Je ne surprendrais plus personne en disant qu’aujourd’hui eu lieu une nouvelle marche, il y en a depuis le coup d’Etat quasiment tous les jours à Tegucigalpa. Ce qui pourrait surprendre serait plutôt le fait que les manifestants ne se lassent pas de manifester depuis maintenant 53 jours et arrivent toujours en nombre dès 8h le matin à l’université Pédagogique.
Rappelons que cette Université est publique et que l’armée y avait séquestré une quarantaine de personnes mercredi 12 août. Les portes étaient alors restées cadenassées et gardées de manière tout à fait illégale. La manifestation du jour s’est dirigée jusque devant l’ambassade étatsunienne, évidement la plus grande de toutes les ambassades à Tegucigalpa. Une délégation composée entre autre de Rafael Alegria, a été reçu par l’adjoint de l’ambassadeur Hugo Llorens. Soit disant les E.U vont mettre plus d’énergie diplomatique pour un retour de Zelaya…Rappelons qu’Hugo Llorens a participé activement à la préparation du coup d’Etat ; d’autres noms circulent, tel celui d’Otto Reich ou Carmona, instigateur du coup d’Etat au Venezuela en 2002. [1]
Hier soir a eu lieu une « caravana », déambulation à travers la ville de voitures, motos, avec haut parleur, slogans, t-shirt « No al golpe », klaxon, etc. Une autre « caravana » a traversée la ville cette après-midi. Il semble qu’il y en ait plusieurs en même temps.
Une précision sur la grève des taxis dont je parlais l’autre jour : Manuel Zelaya, surnommé Mel, avait mis en place une subvention, chaque année début août, pour les taxis afin de ne pas augmenter les tarifs pour les consommateurs. Le gouvernement Micheletti cette fois n’a pas donné cette subvention de 8000 lempiras (4000 pour le propriétaire de la voiture et 4000 pour le chauffeur). Déjà affectés par la crise économique et la récente augmentation du carburant, (+2,57 % pour le diésel) les taxis ne bénéficient pas de cette aide et renforce la contestation de ce secteur. Le taxi collectif (qui dépose à point donné) ou direct (qui dépose où veut le client) est très utilisé ici et concerne une grosse partie de la population. Le bus est bien sur plus économique mais beaucoup plus long : il n’y a pas d’arrêts et l’autobus peut attendre les clients au bord de la route, n’importe où…
Mel, personnage hors du commun :
Mel Zelaya, est un personnage plutôt original : Dès le début de son mandat, ne suivant pas l’agenda des entreprises et de l’ambassade américaine, il fut calomnié et décrié par la presse. Pour rétablir l’équilibre médiatique et donner la parole à ceux que les médias n’écoute plus, Zelaya lance un hebdomadaire fin 2007, El Poder Ciudadano, et rend public le Canal 8, une télévision qui n’émettait plus. Bien sur, depuis le coup d’Etat, *El Poder Ciudadano *n’existe plus et le Canal 8 se transformant, revient aux mains de Elias Asfura, son ancien propriétaire [2]. Mel se met tout de suite à dos les entrepreneurs et la classe dirigeante, et voyant cela, il réagit en se rapprochant davantage du peuple et de la « sphère » Chavez. Le ‘virage à gauche’ de Zelaya se serait fait récemment, avec l’adhésion à l’ALBA en août 2008, puis l’augmentation par décret de 60 % du salaire minimum en janvier 2009 (à 5500 lempiras). Alors que Manuel Zelaya se situait plutôt au centre droit conservateur, il oriente son discourt vers un centre gauche, soutenue par Patricia Rodas, ministre hondurienne des Relations extérieures, plus marquée à gauche. « Il s’agit d’un acte héroïque d’indépendance et nous n’avons pas besoin de permission pour signer un tel engagement. Aujourd’hui, nous faisons un pas de plus vers un gouvernement de centre-gauche, et si quelqu’un n’aime pas cela, qu’il supprime tout simplement le mot ’centre’ pour s’en tenir au second terme. » a déclaré Manuel Zelaya lors de l’adhésion à l’ALBA [3]
Il décrète une hausse du salaire minimum, offre des aides aux micro-entreprises, aide les agriculteurs, lance les assemblées du Pouvoir citoyen, sorte d’assemblées populaires pour la gestion des quartiers, adhère à Petrocaribe et à l’ALBA, lance le projet de transformer la base militaire américaine de Soto Cano en aéroport civil…et, sans surprise, se fait expulsé avec Patricia Rodas au Costa Rica par la force du coup d’Etat. Cette histoire rappelle un antécédent historique : Ramon Villeda Morales (1908-1971), fut un des présidents les plus progressistes du Honduras (il amorça une réforme agraire, fonda le journal “El Pueblo”, investit dans l’éducation…). Il arrive au pouvoir en 1954 porté par les grandes luttes sociales dans les bananeraies. En 1963, le colonel Osvaldo Lopez Arellano l’expulse ainsi que Modesto Rodas Alvarado, père de Patricia Rodas et favori à la succession de Villeda Morales. Tous les deux seront envoyés au Costa Rica par ce coup d’Etat militaire déclenché à point nommé, juste avant les élections. L’histoire se répète me direz vous…Ceci nous amène à penser que le coup d’Etat s’adresse tout autant si ce n’est plus à Patricia Rodas, bras gauche de la politique de Mel Zelaya.
Viol de la Constitution au Honduras ? Les médias intensifient leur travail de dénigrement et de désinformation après le coup d’Etat
Les médias, et le quotidien El Heraldo en particulier, affirment sans cesse que Mel aurait violé la Constitution en voulant poser une question pour savoir si la population est pour ou contre la quatrième urne. Faux, il y aurait eu viol de la constitution seulement si Zelaya avait lancé la quatrième urne sans en soumettre le projet au Congrès qui l’aurait probablement rejeté. La constitution en vigueur depuis 1982 est verrouillée par 6 articles incontournables qu’on ne peut que difficilement réformer, les articles Petreos. Avec ces articles, il difficilement concevable d’organiser une Assemblée constituante. D’autant plus qu’il est clairement spécifié que la démocratie participative doit être délaissée au profit de la démocratie représentative. Je ne sais comment Mel comptait s’y prendre sans l’appuie du Congrès pour mener à bien la constituante mais on peut clairement affirmer qu’à la date du 28 juin, il n’y a pas eu viol de la constitution de sa part comme nous le rasassent les médias à longueur de journée. Par contre, Micheletti a instantanément violé cette même constitution en prenant le pouvoir le 28 juin. L’article 102 stipule, (c’est moi qui traduit) : « Aucun hondurien ne pourra être expatrié ni remis par les autorités à un Etat étranger » [4]. L’expatriation de Mel et Patricia Rodas constitue ainsi le premier d’une longue série de viol constitutionnel.
Ces mêmes médias affirment que Zelaya est coupable de corruption…on attend les preuves. Ce qui est certain, c’est que peu de politiciens ont les mains propres au Honduras, tous ou presque sont corrompus et beaucoup ont violé la Constitution. On peut mentionner le cas de Ricardo Maduro, né au Panama, président entre 2000 et 2004. Celui-ci n’a jamais été hondurien et a donc violé la constitution qui stipule que le président doit avoir la nationalité du pays pour le gouverner. La constitution a été modifiée en 2001 pour régler ce problème et laisser le nouveau président finir son mandat dans la « légalité » constitutionnelle. (cf p. 56 de la Constitution) Les exemples de violation du droit constitutionnel sont nombreux. Amnesty International vient de rendre public un rapport dénonçant les nombreuses violations de droits humains [5].
Tout le monde parle des élections, la campagne doit démarrer officiellement le 29 août. Ces élections et leurs résultats ne sont pas reconnus par les pays de l’ALBA. L’Union européenne et le Pérou approuvent les élections. Le parti Libéral et le parti National sont les deux grands partis qui mènent la vie politique du pays par un système bipartiste bien connu, alternant la même politique néolibérale en changeant de noms. Ce système issu des E.U (démocrates contre républicains) s’est répandu dans les démocraties représentatives de part le monde. Elvin Santos du Parti libéral, ancien vice-président de Zelaya, se présente. Il représente l’oligarchie hondurienne et a l’appuie des médias dominants. En face, se présente Pepe Lobo du parti National. Les deux candidats se ressemblent et reconnaissent les élections issues du gouvernement putschiste. Beaucoup disent ne pas reconnaitre les élections et attendent le retour annoncé de Mel la veille de la campagne électorale. Si Manuel Zelaya n’arrive pas à passer la frontière début septembre, on peux craindre un changement d’attitude de la part de la résistance au coup d’Etat. Celle-ci ne va pas laisser la campagne électorale se dérouler sans incidents.
Si les élections sont reconnues, et si l’un ou l’autre de ces candidats prend le pouvoir, le projet initié par le coup d’Etat serait alors en phase finale. Il aurait accomplit sa mission : Mettre en place à la tête de l’Etat quelqu’un qui soit au service de l’oligarchie et qui ne pense plus à une démocratie participative via une assemblée constituante. Le Honduras reprendrait ainsi sa place dans l’arrière court des Etats unis.
24 août 2009
Jérome Duval
Le coup d’Etat au Honduras marque un renforcement de la diplomatie guerrière en Amérique latine
A travers la crise politique au Honduras, la politique étrangère envers l’Amérique latine [6] de l’administration Obama se révèle au grand jour. Alors que son prédécesseur, embourbé en Irak ne parvenait plus à maintenir un sous-continent en ébullition, la nouvelle administration Obama parvient à détourner momentanément l’opinion publique de la guerre en Irak et en Afghanistan tout en réaffirmant sa présence en Amérique latine. Les Etats-Unis n’en peuvent plus de contempler la vague progressiste de gouvernements de gauche déferler sur le continent sans rien faire, d’autant que celle-ci se rapproche dangereusement, jusqu’en Amérique centrale : Le Nicaragua a élu le sandiniste Daniel Ortega au premier tour de l’élection de 2006 et le Salvador vient d’élire Mauricio Funes du FLMN (Frente Farabundo Marti para la Liberacion Nacional) en mars 2009 qui a aussitôt renoué ses relations diplomatiques avec Cuba. [7] Comment, dans ce contexte, laisser Manuel Zelaya, président du Honduras, adhérer à l’ALBA et rejoindre ainsi les pays qui tentent de satisfaire les besoins humains fondamentaux pour tou-te-s avant les intérêts d’une minorité ?
Déploiement de forces américaines :
Comme convenu dans le programme politique pré-électoral de Rafael Correa, la base américaine de Manta sur le territoire équatorien n’est pas renouvelée et prend fin en 2009. Pour contrebalancer cette perte, Washington, réplique en se déployant sur sept bases militaires en territoire colombien (Palanquero, Malambo, Apiai, Tres Esquinas, Puerto Leguizamo, Villavicencio et Hacienda Larendia) [8] La Colombie, allié stratégique des Etats-Unis fait office “de porte avion” militaire.
Un mois seulement après le coup d’Etat militaire du Honduras, ce déploiement de force ouvre une crise diplomatique à l’échelle du continent. Le président colombien parle d’un « accord de coopération contre le narcotrafic, le terrorisme et d’autres délits » qui laisse augurer du pire. On craint une accélération de la course aux armements en Amérique latine, alors que « l’argent que des pays comme le Chili, le Brésil et le Venezuela dépensent pour l’importation d’armes, sert à remplacer un équipement obsolète ». (...) « Ils modernisent leurs armements qui datent pour la plupart d’il y a plus de 20 ans, certains même du temps de la guerre froide. » explique Carina Solmirano, l’une des chercheuses de l’Institut international de recherche pour la paix à Stockholm. [9] En réponse à ce déploiement de force américano-colombien, les gouvernements progressistes opposés à Washington sont incités à entrer dans la course à l’armement. Les autres suivront sans aucun doute la surenchère...
Afin de désamorcer cette véritable bombe à retardement, Alvaro Uribe, président colombien d’extrême droite, ultra conservateur et puissant allié des Etats-Unis, réalise une tournée express dans 7 pays (Bolivie, Pérou, Brésil, Chili, Uruguay, Paraguay, Argentine) sans pour autant calmer cette nouvelle crise diplomatique. Hormis le Pérou, autre soutien indéfectible de la Colombie et de Washington, les autres voisins d’Alvaro Uribe envoient des mises en garde plus ou moins virulentes et l’Argentine propose, depuis le sommet de l’Unasur, un sommet extraordinaire sur la question. Déjà, fin juillet, Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des affaires étrangères, après une rencontre avec son homologue brésilien Celso Amorim, lui-même préoccupé par cet accord militaire, avait prié les Etats-Unis « d’éviter une militarisation » de l’Amérique latine. La pression diplomatique aidant, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega a soutenu officiellement la Colombie dans son « acte souverain », rectifiant les dires de son ministre tout en confirmant l’alignement de l’Espagne avec les États Unis. Mais de quelle souveraineté parlent-ils lorsqu’en plus d’être un prétexte pour livrer une guerre politique impérialiste, la guerre que mènent les Etats-Unis contre la drogue se fait à l’extérieur de ses frontières pour d’autres motifs, allant jusqu´à violer l’espace aérien de l’Equateur pour le bombarder (un campement des FARC en territoire équatorien fut bombardé en mars 2008 par l’armée colombienne appuyée par les Etats-Unis, tuant 17 guérilleros dont Raoul Reyes). Le peuple colombien fatigué par tant de violence se prononcerait-il pour cette militarisation si seulement il avait l’occasion de s’exprimer ? L’Espagne, a assuré Maria Teresa Fernandez de la Vega lors d’une conférence de presse, « sera toujours aux côtés des Colombiens dans la lutte pour l’éradication de la violence ». Sans peur de l’absurde, elle insiste : « Nous travaillerons toujours à la recherche d’accords, pour que les conflits se résolvent, pour que les tensions disparaissent... », un comble quand il s’agit d’établir de nouvelles bases militaires américaines. [10] Hugo Chavez, quant à lui, parle de « vents de guerre [qui] commencent à souffler » sur la région et assure qu’il est « évident que l’ordre [du coup d’Etat au Honduras] fut donné depuis la base américaine de Palmerola », située au Honduras et d’où partaient les offensives contre le Nicaragua sandiniste. [11] Avant le coup d’Etat, Manuel Zelaya, reprenant un rapport de la Aeronáutica Civil, avait déclaré qu’il transformerait cette base militaire en aéroport international civil afin de soulager l’aéroport de Tegucigalpa, considéré comme un aéroport dangereux. [12]|On comprend tout de suite mieux l’empressement américain devant la possible perte de deux bases militaires.
Les relations diplomatiques avec le Honduras se poursuivent
Après les grandes déclarations condamnant le coup d’Etat, on se rend bien compte que les relations diplomatiques se poursuivent, la dictature du Honduras est malgré tout reconnue. L’Union européenne appuie des élections anticipées organisées par le régime putschiste, tandis que l’ALBA et l’Unasur s’engagent à ne pas reconnaître un gouvernement qui sortirait vainqueur de ces élections. Certains partis et candidats parlent déjà de se retirer. Le Pérou conserve son ambassadeur en poste au Honduras : « C’est inexplicable qu’il n’ait pas adopté cette décision [de retirer immédiatement son ambassadeur à Tegucigalpa] jusqu’à maintenant » soutient l’ex ministre des relations extérieures du Pérou, Manuel Rodríguez. [13] Carmen Ortez Williams, ambassadeur du Honduras à Buenos Aires a été relevé de ses fonctions jeudi 13 août et à partir de maintenant, « la relation diplomatique entre l’Argentine et le Honduras se réalisera à travers l’ambassade du Honduras aux Etats-Unis. », explique Patricia Rodas, ministre des affaires étrangères en exil du gouvernement Zelaya. Les relations ne seront donc pas rompues pour autant. [14] L’OEA, qui a suspendu le Honduras début juillet juste après que le Honduras se soit lui-même retiré, viendra vraisemblablement en mission à Tegucigalpa pour tenter de trouver une sortie de crise via les accords de San José. Les trois représentants de Micheletti qui faisaient partie de la négociation au Costa Rica, Vilma Morales, Mauricio Villeda et Arturo Corrales, se rendent à Washington (leurs visas diplomatiques n’ont pas été annulés) pour négocier la composition de la mission de l’OEA, avoir des entrevues avec des membres du Congrès, des fonctionnaires du Département d’Etat américain et des médias. [15]
On est non seulement en droit de se demander dans quelle mesure on peut négocier avec des putschistes qui violent la constitution, mais on ne peut par ailleurs accepter une amnistie politique incluse dans les accords de San José [16] Les responsables de violations continues des droits de l’homme telles que les assassinats, détentions arbitraires, disparitions et tortures, ne peuvent jouir d’une amnistie et doivent être jugés par des tribunaux adéquats. Le CADTM réaffirme son soutien inconditionnel à la lutte du peuple hondurien pour le retour de la démocratie, le rétablissement du processus d’Assemblée constituante et le jugement des responsables de violation des droits humains
Alors qu’une nouvelle répression a eu lieu le 14 août à Cholona, blessant de nombreux manifestants dont deux journalistes, le CADTM salue le remarquable travail réalisé par le Front de Résistance des avocats contre le coup d’Etat pour traduire en justice les auteurs des actes barbares constatés sur la population.
19 août 2009
Jérome Duval
L’Etat semble au bord de la faillite
Mission du CADTM au Honduras - Rapport du 17 aoùt 2009
Le secteur de la construction subit ici comme ailleurs l’impact de la crise. L’investissement privé dans ce secteur a chuté de 28 % sur le premier semestre 2009.
Malgré la baisse sur le marché international, les combustibles ont augmentés dès ce matin entre 1,30 % et 7,37 %. Le diésel utilisé pour le transport subit une augmentation de 2,57 %. Le « LPG domestique » ( ?) utilisé pour la cuisson des aliments quand à lui augmente de 7,37 %. Le gouvernement qui subit un déficit fiscal important semble chercher des liquidités.
Aujourd’hui, lundi 17 août, environ 16.000 taxis (ils sont très nombreux au Honduras) se sont mis en grève pour réclamer un bon 2009 que le gouvernement ne paye pas. La ville était encore plus paralysée que d’habitude. On annonce une grève encore plus importante (camions, taxis, bus) pour mercredi et/ou jeudi. Les pompiers de San Pedro Sula réclament des salaires de retard…La situation des finances de San Pedro Sula parait mal en point et la municipalité n’arrive plus à payer tous les salaires de ses employés, on parle de dette salariale. Micheletti dit que c’est Zelaya qui s’est enfuit avec les sous, évidement.
Elvin Santos (Parti libéral) qui représente l’oligarchie putschiste, entre en campagne électorale pour l’élection contestée du 29 novembre 2009. Selon le TSE (Tribunal Suprême Electoral) le système électoral se « modernise » pour obtenir les résultats plus rapidement (35 % des résultats en 2 heures pour donner la tendance), avec plus de « transparence »…
Les profs se mobilisent et subissent des pressions pour ne pas participer aux mobilisations. Ils décident de reprendre les cours pour 3 jours avant de redescendre dans la rue à partir de jeudi 20 août.
La dictature négocie avec Washington :
La délégation des 3 représentants de Micheletti arrivent aujourd’hui à Washington pour un nouveau round de négociation. Micheletti estime très positif la rencontre de cette délégation la semaine dernière avec Insulza de l’OEA. « Ils sont (la délégation de ces représentants du gouvernement putschiste) très contents, ils ont été écoutés par différents secteurs, ils se sont réunis avec M. Insulza (de l’OEA) (…) et vont retourner aux E.U… » dit Micheletti. « La délégation de négociation m’a informé qu’elle avait été écouté par divers secteurs, de là nous pourrions définir les réunions comme positives et satisfaisantes pour notre gouvernement. » poursuit-il. La Tribune, quotidien putschiste, 17 août 09.
La mission de l’OEA viendra pour poursuivre les travaux des accords de San José et négocier ce qui n’est pas négociable : La constituante et l’impunité.
Telesur quitte le pays demain, je ne suis pas arrivé à les voir aujourd’hui et espère qu’une autre équipe viendra les remplacer. Beaucoup de médias internationaux sont déjà partis depuis longtemps et il ne reste plus que quelques médias alternatifs. Or l’actualité est très riche et il est regrettable que les médias internationaux ne rendent plus compte de la situation de l’intérieur.
La CIDH est bien arrivé aujourd’hui et commence ses travaux.
Zelaya prévoit de revenir au Honduras depuis le Nicaragua accompagné de plusieurs personnalités.
Aujourd’hui, je me suis penché sur la constitution du pays en vigueur depuis 1982 et j’ai eu de nouveaux contacts avec la population en résistance. Un étudiant en journalisme m’a expliqué la situation des médias et je poursuis un article sur les médias. Hier soir j’ai vu un jeune de la rue se faire embarqué par la Police, je ne sais trop pourquoi mais il a du passé un sale moment : ils le tabassaient déjà dans leur pick up. Le procès des 3 personnes suspectées d’avoir brûlé un bus lors de la manif a été reporté grâce à l’action du Front des avocats pour mieux préparer la défense. La presse parle de 3 nouveaux assassinats de présidents d’association de voisins (presidente de patronato) qui jouent un rôle social importants dans les quartiers défavorisés.
Le Karaoké est très populaire ici. Ce programme commence par une image de la statue de la liberté portant un micro ds la main. Heureusement le seul journal papier qui rend compte de la réalité du coup d’Etat vient de paraitre...ouf ! Bon c’est un mensuel, il faudra attendre un mois avant d’avoir des infos de fond sur support papier.
17 août 2009
Jérome Duval
Mission du CADTM au Honduras - Rapport du 16 aoùt 2009
Aujourd’hui, dimanche 16 aout, a eu lieu une Assemblée (qui se tient chaque dimanche) au syndicat Stibys (sindicato de trabajadores de la industria de la bebida y similares). Environs 500 personnes se sont retrouvées là et on a pu entendre différents intervenant-e-s chaque fois entrecoupé d’un « el pueblo unido, jamas sera vencido » ou bien d’un « ¿ estamos cansado ? No ; ¿tenemos miedo ? No ; Entonces Adelante, adelante » ou bien d’autres slogans revitalisant. On nous signale la création de différents pôles régionaux du Front de résistance contre le coup d’Etat de différentes régions ou ville. Le représentant de San Pedro Sula et celui de El Paraiso prennent la parole. Le Front de El Paraiso participera à une marche sur Tegucigalpa le jeudi 20 aout.
Un prof remonté contre les médias annonce une vrai information distribuée aux élèves et parents sous forme de tract dès le lendemain lundi. Nous avons échangé nos coordonnées et j’essaierai d’être présent au lancement de l’opération. Comme disait Cécile c’est plus une assemblée pour redonner le moral aux forces présentes qu’une discution sur le fond.
Avant cette assemblée qui devait se tenir à 8h mais qui a finalement eu lieu à midi, je suis passé chez Marvin Ponce, député de Union Democratica pour l’interviewer. Il a été sévèrement frappé alors qu’il venait en aide à une dame elle-même malmenée et après avoir séjourné 3 jours à l’hôpital, a encore le bras dans le plâtre pour trois mois. Même s’Il a déjà subit la répression de la dernière dictature, il ne renonce pas à dénoncer fermement le régime dictatorial en place. Union Democratica est le seul parti de gauche à rejeter le coup d’Etat, il compte quatre députés au Congrès qui ne font plus acte de présence depuis le coup d’Etat du 28 juin dernier. Ils ne reconnaissent évidement pas ce gouvernement et pourtant se préparent pour les élections de novembre prochain. C’est un vrai débat de fond en ce moment : beaucoup pensent qu’ils ne peuvent reconnaitre ces élections organisées par les putschistes et craignent une « guerre civile » si elles sont maintenues dans l’illégalité constitutionnelle. Les gens sont exaspérés de la position de l’église qui appuie la dictature, des médias, des Etats-Unis, de la Croix rouge putschiste qui ne secoure pas les blessés, etc… Malgré cela ils sont très combatifs et une nouvelle marche part de l’Université pédagogique demain matin à 8h. En fait, il y a des manifestations tous les jours sauf le dimanche, jour des assemblées. C’est réellement impressionnant de voir le nombre de km qu’ils parcourent quotidiennement.
Dans l’après midi je suis allé à la Cofadeh ou je me suis entretenu avec quelques personnes dont une femme qui venait faire une dénonciation des violences qu’elle a subit. La discution fut très riche, il semblerait que la répression soit plus fréquente que celle de début juillet, date des premières grandes mobilisations (et des premières victimes), mais qu’en contrepartie la résistance serait plus forte et mieux organisée. Il est certain que la résistance est déterminée et suffisamment organisée pour durer.
Nous nous demandions avec Cécile si la solution ne serait pas que Zelaya demande aux pays amis (Cuba, Venez., Bolivie, Equateur, Nicaragua) de lever une armée pour chasser ces usurpateurs, plutôt que de faire de la diplomatie qui tourne en rond depuis presque deux mois. L’armée du Honduras est très faible en nombre (7000 ?) et comme disait notre ami Miguel « il y a un temps pour la diplomatie et il y a un temps pour l’action ». Ce gouvernement n’est officiellement pas reconnu au niveau international et on pourrait difficilement contester une action visant à rétablir l’ordre constitutionnel. Toujours est il qu’il s’agit la d’une idée à discuter et qu’éventuellement le Cadtm pourrait soutenir.
Demain après midi, un forum sur les droits de l’homme (et de la femme) est organisé par les mouvements féministes. C’est aussi demain qu’arrive la CIDH, qui suscite beaucoup d’espoir ici. Bref, il est difficile de tout suivre, tout va très vite. Je viens d’avoir Telesur au téléphone et pense faire une itv pour qu íls me racontent leur version des fait au moment ou l’armée est venue les chercher a leur hôtel. J’ai des problèmes avec ínternet dans mon nouvel hôtel mais tente de vous donner d autres informations dès que possible.
16 août 2009
Jérome Duval