Cher Samuel Joshua,
Je suis à Venise et j’ai beaucoup regretté de ne pas être parmi vous pour le colloque. Mais je voulais que vous sachiez que ce regret, qui était essentiellement intellectuel et politique, est devenu une vraie douleur avec la disparition de Daniel. Je voudrais que vous sachiez - et que vous disiez à sa famille et à ses amis - l’estime énorme que j’avais pour lui. J’aurais aimé que nous gardions nos désaccords - c’était un bonheur de discuter et de débattre avec quelqu’un de sa trempe et de son intelligence -, mais que nous ayons le temps de devenir vraiment amis. Et notre reprise de « dialogue », ces dernières années, m’avait baucoup plu : je trouvais que son honnêteté politique et son attention au discours des autres (même si c’était toujours accompagné de cette âpreté critique qui était la sienne) était incroyable. Et que ses objections étaient toujours nécessaires.
Donc voilà. Je suis désolé de vous dire tout cela par mail. Sa mort m’a beaucoup ému.
J’espère que le colloque s’est bien passé.
Bien à vous,
Toni Negri
Lettre d’hommage à Daniel Bensaïd du Camp de Dheishei-Bethlehem
Bonjour à toutes et à tous,
Ci joint [voir la version anglaise des messages sur ESSF] une lettre envoyée
par Naji Odeh que de nombreux militants étant passés par Bethlehem
connaissent.
Il est, entre milliers d’autres choses, le camarade qui a permis à la
mission NPA de l’été dernier d’avoir lieu dans de si bonnes conditions.
Amélie
A Porto Alegre : hommage le 28 janvier 2010
A Porto Alegre s’est tenu, du 24 au 28 janvier 2010, un séminaire international pour le début de la 10e année du Forum social mondial.
Le 28 janvier, pendant ce séminaire, un hommage à Daniel Bensaïd a permis à plusieurs centaines de militants de se retrouver, de partager leur tristesse et de discuter des apports de Daniel tant sur le plan théorique que sur le plan de la pratique politique. Ces militants étaient brésiliens pour la plupart, mais étaient également présents des militants français (dont Gus Massiah et Christophe Aguiton, d’ATTAC-France), sud-africains (dont Patrick Bond), d’Australie, du Kenya, des Etats-Unis, de Belgique (dont Eric Toussaint, du CADTM) et d’Argentine.
Après la projection d’un film retraçant quelques aspects de la vie de Daniel, les interventions ont porté sur les différentes périodes de son activité politique. Flavio Koutzii, ancien militant du PRT argentin et ancien député brésilien du PT et Pedro Fuentes, ancien militant du PRT et actuel dirigeant du PSOL brésilien ont abordé les années 1970 et les relations de Daniel Bensaïd avec les révolutionnaires latino-américains, en particulier les argentins du PRT, qui ont traversé – et survécus – à la lutte contre les dictatures. Raoul Pont, ancien maire de Porto Alegre et actuel président du PT pour l’état du Rio Grande do Sul et Joao Machado, dirigeant du PSOL, ont parlé des années 1980 et 90, quand Daniel appuyait le travail de regroupement des militants qui allaient former la tendance « Democratia Socialista » du PT, section brésilienne de la Ivème internationale. Christophe Aguiton a rapporté ce qu’avait apporté Daniel comme dirigeant de la LCR et insisté sur l’importance de son apport théorique. Eric Toussaint a relaté son expérience avec Daniel comme dirigeants de la IVe internationale et la joie de celui-ci lors de la formation du NPA.
Hommage de Là-bas à Daniel Bensaïd.
Dimanche 24 janvier 2010 à la Mutualité à Paris un hommage était rendu à
Daniel Bensaïd.
Une girafe dans un champs de mulots
Une girafe dans un champ de mulots. Voilà comment on peut représenter Daniel
Bensaïd dans le paysage intellectuel d’aujourd’hui.
Ce que je dis n’est pas très aimable pour les mulots, c’est vrai. Mais, déjà
parmi ces mulots, vous avez reconnu BHL ou Finkielkraut ou Cohn Bendit, ...
À chacun son mulot.
Moi, c’est Télérama. À la mort de Daniel Bensaïd, Télérama a titré « Une
pensée s’éteint ». Le lendemain sur leur site, ils ont rectifié, c’est
devenu « Un penseur s’éteint ».
Mais rassurez-vous, cher Télérama, le penseur et la pensée sont restés
allumés. Vous avez pris vos rêves pour des réalités. Sachez-le, la lutte
continue !
Ah, bien sûr, les vieux soixante-huitards en chaise roulante continueront
longtemps encore à se battre à coup de canne à propos de Kronstadt et des
amours de Frida et Léon dans la maison bleue accrochée à la colline. Mais la
lutte continue, elle se mobilise pour les Conti ou les Goodyear, elle lutte
contre la privatisation de la Poste et contre la Pwofitassion, elle se bat
pour ce qu’il appelait « l’éco-communisme ». Bensaïd voulait assurer la
suite de l’histoire, il n’était pas du genre à mettre des enclumes dans les
poches des enfants.
Et pour ça, j’avoue que je me suis un peu servi de lui en l’invitant à la
radio. Pour dire, voyez, notre génération c’est pas que des renégats, pas
que des publicitaires libertaires, pas que des épaves social-démocrate...Pas
que ceux qui ont propagé la théologie de l’impuissance et du renoncement et
qui ont installé la peur au cœur même du système social. Ceux qui nous ont
persuadé que nous ne pouvons rien sur notre devenir, et -encore mieux- qui
nous ont fait croire que toutes les luttes ont été vaines, quand elles n’ont
pas conduit au goulag.
C’est ça l’irrésistible dont parlait Bensaïd. Résister à l’irrésistible,
c’est résister à cette résignation c’est résister à ce détachement cynique
qui justifie les inégalités, l’appropriation privée, la sauvagerie des
rapports sociaux.
En fait Bensaïd n’avait jamais perdu la boussole de sa jeunesse. Le mot
communisme par exemple. Il s’est cassé les reins à débarasser ce mot de
toutes les casseroles pleines de gravats que l’histoire lui a accrochés dans
le dos. Et Marx ? Marx revendiqué par Jacques Attali, Alain Minc et Joseph
Staline...Comment débarrasser Marx de son manteau de plomb ?
Bensaïd a passé sa vie à nous dire que c’est par là que se trouvent les
outils, les leviers et les munitions pour tous ceux qui n’ont pas renoncé à
faire le pari de l’émancipation humaine.
Pour Bensaïd, cette émancipation n’est pas un pari, c’est une évidence.
Cette émancipation vient du bas. On ne fait pas le bonheur des peuples
malgré eux. Même si on est du côté de l’opprimé, et surtout si on est du
côté de l’opprimé...Il revenait souvent sur « l’auto émancipation »
Sa boussole lui venait de ce bistrot toulousain où sa mère chantait « Le
temps des cerises » et, où son père, dans le tiroir du comptoir, rangeait
son étoile jaune, souvenir de Drancy.
C’est de là que lui venait ce dur désir d’égalité.
Sauf que l’égalité, nous ne la désirons qu’avec nos maîtres. Évidemment les
maîtres et les dominants sont beaucoup moins enclins à l’égalité et au
partage. Il faut parfois leur tirer un peu l’oreille et même leur tirer un
peu dessus.
Car comme disait les Motivés « Il n’y a pas d’arrangement »
Ou bien tu luttes contre les abus du capitalisme en disant « un autre
capitalisme est possible « ou bien tu cherches les voies et les moyens pour
le renverser...
Non, la pensée n’est pas éteinte et le penseur non plus.
Comme disait Bensaïd, « Au moins pour s’épargner la honte de ne pas avoir
essayé ».
La lutte continue !
Daniel Mermet
24 janvier 2010
"C’est avec profonde tristesse, que nous avons appris la nouvelle de la mort de Daniel Bensaid. Elle est, nous en sommes sûr-e-s, une doulourese et irréparable perte pour tous-toutes ceux-celles qui se lancèrent dans la construction de la LCR a la fin des années 60 et resteront , comme lui, fidélés a l’esprit de ce combat.
Mais elle représente, aussi, la disparition d’un inspirateur et animateur , difficilement remplaçable dans l’activité politique du NPA.
Nous imaginons la peine de ses proches, a qui nous adressons toute notre sympathie. Aux militants du NPA , notre solidarité et la réitération de notre volonté d’agir ensemble avec ceux-celles que, de par le monde, luttent pour changer le monde."
Pierre Cours-Saliés
Pierre Zarka
Gilles Alfonsi
Claire Villiers
Tarek Ben Hiba
Gilles Monsillon
Pour la FASE
Gilles Monsillon
On s’est retrouvé ensemble à Cuba au début des années 80, par hasard alors qu’on devait partir au Nicaragua sandiniste. Jeune militant de la LCR j’ai été impressionné par ta capacité à intégrer, à discuter comme si on était à égalité d’expérience, mais surtout de pouvoir vivre les choses simplement, de l’entrainement de coureur cyclistes sur une piste en plein soleil cubain, aux dégustation de daiquiri en passant par des discussions sur la situation en amérique latine. Une telle chaleur militante chez un dirigeant de la IV , quel bonheur ! Une générosité et un soutien que j’ai toujours retrouvé dans les années qui suivirent où tu as toujours répondu présent pour la section toulousaine, où tu as toujours soutenu nos initiatives et où tes visites ont toujours été des moments forts pour les camarades qui ont pu te rencontrer.Des images défilent de parties de foot à Brioude, de petit dej au Florida, de stages de formation aux débats politiques, des images inséparables d’un engagement militant et humain !!!
Des poutous, Daniel pour tout ça !
Bernard Deswarte - Toulouse