Devant 600 délégués PG réunis à Crosne (Essonne) ce week-end en convention nationale, le président du PG a renouvelé son offre d’alliance aux Verts : un « accord préalable » au second tour des régionales avec le Front de gauche (qui regroupe entre autres PG et Parti communiste), et empêcher un rassemblement systématique autour du PS entre les deux tours… sans le Modem.
« Maladroit ». « Nous avons compris qu’il y a une différence entre les Verts et Europe Ecologie », a lancé hier Mélenchon devant ses troupes. En clair, le PG tend la main aux Verts pour une alliance, mais pas à Europe Ecologie, d’accord pour un accord avec le parti de François Bayrou. Pourtant, mercredi, l’ex-PS avait fait cette même offre au chef de file d’Europe Ecologie. « Je ne veux pas d’accord sur le dos d’un tiers », lui avait répondu Daniel Cohn-Bendit. Si une rencontre entre les responsables des Verts et du PG est prévue mardi, Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a déjà expliqué samedi « qu’il n’y aurait pas de coup tactique ».
Au final, la nouvelle sortie du chef du PG a surtout eu pour résultat d’irriter les communistes. « Nous n’étions pas au courant », confirme Francis Parny, chargé des relations extérieures au PCF. « C’est maladroit », estime Patrice Bessac, l’un des porte-parole. « Mélenchon avance cette proposition à Cohn-Bendit alors que ce dernier est l’un des principaux artisans du rapprochement avec le Modem au sein d’Europe Ecologie », s’interroge Olivier Dartigolles, autre porte-parole PCF. « Ne nous trompons pas de priorités », tempère le numéro 2 du parti, Pierre Laurent. Et si Mélenchon concède qu’il y a eu « une petite confusion » dans son annonce à Cohn-Bendit, il assure qu’il « s’adressai[t] aux Verts ». « On n’est pas là pour faire des alliances tacticiennes ! lui répond un cadre PCFtrès agacé. Il faut qu’il arrête avec ce genre de trucs. Le militant communiste, ça lui fait péter les plombs ! »
Surtout que cette sortie n’est pas la première à désarçonner les communistes. Fin juin, Mélenchon jugeait « vraisemblable » une alliance PG-PCF-NPA pour les régionales, alors même que les discussions n’avaient pas encore débuté. Mi-octobre, il se déclarait candidat à la tête de liste Front de gauche en Ile-de-France, sans en avoir informé les communistes. « On souhaite faire bouger les choses », défend-t-on au PG. « J’ai deux partis à gérer en ce moment. Le mien et le leur », ose même Mélenchon, rêvant toujours d’une fusion, d’ici 2012, du PG et du PCF dans un nouveau grand parti.
« Ego ». « C’est un personnage, avec une vraie aura, une vraie stature de présidentiable, souligne un cadre communiste. Mais il lui faut de la constance. Quand on est eurodéputé, ce serait bien de revenir voir un peu ses électeurs… » « Sa force et son problème, c’est son ego, ajoute un autre. S’il n’est pas tenu, il a tendance à dire des bêtises. C’est contre-productif de nous mettre sous pression. »
Dans son discours de lancement de campagne, samedi à Montreuil, la secrétaire nationale PCF, Marie-George Buffet, a pris soin d’éluder le sujet Mélenchon. « Ça lui passe au-dessus de la tête », confie un proche. Les deux chefs de file se retrouveront le 10 janvier pour un premier meeting commun à Paris.