Une première Rencontre internationale des partis radicaux s’était tenue à Mumbai, en janvier 2004, à l’occasion du quatrième Forum social mondial (FSM). (1) Un an plus tard, une trentaine de partis anti-capitalistes de divers continents se sont retrouvés, à Porto Alegre cette fois, pour faire le point sur leurs perspectives de collaboration.
La réunion a permis un échange de vue sur le bilan du cinquième FSM, sur le mouvement anti-guerre et altermondialiste. Deux déclarations de solidarité ont été adoptées. L’une exigeant la libération des trois membres du centre d’Etudes socialistes arrêtés en Egypte. (2) L’autre en soutien aux organisations ou militants progressistes et révolutionnaires aujourd’hui militairement menacés par le Parti communiste des Philippines. (3) Plusieurs de ces organisations participent au réseau international des partis radicaux et sont venues aux rencontres de Mumbai ou de Porto Alegre.
L’Europe était particulièrement bien représentée à Porto Alegre, avec une vingtaine de mouvements, dont la LCR et Les Alternatifs (France), le Bloc de gauche (Portugal), la Gauche unitaire et alternative et le POR (Catalogne), le SWP britannique, Synaspismos (Grèce), Espacio Alternativo (Etat espagnol), le Mouvement pour le socialisme et Solidarités (Suisse), le SAP-POS (Belgique). Relevons aussi la présence de quatre courants brésiliens (DS-PT, MUS-PT, P-Sol et PSTU) ainsi que de l’Uruguay (le PST), des Philippines (le Parti des travailleurs des Philippines et le Parti révolutionnaire des travailleurs-Mindanao), de la Corée du Sud (Tous Ensemble et Pouvoir de la classe ouvrière), du Sri Lanka (le NSSP), des Etats-Unis (FSP, ISO...), de l’Afrique du Sud (APDUSA)...
Une cinquantaine d’organisations avaient participé à la rencontre de Mumbai, en 2004 ; soit nettement plus. Mais cela s’explique avant tout par des raisons pratiques, et non pas politiques. La réunion de Porto Alegre s’est tenue au lendemain du FSM ; certains partis avaient déjà quitté la ville. D’autres n’ont pu être informé à temps, comme l’Organisation révolutionnaire pour la Démocratie nouvelle (ORDN) du Niger. Surtout, de nombreux mouvements asiatiques n’ont pas pu se rendre au Brésil vu, en particulier, le coût exorbitant des voyages. Certains, dans l’impossibilité d’être présent, avaient fait connaître leur soutien à la rencontre, comme le Labour Party Pakistan ou, en Inde, les PCI-ML et PCI-ML « Libération ».
Une commune aspiration internationaliste s’est exprimée lors des deux rencontre des partis radicaux. Par-delà la diversité des trajectoires politiques et idéologiques, les organisations présentes souhaitent collaborer les unes avec les autres plus étroitement que par le passé. A l’heure de la mondialisation capitaliste et du renouveau solidaire qui s’exprime dans des forums et mobilisations militantes, l’absence de tout cadre de collaboration international (au-delà d’étroits réseaux partidaires) réduit considérablement la capacité d’action de la gauche anti-capitaliste ; et sa capacité à apprendre des expériences accumulées sur divers continents aussi.
Certes, depuis un an, quelques pas en avant ont été réalisés. Une nouvelle tradition solidaire, pluraliste, s’enracine progressivement. Au lendemain du désastre du tsunami, dans l’océan Indien, une précieuse information a pu être assurée grâce aux liens noués à Mumbai, favorisant les initiatives de solidarités « de peuple à peuple ». Des campagnes en défense de militants emprisonnés gagnent en envergure. La situation dramatique au sein de la gauche philippine a été l’occasion de réaffirmer avec force le refus de la violence au sein du mouvement populaire. Mais ces progrès restent lents.
Il y a, aux difficultés rencontrées, des raisons profondes. Porteuse d’espoir, l’expérience amorcée en janvier 2004, à Mumbai, est aussi très nouvelle. Il ne s’agit pas de reproduire l’expérience des Internationales passés, mais d’innover. Il faudra beaucoup de volontarisme, et de pragmatisme aussi, pour qu’un cadre international de collaboration entre partis anti-capitalistes prenne effectivement corps. On ne peut, en effet, s’appuyer sur une dynamique préexistante. La plupart des organisations concernées ne se connaissent pas, ou très peu. Elles n’avaient souvent établi de relations étroites qu’avec des partis de leur propre pays, de leur propre région ou de leur propre courant. Des liens se nouent dorénavant entre des mouvements très divers. Cela prend du temps.
Du temps, voici précisément ce dont il est besoin. Le temps d’apprendre à se connaître mieux, de discuter plus à fond, d’agir ensemble, de consolider les liens naissants. Les forums sociaux de Mumbai et de Porto Alegre ont été l’occasion de se retrouver, collectivement. Mais il est bien difficile de préparer une rencontre et de se réunir alors que les cadres militants présents ont bien d’autres tâches à accomplir.
Il faudrait pouvoir maintenant organiser une conférence en dehors des grands rendez-vous militants (type forums sociaux). Pour se donner le temps de travailler ensemble. Cela ne va pas sans poser des problèmes (à commencer par le financement des voyages). Mais c’est une possibilité qui doit être sérieusement étudiée par le Réseau des partis radicaux.
(1) Article et document disponilbe sur ce site.
(2) Ils ont été libérés depuis.
(3) Voir le dossier publié à ce sujet dans la sous-rubrique « CPP : assassinats » (rubrique « Philippines »).