Camarades,
Des femmes, détenues seulement pour avoir commis la singulière offense
d’être trop pauvres pour s’offrir les honoraires chargées pour mettre
au monde des enfants, sont restées détenues indéfiniment à l’hôpital.
La maternité Pumwani, l’hôpital de référence au Kenya, est connu non
seulement pour retenir les femmes, mais aussi pour mettre les femmes
détenues dans des conditions qui correspondent à de la torture
volontaire.
Des membres du Réseau Kenyan d’Organisations de base ont, depuis 2007,
surveillé la maternité Pumwani et se sont mobilisés pour la libération
des indigentes retenues. KENGO fait des contrôles périodiques réguliers
tous les 3 mois et a été très déçu de constater que malgré nos efforts,
les femmes continuent à être détenues indéfiniment à l’hôpital. Rien
n’a changé et rien ne changera sauf si –en solidarité avec les femmes-
vous rejoignez nos efforts pour sauver les détenues et mettre fin aux
pratiques de détention des femmes dans les hôpitaux.
Quand nous avons visité l’hôpital hier (le 3 août 2009), nous avons
trouvé des douzaines de femmes retenues illégalement – certaines
étaient détenues depuis mi-juin ! Si cruelle est l’administration de
cet hôpital que même les femmes dont les bébés meurent pendant
l’accouchement sont détenues dans l’hôpital et sont soumises à la
torture psychologique de devoir non seulement traiter leur chagrin
d’avoir perdu un bébé, mais d’avoir à le faire en compagnie de mères
qui s’occupent de leurs nouveau-nés. On dénie ces femmes de leur droit
d’enterrer leurs bébés morts décemment et elles sont forcées de donner
leurs bébés à enterrer au hasard et anonymement par l’hôpital.
En plus, les femmes détenues racontent qu’elles endurent un traitement
pour malades pendant qu’elles sont à l’hôpital. Elles sont nourries en
dernières, après que tous les patients payant aient mangé et même là,
on leur donne une nourriture insuffisante. Le résultat est la sous
alimentation des femmes qui allaitent fait qu’elles ne peuvent pas
produire suffisamment de lait pour nourrir leurs bébés, les bébés
deviennent mal nourris, perdent du poids et deviennent malades et
seulement à ce moment, l’hôpital donne des suppléments aux bébés. Le
régime alimentaire de l’hôpital consiste en :
Petit déjeuner (7h-8h30) : 2 tranches de pains et une tasse de thé.
Déjeuner (14h-15h) : Riz / Ugali (bouillie de farine de maïs) et chou..
Une petite portion de viande est servie 3 fois par semaine.
Diner (19-20h) Riz / Ugali et chou ou haricots.
Fruits : une banane ou orange est servie une fois par semaine, le
mercredi.
Camarades, pour les femmes qui doivent nourrir leurs bébés
exclusivement de lait maternel, la nourriture fournie n’est pas
adéquate. Ce n’est pas un régime équilibré et ça ne favorise pas la
production de lait. Chez elles, les femmes peuvent manger des plats
traditionnels et des légumes qui augmentent la production de lait et
permettent aux femmes de retrouver vite leurs forces.
Les détentions indéfinies ont pour but d’être dissuasive ; l’hôpital
soutient que s’il ne garde pas les femmes, elles seront incapables de
collecter auprès d’autres de quoi payer les frais. Donc, les femmes
pauvres sont punies pour qu’elles aient les moyens de payer les frais.
Une position ridicule, illogique et inhumaine – particulièrement en
considérant que toutes les femmes paieraient pour sortir de l’hôpital
si elles pouvaient ! En fait, la semaine dernière, des femmes détenues
en ce moment ont payé la petite somme qu’elles pouvaient et sont
toujours détenues aujourd’hui.
La maternité Pumwani était un travailleur social (public ?). Cependant,
la décision de supprimer les honoraires prise par un « Comité de
Suppression » qui, sans date fixe, est convoqué au hasard par le
Secrétariat de l’Hôpital. Le Comité de suppression devait se tenir le
31 juillet 2009, mais sans explication, ça n’a pas eu lieu. Une source
de l’hôpital a dit que le comité sera convoqué dans la semaine. Nos
suspicions sont que le comité ne prend pas au sérieu son mandat, le
résultat est que des femmes sont détenues depuis le 14 juin 2009, sept
semaines entières !
Invraisemblable ? Devez-vous penser, mais ce n’est pas la plus longue
période de détention qu’on nous a rapporté. Dans le passé, nous avons
trouvé une femme qui a été détenue pour plus longtemps, plus de 12
semaines.
La maternité de Pumwana est entretenue par le Conseil de la Ville de
Nairobi. C’est l’hôpital de référence, les patients de tous les autres
hôpitaux et maternité de la ville y sont envoyés quand on suspecte des
complications. Le coût d’un accouchement normal est seulement de 20
Shiling Kenyans ce qui est généralement abordable. Cependant quand
elles sont envoyées à la maternité Pumwani, les femmes pauvres doivent
payer 3 400 Shillings Kenyans (environ 40 $US). Les services sont
exactement les mêmes mais le prix coûte 170 fois le prix habituel !
Quand les complications requièrent une césarienne, le prix peut monter
à 15 000 Shiling Kenyans (environ 200 $ US) ce qui est impensable pour
les femmes pauvres dont la famille vit avec moins de 1$ par jour (56%
des Kenyans vivent en dessous du seuil de pauvreté qui est de 1$ par
jour).
La liste suivante comporte les noms des femmes actuellement détenues à
la maternité de Pumwani avec la date de detention, la nature de
l’accouchement (avec ou sans césarienne), le sexe de l’enfant et les
honoraires payés si il y en a.
FEMMES DETENUES A PUMWANI LE 3 AOUT 2009
NOM DE LA FEMME / ACCOUCHEMENT / SEXE DU BEBES / HONORAIRES PAYES
(KShs) / DATE DE DETENTION
1. Caroline Mbula Normal Garçon — June 14, 2009
2. Sarah Avuyanza Normal Garçon — June 19, 2009
3. Ruth Josephine Normal Garçon — June 20, 2009
4. Mercy Kendi Normal Garçon — June 23, 2009
5. Alice Nyambura Normal Garçon — June 25, 2009
6. Jellius Mugure Césarienne Garçon — June 25, 2009
7. Lucy Mwikale Normal Fille 1,200 June 25, 2009
8. Agnes Kateve Normal Fille — June 27, 2009
9. Joyce Wanja Normal Garçon — June 28, 2009
10. Miriam Nzembi Normal Garçon 1,000 June 29, 2009
11. Faith Loko Normal Garçon — June 27, 2009
12. Tabitha Wangari Césarienne Fille 2,500 Juillet 3, 2009
I3. 1rene Afande Césarienne Fille 8,000 Juillet 3, 2009
14. Rose Atieno Normal Garçon — Juillet 5, 2009
15. Monica Kalondu Normal Still Born — Juillet 5, 2009
16. Alice Akinyi Normal Garçon — Juillet 5, 2009
17. Janet Nduko Normal Fille — Juillet 6, 2009
18. Beatrice Adhiambo Césarienne Garçon — Juillet 7, 2009
19. Violet Makokha Normal Fille — Juillet 8, 2009
20. Beatrice Atieno Normal Fille 500 Juillet 9, 2009
21. Shindash GurachaNormal Garçon — Juillet 9, 2009
22. Catherine Musamu Normal Fille — Juillet 9, 2009
23. Edna Waithera Normal Garçon — Juillet 9, 2009
24. Hani Ahmed Normal Garçon --- Juillet 9, 2009
25. Joyce Achieng Normal Fille — Juillet 10, 2009
26. Judith Wanjiku Normal Garçon — Juillet 12, 2009
27. Judy Mwihaki Normal Fille — Juillet 13, 2009
28. Melon Kemunto Normal Still Born — Juillet 13, 2009
29. Nancy Wambui Normal Garçon — Juillet 14, 2009
30. Catherine Mutheu Normal Garçon — Juillet 15, 2009
31. Salome NyangwesoNormal Fille — Juillet 16, 2009
32. Melisa Atieno Normal Fille — Juillet 17, 2009
33. Grace Wanja Normal Garçon 1,000 Juillet 18, 2009
34. Rose Kanini Normal Garçon 400 Juillet 25, 2009
Camarades, nous intervenons à la maternité Pumwani depuis 3 ans
aujourd’hui et nous sommes très désappointés face au peu de
changements. La situation est devenue plus désespérante encore avec
l’administration de l’hôpital qui montre constamment son manque de
bonne foi. Les femmes détenues sont seulement relâchées quand nous les
visitons et nous ne sommes pas capables de faire des visites aussi
fréquemment que nous le souhaiterions pour assurer la conformité. Il
est temps de prendre en considération une action plus énergique.
Si la pratique de détenir des femmes pauvres dans les hôpitaux ne prend
pas fin, nous allons intenter une action directement contre l’hôpital
et le gouvernement kenyan. Nous avons besoin de votre soutien pendant
ces interventions. Nous avons en tête les actions suivantes :
1. Des actions non-violentes à la maternité Pumwanien solidarité avec
les femmes détenues incluant des nuits de surveillance à la bougie à
l’hôpital, grèsves de la faim et autres actions symboliques.
2. campagnes auprès des donateurs de fonds du gouvernement pour qu’ils
suspendent leurs donations tant que les détentions continuent. Beaucoup
de projets de santé sont financés par les gouvernements étrangers, vous
pouvez nous aider en exerçant une pression sur vos gouvernements et
leur demander de demander que la détention des patients soit stoppée
sous peine de suspension de leurs aides. Ca serait nous donner une
méthode utile pour assurer nos actions.
3. instituer un procédé légal requis pour garantir les droits dans la
maternité pour les nouveau-nés et leurs mères. Cela nous servirai de
ressource pour activer les poursuites contre les hôpitaux qui
continuent à détenir des patients de manière illégale, ce qui est
criminel et chercher un moyen de compensation pour les femmes. Si cela
est un succès, le coût pour payer le préjudice doit être légiféré comme
un moyen de dissuasion pour que les hôpitaux cessent ces pratiques
inhumaines.
Nous sommes en train d’identifier les différents donateurs en soins de
santé dans le pays et vous relayerons l’information pour des actions
prochaines dès que ça sera possible.
Nous vous remercions pour votre soutien et solidarité et espérons que
vous allez prendre un moment pour relayer cette information pour les
femmes pauvres qui sont sans voix et qui continuent à subir les
conséquences de l’extrême pauvreté créée par les politiques du
gouvernement qui facilite corruption, pillage et impunité.
Les 34 détenues et leurs beaux bébés représentent l’avenir de notre
pays. Aidez-nous à faire un futur digne, égalitaire, libre et juste.
Aidez-nous à retrouver espoir. Agissez – MAINTENANT ! Que pouvez-vous
faire pour nous aider ?
1. Demandez la relaxe immédiate des femmes détenues et l’arrêt complet
des pratiques de détention illégales des femmes pauvres dans les
hôpitaux kenyans.
2. Ecrivez à Mr Mwai Kibaki, Président et Mr Raila Odinga, Premier
Ministre, pour leur demander des SERVICES DE MATERNITE GRATUITS pour
toutes les femmes dans les hôpitaux gouvernementaux. Comme les
programmes présidentiels des candidats Kibaki et Raila promettaient des
soins de maternité gratuits pour toutes les femmes. Ils sont
aujourd’hui en position d’influence et n’ont pas d’excuses pour ne pas
faire les choses promises.
3. Ecrivez au ministre des Services médicaux, professeur Anyang Nyong
et demandez lui qu’il délivre immédiatement une directive pour tous les
hôpitaux gouvernementaux d’arrêt du système de torture des kenyans
pauvres détenus indéfiniment pour cause de non paiement des exorbitants
frais médicaux. De plus, demandez que le ministre soit présent pour le
débat sur une Loi de Sécurité Sociale Nationale qui assurera des
services de santé étendus à tous les Kenyans. Par ailleurs, demandez
que le ministre des Services Médicaux écrive au surintendant de la
maternité Pumwani pour lui ordonner l’arrêt immédiat des pratiques
illégales de détention des femmes pauvres à l’hôpital. Qu’il lui
demande aussi qu’il s’assure que le Secrétariat de l’hôpital convie,
sans fautes, le Comité de suppression DEUX FOIS PAR MOIS, comme requis
pour que le comité puissent rendre effective la sortie des femmes dans
un temps raisonnable.
Envoyez un mail ou un fax aux adresses suivantes :
1. President Mwai Kibaki, president statehousekenya.go.ke
2. Premier ministre Raila Odinga, info primeminister.go.ke,
ps primeminister.go.ke
3. Ministre des Services Médicaux, Prof. Anyang’ Nyong’o ,
enquiries health.go.ke Fax : +254-20-2713234
Camarades, dans le passé votre solidarité et vos actions ont fait la
différence. Maintenez cette flamme allumée où vous pourrez.
Meilleures pensées à chacun et à vous tous,
Wangui Mbatia
Kenya Network of Grassroots Organisations (KENGO)
Shimo La Tewa Road, Off Lusaka Road, Industrial Area
P.O. BOX 22708-00100
NAIROBI, KENYA
TEL : + 254(0)20 3561313
+ 254(0)20 2351383
+ 254(0)722 747575
FAX : +254(0)20 2351341
Web Site : http://www.kengonetwork.org
Alternate Email : info kengonetwork.org