier à l’avance toutes les dérives répressives exercées à l’encontre de l’USTKE, qu’elles viennent des forces de polices ou des secteurs de la population qui doivent avoir le courage, dixit Dassonville, de ne plus se laisser intimider par l’USTKE.
Pour nous Parti Travailliste de Kanaky, Yves Dassonville n’est qu’un dangereux provocateur, un fauteur de troubles patenté. Cet homme là n’est tout simplement pas à la hauteur de la situation, il n’a aucune qualification pour traiter des graves problèmes que connaît actuellement le pays, et il cherche à compenser son incurie et son incompétence par une posture d’homme à poigne. On a connu par le passé, aussi, quelques grands commis de l’Etat qui avait de la consistance, du style, et un certain sens de l’Etat et de la République. Yves Dassonville ne fait manifestement pas partie de cette catégorie. Nous disons qu’il n’a plus rien à foutre en Kanaky, si tant est qu’il se soit jamais rendu utile une seule fois pour ce pays. Monsieur Sarkozy, il est plus que grand temps de rapatrier votre énergumène et de le réaffecter ailleurs…en Corse pourquoi pas !
En tout état de cause, nous disons que Gouverneur, par ses propos indignes et ses tentatives de dresser les citoyens les uns contre les autres, porte l’entière responsabilité de la situation si celle-ci venait demain à s’aggraver. Quant aux patrons de Ducos qui seraient tentés d’en découdre, nous leur rappellerons simplement l’épisode de la FPME qui s’était ouvertement engagée à mettre définitivement fin « aux agissements de l’USTKE ». Que sont devenus les forts en gueule, les Descombels, Nicole Andréa, Patricia Van Ryswick et consorts ? Qu’est devenue la FPME ?
Aux milliers de militants et de sympathisants que comptent l’USTKE et le Parti Travailliste dans toute la Kanaky, nous leur disons de rester mobilisés, de faire preuve de discipline dans la mise en pratique et le suivi des mots d’ordre, d’éviter de répondre à toutes les formes de provocation, et enfin de se tenir prêts à faire face à toute éventualité. Et qu’ils se le disent : les Dassonville aboient et passent, nous nous restons, et nous serons toujours là.
En dernier lieu, le Parti Travailliste tient à saluer l’engagement de l’Union Calédonienne, de l’UCR, du SLUA, de Rhéébù Nùù, des étudiants et des associations de quartier au sein du Collectif pour la Défense des Droits et Libertés et la Libération des syndicalistes emprisonnés et adresse ses respects au trois courageux membres du Gouvernement qui ont apporté leur soutien.
L’Unité nécessaire se construit tous les jours surtout dans les périodes de difficulté.
Nouméa, le 04 août 2009
Louis Kotra Uregei
Président du Parti Travailliste
Communiqué de Presse du Parti Travailliste
Suite à la réunion de son Bureau Politique le dimanche 19 Juillet 2009 à Nouméa, le Parti Travailliste réaffirme sa solidarité totale avec l’USTKE et ses responsables emprisonnés dont le Président Gérard JODAR.
Le Parti Travailliste dénonce une nouvelle fois avec la plus grande fermeté la criminalisation de l’action syndicale et de l’exercice du droit de grève dans notre pays par l’appareil judiciaire, bras armé du colonialisme car sous couvert de décisions dites de justice, l’état colonial français se permet d’arrêter à l’audience et jeter en prison des délégués, des dirigeants et le Président d’un syndicat tous pères de famille pour des faits qui ne sont ni criminels, ni terroristes mais pour des actions « d’entrave à la circulation d’un aéronef » !
Personne pourtant n’a oublié que ce même appareil judiciaire a acquitté les tueurs de Hienghène ou n’a jamais poursuivi les délinquants en col blanc mis en cause dans des rapports divers y compris de la Chambre Territoriale des Comptes !
A travers cette parodie de justice digne de pays totalitaire, l’état colonial français veut mettre à genoux et museler la seule organisation syndicale indépendantiste membre fondateur du FLNKS en 1984 et signataire des Accords Oudinot prolongement des Accords Matignon et qui s’inscrit résolument pour l’accession à l’Indépendance du Pays Kanak colonisé en 2014.
Le Parti Travailliste exige le respect des droits fondamentaux de l’Homme et des libertés en Kanaky et demande la libération immédiate des syndicalistes emprisonnés.
Le Parti Travailliste appelle tous ses militants et sympathisants à rester vigilants et à l’écoute de toute suite que le Parti donnera pour soutenir toute initiative allant dans le sens d’une véritable justice dans notre Pays et qui doit passer inéluctablement par une libération sans tarder de nos camarades.
A Nouméa le 19 Juillet 2009
Le Président du Parti Travailliste
Louis Kotra UREGEI