Un 20e suicide a eu lieu hier matin à l’Unité d’interven- tion technique de Besançon. L’émotion est importante.
Sud-PTT
Ce matin, une centaine de salariés sont rassemblés sur le site, en présence du directeur territorial descendu de Strasbourg. La direction a dépêché de Paris une cellule psychologique.
Ci-dessous nos communiqués et tracts, le communiqué de l’observatoire du stress et des mobilités forcées à FT sur le suicide de Marseille et la lettre ouverte à Lombard. Un courrier est également adressé aux autres fédérations syndicales pour permettre aux salariés de s’exprimer.
Lettre ouverte au président de France Telecom
Monsieur le président de France Télécom,
Dans la nuit du 13 au 14 juillet notre collègue Michel D. s’est donné la mort.
Dans la lettre qu’il a laissée, il identifie clairement, incontestablement, sa situation professionnelle comme la seule et unique cause de cet acte définitif.
Le discours « rodé » de l’entreprise sera probablement, une fois de plus de dire qu’un suicide n’est jamais un acte simple, que les causes en sont multiples, laissant par là entendre que la personne était peut-être « fragile ».
Hormis le fait que cette vision des choses est une manière assez lâche de fuir et de nier ses responsabilités, dans le cas présent, en contestant ses derniers écrits, elle serait une insulte à la mémoire de notre collègue et à la douleur de sa famille.
Monsieur le Président, cette mort est la conséquence directe de la politique RH menée par FT.
Les réorganisations, les restructurations, les externalisations, les concentrations, permanentes, sans lisibilité, sans justifications autres que l’éculé « il faut savoir s’adapter », la casse des cohésions professionnelles, la perte de confiance dans la pérennité de son emploi, de son métier, de son site de travail, les menaces à peine voilées de délocalisation, la marginalisation, la culpabilisation de ceux qui n’y arrivent plus, tout ce climat malsain crée une angoisse profonde qui met gravement en danger la santé morale des femmes et des hommes de FT, de ce matériel humain dont vous êtes responsable.
Monsieur le Président il est extrêmement urgent de revoir cette politique, un de vos prédécesseurs avait brandi le concept « client au cœur, personnel au centre ». Il est grand temps de mettre de la réalité derrière ce slogan. Monsieur le Président, relâchez la pression sur le personnel, redonnez du sens, de la lisibilité, cessez cette agitation permanente que vous appelez pompeusement du nom d’évolution.
Monsieur le Président vous avez à cœur de donner à l’extérieur une image positive de FT, il serait dramatique que cette « belle image » ne soit périodiquement ternie par le décès d’un de vos collaborateurs.
Monsieur le Président, demain matin nous reprendrons le chemin du travail, ce sera sans Michel D.
Les collègues et amis de Michel D. ont décidé de faire une lettre ouverte à Didier Lombard, Pdg de France Télécom. Elle a été signée par les secrétaires des deux CHSCT de l’UPR Sud-Est. Celle-ci a déjà été diffusée, photocopiée, pétitionnée, envoyée par mail à qui de droit.
Pour signer : http://lettreaupdg.rezisti.org/
Communiqué Sud-PTT
Communiqué de presse Secteur télécom - 12 août 2009
Un 20e suicide a eu lieu
hiermatin à l’Unité d’interven-
tion technique de Besançon.
L’émotion est importante. Ce
matin, une centaine de salariés
sont rassemblés surle site, en
présence du directeur territorial descendu de Strasbourg. La
direction a dépêché de Paris une
cellule psychologique.
Nicolas G. était technicien à
l’Unité d’Intervention Bourgogne-
Franche-Comté sur le site de Be-
sançon. Il avait 28 ans et s’est sui-
cidé chez lui le matin du 11/08/2009.
Il était technicien contractuel
du GLIM [1] à l’énergie (4 techniciens). Son poste et celui d’un
collègue ont été supprimés et l’en-
treprise lui a proposé un poste sur
un plateau d’appel en septembre.
Il avait déjà fait à cette occasion
un malaise avec intervention des
pompiers.
En décembre-janvier, il est muté
en TIC [2] grand public avec un
seul mois de formation en dou-
blure.
Il était suivi par l’assistante
sociale pour des problèmes per-
sonnels.
Le CHSCT(3 CGT, 2SUD, 1
FO) avait fait récemment une en-
quête sur les risques psychoso-
ciaux chez les TIC et les Chargés
d’affaire (charge de travail, pressions...). Depuis le 3 juillet, les
TIC subissaient un plan d’urgence
qui les obligeaient à travailler 48
heures par semaine. Le nombre
d’interventions a été augmenté.
Bref, c’est un contexte social as-
sez tendu marqué par des suppres-
sions d’emplois parmi les techni-
ciens du réseau structurant [3] et
une reprise d’activités sous-trai-
tées chez les TICs pour faire bais-
ser les coûts.
Une réunion extraordinaire du
CHSCTaété demandée avec sans
doute une enquête et l’invitation
de l’inspection du travail.
Par ailleurs, 5 000 signatures
de salariés ont déjà été recueillies
sur une pétition en ligne après la
suicide de Michel D. à Marseille
(http://lettreaupdg.rezisti.org/).
[1] GLIM : groupe local d’intervention et
de maintenance du réseau structurant
[2] TIC : technicien d’intervention (chez les
clients)
[3] réseau structurant : activités techniques
dans les centraux téléphoniques (énergie, cli-
matisation, commutation, transmissions).
Contacts :
Patrick Ackermann 06 81 23 33 84
Fédération des activités postales et de télécommunications
25/27 rue des Envierges 75020 paris
Tél : 01 44 62 12 00 - Fax : 01 44 62 12 34
Courriel : sudptt sudptt.fr
Site : www.sudptt.fr
Union syndicale solidaires
Un élan unitaire
formidable !
Après le drame
de Marseille, les
ami-es de Michel
ont rédigé une
lettre à Didier
Lombard.Elle a
été ensuite
diffusée dans les
services sous
forme de pétition.
Elle est maintenant
disponible sur
internet (voir
ci-dessus).
Des débrayages
ont eu lieu avec
lecture de la lettre
de Michel, des
heures d’information
syndicales se sont
tenues, une alerte
aeu lieu sur le CE
DTSud-Est...
Peu de services
ont échappé aux
interrogations
légitimes des
salariés : France
Télécom a été
largement montrée
sous les
projecteurs des
médias.
La direction doit
répondre,
et vite !
SUD appelle les
salarié-es à
manifester leur
solidarité en
signant très
massivement la
pétition qui sera
remise le 10
septembre.
Lettre des organisations syndicales CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SUD au président de France Télécom
Les fédérations syndicales se sont réunies le 4 août et ont décidé de faire
une lettre ouverte au Pdg, communiquée à la presse. Elles souhaitent faire
du 10 septembre un moment d’interpellation de la direction.
Paris le 04 août 2009
Monsieur le Président,
L’actualité est à nouveau marquée
par des drames au sein de l’entreprise,
trois nouveaux suicides sont intervenus
depuis la mi-juillet.
La lettre laissée par notre collègue
de l’UPR SE à Marseille met à nouveau
en cause la politique de management
de la direction de France Télécom. Une
enquête du CHSCTest en cours et devra déterminer les circonstances qui ont
mené ce collègue à ce geste désespéré.
Depuis des mois les organisations
syndicales vous sollicitent pour aborder les sujets des risques psychosociaux
et le risque suicidaire.
Alors que vous refusez systématiquement d’entendreles propositions des or-
ganisations syndicales tant au CNSHSCT
qu’à la commission stress, il est inadmissible que vous vous serviez de ces instan-
ces comme alibi pour occulter la responsabilité pleine et entièrede l’employeur
vis à vis de la santé de son personnel.
Les causes de la souffrance au travail sont identifiées et les rapports de
la médecine du travail en attestent : intensification du travail, suppressions
d’emplois, fermetures de services et déplacements de salariés, changements
de métier, mobilités contraintes, pressions sur les départs, absence de formation, de reconnaissance, perte d’identité de nombreux métiers, management
par l’intimidation, la menace, perte de
l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle...
Il est urgent d’y mettre un terme et
que l’entreprise prenne enfin en considération autrechose que la seule ren-
tabilité financière de court terme dans
ses choix de gestion. Les salariés ont
besoin d’actes concrets et de reconnaissance.
C’est, possible ! D’après votre présentation des résultats du 1er semestre,
la santé de l’entreprise est bonne.
Celle des actionnaires l’est assurément ! Quid de celle des salariés ?
Nous vous demandons :
– De montrer clairement aux salariés que vous êtes déterminé à chasser
la souffrance au travail de notre entreprise et que c’est désormais une priorité du Comex, en cohérence avec l’engagement de Politique Santé qui date
déjà de 2005.
– D’assurer sans délai votre obligation en tant qu’employeur : protéger la
santé physique et mentale des salarié
– De répondreenfin favorablement
àla demande de négociations dès la
rentrée pour la déclinaison dans le
groupe des dispositions de l’accordinterprofessionnel sur le stress intégrant
les questions d’organisation et de conditions de travail, de méthode de mana-
gement...
– D’inscrire à l’ordre du jour du
CNSHSCTdu 10 septembre la question
des suicides à France Télécom
– De prendre en compte ces évènements dans la futureintervention de
l’ANACT
Veuillez agrééer, Monsieur le Présient, l’assurance de notre considération
Pour la CFDT, Catherine Borel
Pour la CFTC, Patrice Diochet
Pour la CGC, Pierre Morville
Pour la CGT, Joëlle Roeye
Pour FO, Damien Crespo ;
Pour SUD, Patrick Ackermann
Paris le 04 août 2009
Un nouveau suicide à France Télécom
Communiqué de l’Observatoire du stress à Marseille
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un nouveau collègue technicien de 51 ans s’est
donné la mort à Marseille. Emotion, colère, incompréhension parmi les
collègues et les amis. Il faut arrêter cette « machine à broyer » !
Aucune ambiguïté ne peut être attribuée à son geste, il avait en effet adressé à
ses collègues et aux délégués du personnel une lettre accusatrice : c’est bien le
travail à France Télécom qui l’a conduit à cette issue fatale.
Ce suicide intervient quelques semaines après que les élus du Comité
d’établissement de la région de Lyon (Centre-Est) avaient tenu une conférence de
presse sur la souffrance au travail. Pas moins de trois tentatives de suicides
avaient eu lieu dans le mois de juin.
Quelques semaines encore auparavant, c’était une cadre de 42 ans de la division
« Entreprise » à Paris, puis un technicien qui s’étaient suicidés. Et tout le monde
se rappelle qu’en août 2008, il y a presque une année, c’était Jean-Michel qui se
jetait sous un train à Troyes.
Qui osera dire maintenant que cette trop longue liste noire n’est pas le résultat
d’une situation dramatique dans l’entreprise ? Qui pourra justifier le silence
assourdissant d’une direction dont le seul objectif est de minimiser, de banaliser,
de cacher ce mal-être, cette souffrance au travail ?
Jusqu’à présent, aucun suicide n’a été qualifié en accident du travail, alors que
cela a été le cas dans d’autres entreprises comme le Technocentre de Renault.
Cela ne peut pas être un hasard et les élus des CHSCT, confrontés à ces
situations dramatiques, ont pu mesurer l’acharnement des directions à reléguer
ces affaires au rang des « problèmes individuels ».
Nous n’acceptons pas, nous n’accepterons pas cet état de fait.
Nous appelons le personnel et les fédérations syndicales à un sursaut pour
exiger de France Télécom un arrêt de cette politique de déni qui cache une
politique continuelle de restructurations, de suppressions d’emplois, de mobilités
forcées !
Paris, le 27 juillet 2009.
Contact de l’Observatoire du stress à Marseille :
70, rue Javelot - Paris 13
Olivier Flament (06 70 19 73 70)
Suicide à France Telecom
NPA
Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2009, Michel Deparis, salarié à France Telecom Marseille (Bouches-du-Rhône) s’est donné la mort, expliquant son geste dans une lettre :
« Je me suicide à cause de mon travail à France Telecom, c’est la seule cause, urgence permanente, surcharge de travail, absence de formation, désorganisation totale de l’entreprise, management par la terreur ! Cela m’a totalement désorganisé et perturbé, je suis devenu une épave, il faut mieux en finir ! ».
Ces derniers mots de Michel sont terribles et sans appel.
Déjà, en mai 2009, l’Observatoire du stress signalait que dix-sept salariés de France Telecom avaient tenté de se suicider dans les quinze derniers mois. Pour huit d’entre eux, le geste a été fatal.
Cette situation dramatique ne peut plus durer. La direction de l’entreprise doit arrêter cette politique continuelle de restructurations, de suppressions d’emplois, et de mobilité forcée, au prix de la santé, voire de la vie de ses employés !
Mercredi 29 juillet 2009