Depuis quelques semaines, le gouvernement et la grande presse tentent de nous convaincre que la crise, c’est fini. Ces braves gens discutent de retour de la croissance et les entreprises annoncent des bénéfices et des profits pour 2009, parfois plus importants qu’avant la crise, même, sans gêne ni honte, dans l’automobile. Ils osent même annoncer une baisse du chômage. La sortie des statistiques, l’arrivée en fin de droits de milliers de privés d’emploi ne sont évidemment que des moyens technocratiques pour faire croire que le gouvernement n’est pas inactif.
En réalité, la purge et la saignée continuent. Pas une journée sans qu’une fermeture de site ou un plan de licenciement ne soit annoncé.
Tous les secteurs, toutes les branches sont touchées : Total, Alcatel, Marionnaud, Sanofi, Altis, Delphi, Altran, Thalès, Visteon, ce sont dans chacune de ces grosses entreprises des centaines d’emplois supprimés. Dans le même temps, des dizaines de très petites entreprises ou PME sont liquidées, soit parce qu’elles sont sous la coupe directe de grands groupes, soit parce qu’elles dépendent de l’activité de zones d’emplois sinistrées. Dans le seul secteur des équipementiers de l’automobile, 35 000 emplois ont été supprimés en 2009 et 40 000 à 50 000 suppressions sont prévues d’ici 2011. Des suppressions d’emplois vont ou risquent d’être effectives dans les mois qui viennent à Philips, Freescale, Ford, Molex... Pendant ce temps, le gouvernement n’est pas en reste, engageant lui-même des milliers de suppressions de postes dans l’éducation nationale ou dans les hôpitaux.
Cette politique n’a pas seulement pour résultat de jeter des dizaines de milliers de travailleurs dans la misère. Les directions d’entreprises profitent de la situation pour accroître la productivité : la sortie de milliers d’intérimaires, de contrats précaires, de sous-traitants « sur place » se traduit par une augmentation des charges de travail sur les chaînes, dans les ateliers, dans les bureaux, dégradant la santé et la sécurité au travail.
Face à cette agression sauvage du monde du travail, les ripostes sont difficiles. Le scepticisme sur les possibilités de maintenir l’emploi s’est développé au vu des rares succès de ces derniers mois. Beaucoup de luttes démarrent pour des Plans de sauvegarde de l’emploi ou des primes exceptionnelles. Seules des victoires, même partielles, et la coordination voire la centralisation des luttes pourra changer le rapport de forces et imposer le maintien de l’emploi.
Robert Pelletier
* Paru dans Hebdo TEAN # 42 (11/02/10).