Les autorités thaïlandaises ont expulsé lundi 4400 Hmong, un peuple allié aux Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. Ils devront retourner au Laos où le pouvoir communiste menace de les persécuter.
La Thaïlande a fini par privilégier ses relations avec le Laos, au détriment de l’ethnie Hmong. Bangkok a en effet commencé lundi matin, l’expulsion de plusieurs milliers de demandeurs d’asile Hmong vers le Laos, alors que plusieurs pays ont exprimé leur inquiétude qu’ils y soient persécutés. Quelque 5000 militaires armés de matraques et de boucliers anti-émeute se sont déployés avant l’aube dans le camp de réfugiés de Huay Nam Khao, dans le Nord-est du pays, afin d’en évacuer les 4400 Hmong.
L’histoire récente de cette ethnie est complexe et directement liée à l’intervention américaine dans la région dans les années 70. Forcés de choisir leur camp, les Hmong s’étaient alliés aux Etats-Unis durant la guerre du Vietnam. A la fin des combats, en 1975, nombre d’entre eux ont fui le Laos et le pouvoir communiste en place. Depuis, ils ont trouvé refuge en Thaïlande, affirmant être soumis à de mauvais traitements de la part du gouvernement communiste laotien. Mais Bangkok les considère comme « des immigrés économiques » ne pouvant donc pas prétendre au statut de « réfugiés ».
« Une grave violation des principes humanitaires »
Les Etats-Unis et l’ONU ont fait part de leur inquiétude quant à ces expulsions sans précédent. Washington a demandé dimanche à la Thaïlande d’annuler l’opération. « Nous regrettons profondément cette grave violation des principes humanitaires internationaux dont la Thaïlande s’était longtemps fait le champion », a déclaré le département d’Etat américain. La diplomatie américaine a également appelé dimanche le Laos à « traiter les Hmong renvoyés contre leur gré de façon humaine, à autoriser l’accès d’inspecteurs internationaux, et à faciliter le relogement des expulsés ».
Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva s’est défendu lundi, assurant que les expulsions se dérouleraient dans le respect des droits de l’Homme. Une déclaration qui laisse sceptique l’ONG Human Rights Watch, inquiète de voir l’opération d’expulsion dégénérer. « Il y a toujours de la résistance, même dans les opérations de petite ampleur. S’ils résistent dans une grande opération comme celle-là, l’armée pourrait réagir vivement », a prévenu Sunai Pasuk, représentant de l’ONG en Thaïlande. Les réseaux de téléphonie mobile ont été brouillés autour du camp afin d’empêcher les représentants Hmong d’appeler à l’aide, a-t-il révélé à l’agence de presse Reuters. Plus généralement, les médias sont tenus à l’écart de tout Hmong depuis deux ans.