Pour un NPA féministe, laïque et de masse
Les régionales se sont déroulées en pleine campagne sur « l’identité nationale » raciste et islamophobe. Le NPA était le seul parti politique capable de s’y opposer frontalement sans se soucier des effets électoraux de son positionnement.
Issue d’un quartier populaire, la candidature d’une jeune musulmane portant le foulard était un atout pour rejeter (et non pas soutenir) l’islamisation et l’ethnicisation des questions sociales, ouvrir concrètement la voie de l’engagement politique contre les replis communautaristes ; changer les perceptions : elle démontrait que les musulman-e-s, comme les catholiques, les juifs, les athées ou non croyants, sont (comme tout anti-raciste conséquent doit l’affirmer) différenciés sur des bases politiques...
Beaucoup, y compris dans le NPA, ont découvert qu’ on peut afficher sa foi, et s’affirmer féministe, laïque et anti-capitaliste. C’est un fait que beaucoup (musulmans et athées) jugent contradictoire, mais que les organisations progressistes et tou-te-s les féministes doivent incorporer dans leurs perceptions et réflexions à l’échelle internationale . Il serait paradoxal qu’au lieu de se réjouir d’un engagement constaté contre le capitalisme et le patriarcat, on estime qu’il affaiblit ces combats.
En France et au sein-même des régimes islamiques les plus dictatoriaux, contre des courants intégristes et répressifs, le clivage essentiel n’est pas la religion ni un foulard porté avec des intentions et logiques contradictoires : c’est la défense concrète de droits sociaux et de libertés individuelles et collectives, l’aspiration pratique des femmes à l’autonomie, donc à l’éducation, au travail et au libre contrôle de leur corps et de leur sexualité – contre l’ingérence de pouvoirs religieux dans les choix individuels, y compris religieux.
Le NPA doit aider à l’émergence d’un parti de masse anti-capitaliste qui combat en pratique, en son sein et dans la société, pour que la religion ne soit pas un obstacle à l’engagement politique et militant commun écologiste, anti-capitaliste et sur les axes suivants.
1- Féminisme : Nous nous revendiquons du combat contre le patriarcat et contre toutes les violences faites aux femmes, pour leur émancipation. Celle-ci passe par leur libre choix. C’est pourquoi nous sommes contre l’obligation du foulard et contre l’interdiction de le porter dans l’espace public et la vie politique.
Il est faux d’affirmer qu’une campagne du NPA incorporant des femmes voilées pourrait moins bien exprimer l’exigence de liberté pour toutes les femmes, notamment face aux intégristes.
C’est en tant que féministes qu’il s’agit de reconnaître la diversité des cheminements vers l’émancipation et soutenir toutes les femmes qui luttent concrètement (avec ou sans voile) pour leur pleine reconnaissance comme être humain et responsable.
2- Oppressions croisées. Dans le débat en France, racisme et l’islamophobie sont réels dans le rejet des femmes voilées. Mais la lutte contre l’impérialisme ou le racisme blanc civilisateur ne signifie pas l’arrêt de la critique à l’égard des relations d’oppression au sein des nations (ex) colonisées ou non occidentales : la lutte contre l’islamophobie ne signifie pas empêcher la critique des régimes ou courants islamistes. Mais dans le contexte de la guerre impérialiste en Afghanistan, l’indignation subite et sélective sur le sort des femmes afghanes pour légitimer cette guerre devait être combattue.
Si dans des fronts (ou des moments) de lutte on peut mettre l’accent sur un enjeu principal et s’il existe des réalités de classe qui structurent les systèmes d’oppression, nous ne devons pas pour autant établir une hiérarchie morale entre toutes les oppressions croisées (sociales, de genre, de nations) que nous combattons.
3. Laïcité : nous considérons comme un acquis la séparation de l’Etat de tout pouvoir d’ingérence politique de l’Eglise et de tout clergé. Et nous nous appuyons sur la jurisprudence et l’interprétation de la laïcité produite par la Ligue des Droits de l’homme qui distingue deux sphères publiques. Celle des institutions d’Etat où s’impose la neutralité, d’une part ; et la sphère sociétale d’autre part, où la laïcité permet aux usagers et citoyens (à leurs élus, qui ne sont pas des fonctionnaires !) d’exprimer leurs convictions ou croyances en toute liberté, dans le respect des libertés publiques. C’est pourquoi dans cet espace public et politique, la visibilité du foulard n’est pas anti-laïque.
4- Rendre visible notre égalité dans la diversité et l’unité de nos luttes...
Venant de cheminements variés, tous nos membres doivent être égaux sur la seule base de l’adhésion à notre programme. Le bilan des luttes menées au nom d’idéaux d’égalité et de libertés doit intégrer Franz Fanon et Malcolm X mais aussi Martin Luther King et bien des théologies de la libération... car si la religion sert à justifier l’ordre inégalitaire et les oppressions, la foi peut aussi se retourner contre eux.
Signatures
Abdel Zahiri, Comité populaire NPA 84
Alain Pojolat, Comité Paris 13, CE, Commission prison-répression
Béa Whitaker, comité Palaiseau (Essonne) NPA 91, com. internationale & Am. Latine
Catherine Samary, Comité Paris 18è, Com.internationale, Europe &Mopal
Danièle Obono, NPA Aubervilliers (93), CE, CQP
Démian Contié, NPA Paris 15è, Com. Santé RP, Commission Jeunes Travailleurs RP
Denis Godard, Patis 18è, NPA 75, CPN, commission internationale
Denis Petitjean, NPA45, Commission Mopal
Elsa de Moraïs, Comité Fac St Denis NPA 92, Secrétariat Jeunes, CNIF
Fanny Gallot, NPA Paris 11e, CPN, CNIF
France Coumian, Comité 19 Nord, NPA 75, CPN
Hendrik Davi, NPA 84
Ilham Moussaid, comité populaire 84 , trésorière départemental
Jean-Louis Marchetti, comité Gardanne ; Secrétariat Exécutif Départemental 13
Jules Lavalou, comité lycéen de Rennes, NPA 35, Secrétariat national Jeunes.
Julien Salingue, Comité Pantin 93, Commission MOPAL
Mireille Court, Paris 20è, NPA 75, Commission inter & Mopal
Nora Benameur , comité populaire 84 , CPN, commission QP et MOPAL
Raoul-Marc Jennar, NPA 66, CPN
Sylviane Charles, Comité Paris 20, CPN
Vanina Giudicelli, Comité Montreuil, 93, CE, commission anti-raciste
et autres signatures
Réflexions et commentaires critiques sur les « Bases programmatique pour un NPA féministe, laïque et de masse »
Maya Claret, Xavier Claret, Marie Cécile Périllat, militant.e.s du NPA 31
De notre point de vue, certains aspects de l’argumentation développée dans ce texte sont problématiques voire manipulatoires. Nous voulons ci-dessous faire des remarques sur les points clef du texte. (En italique les citations tirées du texte « Bases programmatiques »).
1. Le titre pour commencer : « Pour un NPA féministe, laïque et de masse » : qui n’est pas d’accord avec ça ? Nous souscrivons à un tel titre ! Et pourtant il y a un débat entre nous, il faut donc voir ce qui est mis derrière les mots et les fausses évidences.
2. A propos du préambule
Quelles différenciations ?
Le préambule précise les intentions placées dans la candidature d’une femme voilée : « Issue d’un quartier populaire, la candidature d’une jeune musulmane portant le foulard était un atout pour rejeter (et non pas soutenir) l’islamisation et l’ethnicisation des questions sociales, ouvrir concrètement la voie de l’engagement politique contre les replis communautaristes ; »
On note qu’il n’est pas tant question de présenter Ilham parce qu’issue des quartiers populaires mais bien parce que musulmane ; et voilée parce que c’est la seule façon que cela se voie. L’idée est donc de rejeter « l’islamisation et l’ethnicisation des questions sociales » en montrant que des musulman-es en tant que musulman-es peuvent partager les valeurs de la gauche française dont le féminisme et la laïcité. C’est en soi un projet politique qui doit se discuter comme tel, et pas comme une fausse évidence. Derrière il y a la volonté affichée de travailler les divisions politiques parmi les populations musulmanes, pour « ouvrir la voie de l’engagement contre les replis communautaristes », en découpant une frange gauche qui viendrait vers l’anticapitalisme. Mais ce faisant on passe par pertes et profits la question de l’allégeance maintenue aux préceptes religieux, dont le voile par exemple. On y reviendra plus bas.
« changer les perceptions : elle démontrait que les musulman-e-s, comme les catholiques, les juifs, les athées ou non croyants, sont (comme tout anti-raciste conséquent doit l’affirmer) différenciés sur des bases politiques... »
Cette question de qui différencie qui sur quelles bases est fondamentale. Nous faisons le choix justement de ne pas recruter sur une différenciation religieuse, donc de ne pas choisir dans l’identité plurielle des populations des quartiers populaires une dimension musulmane, au détriment d’une autre (histoire, culture, sexe etc..). C’est bien sur des bases politiques que nous nous adressons à elles.
Pour les signataires de ce texte, il s’agit donc d’une stratégie dans laquelle le NPA doit affirmer une dimension religieuse parce que ce serait un atout dans les quartiers populaires, lesquels sont assimilés aux populations musulmanes, ce qui en soi mériterait un débat sérieux.
Une discrimination contre une autre ?
Les discriminations que subissent les habitants des quartiers populaires et en particulier la jeunesse sont insupportables, la révolte est légitime. La révolte prend de multiples formes. Le port du foulard peut en être une expression. Cela peut vouloir dire : « Nous sommes en France, chez nous ! »Vous« ne nous voulez pas à cause de notre nom, à cause de notre couleur, à cause de l’histoire de nos pères et de l’histoire de « vos » crimes. » Vous« ne voulez rien de nous. Eh bien nous sommes ici chez nous, et avec nous on prend tout ! Sans faire de détail ! L’histoire, les habits, les symboles, la religion et le foulard. Tout ! Le meilleur et le pire. Ce foulard que vous qualifiez de symbole de l’oppression des femmes, nous on décide de le transformer en symbole de notre libre arbitre, de notre liberté, contre le racisme que nous subissons quotidiennement... ».
Seulement voilà : on ne joue pas une discrimination contre une autre, on ne change pas la signification d’un symbole par la décision de quelques uns. Pour imposer celui-ci, il faut en écraser un autre. Il faut nier le foulard comme symbole et manifestation de l’oppression des femmes.
La foi, un angle mort politique ?
« Beaucoup, y compris dans le NPA, ont découvert qu’on peut afficher sa foi, et s’affirmer féministe, laïque et anti-capitaliste. C’est un fait que beaucoup (musulmans et athées) jugent contradictoire, mais que les organisations progressistes et tou-te-s les féministes doivent incorporer dans leurs perceptions et réflexions à l’échelle internationale. »
Non, nous n’avons pas découvert que des croyants peuvent se déclarer anticapitalistes, laïques, voire féministes, mais ce qui est posé ici c’est la question de l’allégeance maintenue des croyant-es au dogme religieux et aux institutions qui les promeuvent. Car les religions, c’est une histoire, c’est des pouvoirs, c’est des hiérarchies, c’est des dogmes, c’est des interdits (libre disposition des corps, sexualité, voile...) c’est le principe de soumission (« à la volonté de dieu »). Les positions d’Ilham et des défenseur-es de sa candidature ont illustré parfaitement ce problème : le fait de porter le voile, au nom de l’islam – ou plus exactement d’une certaine conception de l’Islam, puisqu’on peut être musulmane et ne pas le porter –, est systématiquement présenté comme un choix religieux individuel non discutable car librement fait au nom de la foi… Une sorte d’angle mort politique.
Si les musulmans sont différenciés sur des bases politiques, ce à quoi nous souscrivons totalement, curieusement le foulard islamique, lui, n’a pas de sens ni de portée politique, il serait neutre, ne recevant que le sens qu’y met celle qui le porte. Or les religions ne sont pas neutres politiquement. Si les croyant-es peuvent mettre dans leur foi des contenus politiques variés allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, on ne peut faire l’économie d’interroger le dogme, l’idéologie, les pratiques religieuses telles qu’elles sont portées par les croyants qui s’en réclament, fussent-ils de gauche. Ce n’est pas un hasard si la gauche latino américaine, qui a longtemps articulé message chrétien et combat pour la justice sociale au travers de la théologie de la libération, soit aujourd’hui encore la plus rétive au droit à l’avortement ! De même, le sens religieux et aliénant du foulard, ce n’est pas les féministes d’un autre temps qui l’ont inventé. Il n’y a pas, comme le prétend Ilham, dans un reportage "... une rupture générationnelle entre les anciens de la LCR et les nouveaux militants du NPA ». L’oppression spécifique des femmes est séculaire. Elle est portée par les religions.
Spécificité de l’athéisme
Une remarque encore sur ce qui apparaît en filigrane dans le texte à propos de l’athéisme : assimiler les croyances religieuses et les athées ou les non croyants est manipulatoire : l’athéisme n’est pas une croyance comme une autre, c’est une posture philosophique diamétralement opposée à toutes les croyances religieuses, celle qui permet une pensée matérialiste, par définition.
Internationalisme
Enfin, le préambule aborde brièvement la dimension internationale. On a pu lire par ailleurs que c’est dans des actions en solidarité avec le peuple palestinien qu’Ilham a rencontré le NPA. Sur cette question, nous renvoyons au texte écrit par Pierre Rousset « internationalisme » [1] dans le bulletin de discussion.
Le Hamas est une composante importante de la résistance du peuple palestinien. Le NPA ne peut adopter comme orientation politique « les ennemis de mes ennemis sont mes amis »... C’est le meilleur chemin vers les déroutes idéologiques et politiques. On a connu la résistance palestinienne de gauche et laïque. Elle a perdu. La résistance est effectivement passée sous hégémonie des partis islamistes. Ca ne fait pas de l’Islam la traduction politique de la révolte contre l’impérialisme, la misère et la corruption des élites.
Après le préambule le texte pétition décline quatre chapitres :
3. Féminisme : oppression vs « libre choix »
Le chapitre féminisme affirme le « ... combat contre le patriarcat ... », d’accord ; « ...contre l’interdiction de porter le voile dans l’espace public... », d’accord. Entre les deux on nous dit : « libre choix ». Mais si le voile était un « libre choix » pour toutes les femmes nous n’en parlerions même pas. Or le voile n’est pas seulement un symbole, il est une manifestation de l’oppression des femmes, le biais par lequel les trois religions monothéistes, pour ne parler que d’elles, entendent contrôler le corps des femmes, affirmer donc le pouvoir de la société –patriarcale faut il le rappeler – sur ce corps, et, partant, sur leur sexualité, leur fécondité etc. On ne peut pas nier que c’est bien là la finalité que les trois religions donnent à cette contrainte vestimentaire imposée aux femmes. Ce qui ne veut pas dire que toutes le portent en y mettant ce sens là ; il y a par définition dans la pratique religieuse, une adhésion au dogme et aux rites qui renvoie à bien autre chose qu’à l’analyse rationnelle.
Quand on réduit le port du voile à un choix dont le sens varie selon la façon dont il est porté et assumé, on mesure combien l’idéologie libérale dominante a pénétré profondément nos mentalités. En gros, à partir du moment ou l’individu –postulé libre et sans déterminisme sociologique, idéologique etc…– fait un choix, ce choix n’aurait que le sens que l’individu en question y met, Et le fonctionnement global de la société ne serait plus que la somme des choix individuels sensément libres… C’est la négation du principe même de l’oppression.
Le fait que des femmes puissent revendiquer le port du voile comme un choix personnel n’enlève rien au caractère oppressif du voile. Vous trouverez quantité de femmes, par ailleurs parfaitement épanouies et émancipées, qui revendiquent leur choix de consacrer beaucoup plus de temps aux tâches domestiques et à élever leurs enfants que leur compagnon, quantité qui préfèrent privilégier leur vie familiale plutôt que professionnelle ou militante, et qui s’en trouvent bien. Cela n’enlève rien au fait que la question, à l’échelle de la société et pas de l’individu, du partage des tâches domestiques entre les sexes est une question politique, qui renvoie à une oppression spécifique des femmes. Si on perd cette boussole là c’en ait fini de la lutte des femmes, car on tombe dans un relativisme complet qui nie la réalité de l’oppression, celle que le mouvement des femmes s’est justement acharné à démontrer au cours d’années de lutte. On perd du coup la capacité à penser les comportements individuels en termes politiques et on ouvre la porte au moralisme. Or la condescendance et le jugement moral sont absents de notre réflexion féministe, à propos du voile comme à propos du reste des questions relatives à l’oppression des femmes. Le voile est une question politique qui doit être traitée comme telle et pas comme un choix vestimentaire individuel.
Pour conclure ce paragraphe on nous dit « ...soutenir toutes les femmes qui luttent concrètement (avec ou sans voile) pour la pleine reconnaissance comme être humain et responsable ... », Qui n’est pas d’accord avec ça au sein du NPA ? Mais n’oublions pas que cette lutte « concrète » (voir aussi l’insistance du préambule sur l’aspects concret /pratique des luttes et aspirations des femmes) ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la nature de l’oppression, y compris dans ce qu’elle a de plus inconscient, profondément ancrée dans notre socialisation, et qui conditionne souvent nos choix les plus intimes.
Aussi, personne ne propose de trier, dans le combat contre l’oppression des femmes, entre bonnes et mauvaises féministes, ni, pire encore, d’exclure des catégories de femmes de notre projet émancipateur parce qu’on considérerait qu’elles seraient plus ou moins aliénées. Il s’agit pour nous de penser l’oppression des femmes comme une question politique, et de définir la manière dont le NPA comme parti choisit d’incarner le programme qu’il porte, y compris dans sa dimension féministe.
4. Ne pas hiérarchiser les oppressions… justement !
Dans le chapitre « Oppressions croisées », les militants du NPA sont invités à s’apercevoir que les états impérialistes fauteurs et criminels de guerre dans le monde et en Afghanistan en particulier se moquent du sort des femmes afghanes. Serions nous anticapitalistes et anti-impérialistes si nous ne comprenions pas cela ? On nous dit dans ce chapitre que « ... la lutte contre l’islamophobie ne signifie pas empêcher de critiquer les régimes ou courants islamistes... ». C’est rassurant. Les signataires nous diront jusqu’où on est autorisé à aller dans la critique de l’islam sans être islamophobe et raciste ou coupable de collusion avec l’impérialisme ? Mais arrêtons nous ici sur « l’ islamophobie ». Outre le fait que nous contestons dans l’usage de ce terme la tendance à en faire la forme principale du racisme qui s’exerce dans les pays occidentaux, divisant de manière absurde les populations victimes de racisme, nous voulons nous arrêter là encore sur la malignité des mots. A partir de quand devient on islamophobe ? Faut il critiquer un peu moins les imam que les curés ? A partir de quand passe t’on d’islamophobe à raciste ? On combat le racisme par l’antiracisme et l’égalité, comment combat on l’islamophobie ? Par l’islamophilie ?
Ce paragraphe se termine sur la mise en garde suivante : « Nous ne devons pas pour autant établir une hiérarchie morale entre toutes les oppressions croisées (sociales, de genre, de nations) que nous combattons. » Nous partageons sans réserve l’exigence de ne pas hiérarchiser les oppressions, mais l’emploi du mot « morale » interroge pour le moins : les camarades feraient ils de questions comme le féminisme ou la laïcité des questions « morales » ? Nous pas.
5. Laïcité : le parti/la société
Encore un chapitre où l’on nous parle d’évidences sans traiter la question, « [...] c’est pourquoi dans cet espace public, et politique la visibilité du foulard n’est pas anti-laïque [...] », la question ce n’est pas la laïcité dans l’espace public. Le NPA, ce n’est pas « l’espace public », c’est une organisation politique qui choisit les valeurs qu’elle veut porter et l’image qu’elle veut donner d’elle même, sur la base d’un programme commun sur lequel elle souhaite unifier les opprimé-es et les exploité-es. Que les autres partis mettent des cardinaux sur leurs listes s’ils le souhaitent. Nous parlons ici du NPA et de son projet politique.
6. Religion et engagement politique
Enfin, le dernier chapitre sur l’égalité et la diversité où sont mis en avant des noms emblématiques de la lutte pour l’égalité « ...Franz Fanon, Malcom X et Martin Luther King et bien des théologies de la libération... ». Bien sûr que la religion porte en elle ses contradictions et qu’elle génère des militants qui, à partir d’une interprétation humaniste de la religion, combattent contre l’injustice … et en viennent parfois à rejeter leurs convictions religieuses ou du moins à quitter le terrain religieux ! Justement, le NPA en s’écartant des considérations religieuses offre la permanence de la lutte à tous, quelque soit le chemin qu’ils ont parcouru et les raisons qui les ont ouverts au combat anticapitaliste. Les signataires de ce texte demandent au NPA de faire en sorte que « ... la religion ne soit pas un obstacle à l’engagement politique... ». Il faut s’entendre, notre projet ne peut être validé que s’il est affranchi des Eglises et des religions, sans ambiguïté.
C’est pourquoi il n’est pas possible que le NPA mette en valeur la religion dans son projet. Les principes - lutte contre les illusions (qu’elles soient religieuses, politiques ou sectaires), lutte contre les pouvoirs religieux, féminisme - que le NPA doit porter, sont bafoués par la candidature d’une femme voilée par « conviction religieuse ». Notre projet doit être de donner un sens à toutes les révoltes. Pas de faire le chemin inverse.
Candidature d’Ilham : cinq raisons d’un désaccord
Ce texte est le fruit d’une discussion entre militant(e)s membres ou non du Comité politique national (CPN) du NPA à propos de la présentation d’une candidate portant le foulard islamique dans le Vaucluse et ses implications multiples. S’il demande à être approfondi, il a le mérite d’indiquer brièvement les problèmes en débat.
Les noms qui figurent au bas du document sont ceux des premièr(e)s camarades du CPN qui, ayant eu connaissance du texte, ont exprimé leur accord avec son contenu. De nombreux autres camarades, qui ne sont pas membres du CPN, l’ont aussi signé dès sa rédaction ou après sa diffusion dans le bulletin électronique rassemblant les textes versés au débat du CPN.
Nous avons manifesté notre désaccord avec la décision concernant la candidature d’Ilham pour au moins 5 raisons fondamentales, brièvement évoquées ci dessous.
Démocratie
Nous jugeons inacceptable l’absence de débat collectif à propos d’un choix qui a une portée nationale et que tout le NPA a été sommé d’assumer, comme si la discussion était close avant même d’avoir commencé, alors que chacunE savait que la question divisait profondément le NPA. Ce n’est pas comme cela qu’un parti démocratique doit fonctionner. La règle communément admise jusque là, c’est que le débat précède toujours la décision. Dans le cas présent, ce fut l’inverse. Nous savons que bon nombre de militants et militantes ont été consternés que soit imposée à toute l’organisation une candidate affichant un signe religieux, devenue pour certains un porte-drapeau.
Laïcité
Le NPA s’est déclaré laïque. Cela signifie que croyant(e)s, agnostiques ou athées doivent pouvoir cohabiter dans la mesure où il y a accord entre tous et toutes sur son programme anticapitaliste, antiraciste, écologiste, internationaliste et … féministe. C’est faire le choix d’unifier l’ensemble des exploités et des opprimés des deux sexes, pour mener un combat collectif sur ce programme.
Il s’agit donc de refuser les divisions en termes de communautés religieuses. Ce qui est parfaitement compatible avec la défense de revendications contre les discriminations que subissent spécifiquement les musulmans en France. Mais choisir une militante avec un foulard musulman comme porte-parole, c’est valoriser la dimension religieuse, voire favoriser le prosélytisme religieux et les divisions entre croyantEs et non-croyantEs, femmes voilées ou non-voilées, femmes « pudiques » et femmes « impudiques » etc.
Oppression des femmes
Le mouvement féministe est traversé par plusieurs courants mais en tant que militantes anticapitalistes, nous nous situons dans le courant féministes/luttes de classe. Nous luttons pour l’égalité femmes/hommes. Nous pensons que le combat pour l’émancipation des femmes passe par la reconnaissance du droit à disposer de son corps et par une critique radicale de tous les discours réactionnaires, y compris religieux et de leurs partisanEs, en faveur d’ un ordre patriarcal et hétérosexiste et qui prétendent normaliser la sexualité des individus, en particulier celle des femmes, dans le cadre du mariage et subordonner leurs activités aux devoirs familiaux.
Le choix d’une femme qui porte le voile peut être interprété comme excluant les femmes qui estiment que le voile est un symbole d’oppression et que les dogmes religieux n’ont pas à leur imposer des règles de vie, quels que soient les motifs individuels invoqués par ces militantes. Le foulard ne peut pas être considéré comme un vêtement comme un autre.
Nous n’oublions pas que les femmes ont gagné des batailles pour leur émancipation en France et ailleurs en luttant contre les Eglises ou contre les laïcs qui leur refusaient le droit de vote sous prétexte qu’elles étaient influencées par l’Eglise !
Quelles que soient les déclarations d’Ilham sur le droit des femmes à l’avortement et à la contraception, le voile qu’elle porte obscurcit le message que nous souhaitons diffuser, dès lors qu’elle représente publiquement le NPA.
Internationalisme
En tant que parti internationaliste, quel message renvoie-t-on aux femmes des pays qui se battent contre les Etats religieux qui leur imposent de se voiler, de dissimuler complètement leur corps et qui leur dénient toute possibilité de décision quant à leur vie ? Ce n’est sûrement pas un message de solidarité et de soutien à toutes celles qui luttent au quotidien pour acquérir quelques espaces de liberté.
Peu importe pour certain(e)s militant(e)s qui voient dans le foulard un symbole de la résistance internationale à l’impérialisme ! Les femmes portant le foulard dans les pays dits occidentaux constitueraient l’avant garde résistant aux politiques racistes et impérialistes menées depuis le 11 septembre.
Pour nous, il n’est pas question de tomber dans le piège de la théorie de l’ennemi principal qui entraîne un soutien inconditionnel à tous mouvements opposés à l’impérialisme quand bien même ils oppriment les femmes, font régner la terreur dans les populations et portent un projet de société radicalement opposé au nôtre. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Etre internationaliste, c’est lutter pour l’émancipation au delà des frontières, c’est donc être solidaire des victimes de toutes les oppressions, partout dans le monde. Les femmes qui luttent pour ne pas se voir imposer le port du voile ne peuvent être considérées comme des victimes « collatérales » du combat anti-impérialiste. En Afghanistan, nous sommes aux côtés de celles et ceux qui se battent à la fois contre l’impérialisme et les talibans.
A propos de l’intervention dans les quartiers populaires
Déclarer qu’une telle candidature constitue un message envoyé aux jeunes des quartiers populaires est choquant. C’est laisser penser que leur premier problème est d’ordre religieux alors qu’ils subissent de plein fouet la précarité et sont victimes de multiples discriminations. Par ailleurs, si des jeunes femmes portent un voile, de nombreuses autres essaient d’y échapper. Le NPA doit leur manifester sa solidarité explicite, comme il doit le faire au plan international. Il y a là à la fois une méconnaissance de la réalité des dits quartiers populaires, et une erreur politique fondamentale qui consiste à diviser au lieu d’unifier.
Notre démarche cherche à prendre en compte toutes les oppressions (de classe, de genre ou post-coloniale) qui se combinent et renforcent les inégalités. Nous refusons de les hiérarchiser au point d’en négliger certaines.
En conclusion :
Le débat s’est engagé dans le NPA et nous nous sommes regroupés pour discuter, élaborer et défendre notre position illustrée par les cinq axes que nous avons développés dans ce texte. Le débat va se poursuivre et s’approfondir. Nous appelons toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans notre démarche à nous rejoindre.
Adeline (NPA Vaucluse), Agnès (NPA 65), Anne Leclerc (Paris 18e, CE, CNIF), Christophe (est-Etang de Berre-Vitrolles, 13), David (Montpellier), François (Antony-92 sud), Guillaume Liégard (Paris 20e, CE), Ingrid Hayes (Paris 20e, CE), Laurence (Hauts Doubs), Margaux (Paris 11), Marie Line (NPA 72), Martine (Bayonne, Boucau, Seignanx – 64), Mireille (NPA 26), Monique Mignaud (Clamart-92 sud), Philippe (Paris 13e), Rosie (Marseille 2e et 3e, 13), Stéphanie Treillet (Créteil-94, CNIF), Thomas (Bobigny-Drancy-93), Violette (Paris 19e-Belleville, CNIF)
Principes fondateurs, parti laïc ou parti pour l’émancipation
Galia Trépère (CE, Alfortville 94)
Dans la discussion qui a suivi la présentation d’une candidate voilée sur la liste NPA du Vaucluse en PACA, beaucoup de camarades ont avancé comme une évidence l’idée que le NPA serait un « parti laïc ».
La formulation est d’autant plus confuse qu’elle a été employée -parfois même comme justification- par des camarades qui défendent des opinions différentes, voire opposées dans cette discussion.
En réalité, cette formulation d’un « parti laïc » n’a jamais été discutée dans le parti. Elle ne figure d’ailleurs pas dans les Principes fondateurs.
Loin de moi l’idée que les Principes fondateurs devraient être gravés dans le marbre. Nous avons été assez nombreux, par exemple, à critiquer le paragraphe où il est dit entre autres que le « socialisme implique […] le respect des opinions philosophiques, religieuses ». Toutes vraiment ? Mais du moins ont-ils été discutés lors du congrès. Ce qui n’est pas le cas de la formule d’un « parti laïc ».
Quand il est question de laïcité dans les principes fondateurs du NPA, cela concerne les rapports entre l’Etat et la religion. « Nous affirmons notre attachement au principe de la laïcité, en particulier la séparation rigoureuse entre les Églises et l’État ». Quand il est question du parti, on a choisi d’employer les formule de « parti pour l’émancipation », « pour la transformation révolutionnaire de la société ». Définir le contenu de ces formules sera au cœur des discussions de notre prochain congrès, ce qui signifie définir entre autres, le rapport de notre parti avec la religion. Celui-ci n’était pas précisé, à dessein, dans le processus de fondation du parti, pas plus qu’il ne l’a été dans les mois qui ont suivi, dans ce qui est toujours un processus de sa construction. Cette question est en effet complexe et il aurait été préjudiciable d’y apporter une réponse –ou plusieurs- sans que celles-ci soient le résultat d’une discussion approfondie, sans que l’ensemble des militants aient pu s’emparer de ce débat.
Un parti pour l’émancipation ne peut être neutre sur la question de la religion
Telle qu’elle est employée –et c’est bien pour cela qu’elle peut servir à des positions contradictoires dans la discussion- la formule de « parti laïc » renvoie au fonctionnement du parti. Il s’agirait d’un parti où peuvent cohabiter ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Que des croyants puissent être membres du NPA, c’est une chose. Mais cela ne signifie pas pour autant que le parti n’a pas d’avis sur la religion, qu’il ne combat pas les préjugés religieux et qu’il devrait taire cet aspect de ses conceptions pour ne pas gêner celles ou ceux qui se trouveraient en contradiction avec celles-ci.
Nous ne caractérisons pas notre parti comme « athée » ou comme « antireligieux », mais comme socialiste, communiste, ce qui définit les perspectives de notre combat. Mais un parti pour l’émancipation ne peut être neutre par rapport à la religion. Et ce n’est pas un hasard si cette discussion vient à l’occasion de la présentation sur nos listes d’une candidate qui porte le foulard, symbole de l’oppression de la femme. Il n’y a pas eu un seul progrès dans le combat pour l’émancipation des femmes qui n’ait été en même temps un point marqué contre les religieux de toutes les obédiences.
Par ailleurs, un parti dont l’objectif est que les opprimés aient confiance dans leurs propres forces, sans espérer rien d’autre que de leur propre action, de leurs propres initiatives, et en conséquence de leur propre compréhension du monde et de la société, ne peut rester neutre sur une question aussi décisive que la religion. Son programme, ses conceptions sont fondées sur le matérialisme moderne, évolutionniste, sur les progrès de la science, et ce même matérialisme appliqué à la société elle-même.
Il est vrai que ces conceptions sont combattues, de manière ouverte ou plus insidieuse, par nombre d’intellectuels, comme c’est le cas, par exemple aux Etats-Unis où le créationnisme a droit de cité jusque dans certaines universités.
Il est vrai aussi que le stalinisme a tellement caricaturé le marxisme en en faisant un déterminisme absolu et mécanique, une vérité révélée nécessaire pour asseoir les pouvoirs de chefs prétendument infaillibles à la Staline ou à la Mao que se revendiquer du matérialisme est parfois assimilé à une soumission à des dogmes, une religion qui ne dirait pas son nom.
Raison de plus pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion.
Notre matérialisme ne prétend pas à l’originalité, il s’inscrit dans le progrès des sciences, des connaissances humaines. Sa seule particularité est qu’il imagine et anticipe l’évolution de la société humaine jusqu’à son émancipation du capitalisme et de l’exploitation, qu’il inscrit son action et son combat dans cette perspective. Et c’est évidemment une différence de taille !
Voile, féminisme et émancipation : pour une question de méthode
Laurence (CPN – Franche Comté)
Il s’agit de distinguer la façon dont on se prononce sur l’épisode de la candidature du Vaucluse, de la façon dont on va discuter par la suite sur l’intégration d’une part et la possibilité de représenter le NPA d’autre part, de camarades portant le voile ou autre signe ostensible religieux et/ou d’oppression (ce qui doit renvoyer à une sérieuse discussion sur les critères de choix de nos porte parole).
Bien sûr les deux sont liés, mais les circonstances dans lesquelles la candidature d’Ilham s’est imposée à toutes et tous, par un passage en force, doivent être éclaircies et conduire à des modifications de notre fonctionnement démocratique dans le cadre du débat de congrès, des statuts, des missions relevant de la commission de conciliation…etc. Car en réalité, même pour les tenants de cette candidature, de tels procédés desservent l’objectif. Ce premier point doit être résolu dans de bonnes conditions si on veut avoir une chance d’avancer sur le fond le plus sereinement possible, sans crainte que les mises devant le fait accompli ne se reproduisent.
L’objet de ce texte est plutôt de savoir comment aborder cette question, comment en débattre. Et notamment, comment quelle que soit la décision prise, celle-ci ne peut l’être au détriment de notre orientation féministe. Ce serait le cas si les femmes de l’organisation et au-delà, qui sont choquées, qui se sentent atteintes, n’étaient pas entendues. Ce serait le cas aussi si celles qui estiment pouvoir combiner l’engagement anticapitaliste avec l’affichage de leur religion n’étaient pas entendues. De ce point de vue, bien que ne partageant aucun des arguments (pour certains franchement choquants) des camarades signataires du texte « féminisme et foulard : une contradiction », je partage en partie leur proposition de discussion dans un cadre non-mixte. Evidemment, cette proposition ne doit pas écarter tous les autres cadres de débat (comités, commissions QP, antiracisme, CPN, congrès,…) mais cela me paraît être un point de départ nécessaire si on veut à la fois se saisir de la complexité de la question et en même temps écarter certains écueils.
Par écueils j’entends,
les arguments en faveur d’une candidate voilée relevant du relativisme culturel basique, (voir d’autres textes sur ce point). La question sur laquelle je bute est « que disons nous, à quoi renvoyons nous celles et ceux qui résistent ici et ailleurs dans le monde contre les signes d’oppression notamment religieux ? » Que ça n’a pas d’importance, que tout est affaire de « choix » individuels ? On s’exonère alors d’une sérieuse réflexion collective sur les formes d’ oppressions.
les arguments laissant entendre que c’est une condition de notre implantation dans les QP (vision partielle, ethniciste plutôt que lutte de classe, réduisant les habitants des quartiers à des musulmanEs pratiquantEs et sous entendant que leur radicalisation passe forcément par la religion…). Que le port du voile ou l’expression ostensible d’options religieuses, ici et maintenant, dans des circonstances déterminées dans des parcours de vie déterminés, puisse être l’expression d’un rejet du colonialisme et du racisme, et du même coup du système de domination, cela peut s’entendre et même se vérifier. Que l’on théorise à partir de là que c’est le vecteur de radicalité que nous souhaitons mettre en avant et par lequel on souhaite se construire, c’est autre chose.
De manière générale, tous les arguments du type « les amis de mes ennemis sont mes amis », postures qui occulte avec naïveté ou aventurisme condamnable le poids millénaire d’autorités religieuses réactionnaires et autoritaires, d’où qu’elles viennent.
Donc, cela implique d’entendre, de prendre en compte, de dialoguer, de cheminer ensemble, sans a priori ou modèle émancipateur à fournir. Mais dans une dimension de processus. Oui il y a d’autres formes, d’autres sources d’oppression « invisibles », mais ce ne peut être un argument pour dire que toutes celles qui sont visibles ne sont pas graves. Oui l’émancipation des oppriméEs sera l’œuvre des oppriméEs elles/eux-mêmes. Mais comment ce processus peut-il avoir lieu si on est déjà au point d’arrivée avant de l’avoir entamé ? Sauf à remettre en cause l’analyse selon laquelle le voile est un signe objectif d’oppression des hommes sur les femmes, d’un point de vue collectif, culturel, historique, on ne peut pas en rester là : donc cela implique d’avoir des modalités collectives pour l’auto-émancipation.
On ne doit pas ajouter l’exclusion à l’oppression. Mais restituer une parole et une analyse féministe au NPA – sans préjuger de ses conclusions – est un point de méthode nécessaire pour garantir à toutes et tous un débat et une action qui mette nos principes émancipateurs au cœur de notre démarche. C’est aussi une façon de ne pas réduire Ilham ou d’autres à un voile, mais de prendre en compte la globalité de l’oppression des femmes tant vis-à-vis du patriarcat, que de l’exploitation capitaliste, que du racisme et du poids des religions.
Lutter contre l’intégrisme religieux, mais pas contre les croyants !
Julien Salingue (Pantin)
Lutter contre l’influence de courants religieux réactionnaires est une tâche à part entière pour tout projet d’émancipation sociale. Mais pour y parvenir, il est indispensable de ne pas tout mélanger. Surtout pas au nom du matérialisme et/ou de Marx, dont la fameuse citation sur « l’opium du peuple » a tellement été utilisée pour dire tout et son contraire ces dernières semaines qu’elle mérite d’être rappelée in extenso :
« La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit.
C’est l’opium du peuple.
Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé a une situation qui a besoin d’illusions ».
La lutte contre l’influence des idées religieuses est inséparable de la lutte contre les conditions matérielles qui leur donnent une audience, mais elle est surtout conditionnée par cette dernière. Il est vain de vouloir arracher des gens à des illusions sans changement de leurs conditions d’existence ou, au moins, une lutte menée ensemble dans l’objectif d’un tel changement.
Une attitude matérialiste ne consiste pas en une dénonciation vaine de l’idéalisme ou du caractère réactionnaire des religions. Il s’agit plutôt de comprendre les conditions matérielles dans lesquelles ces idéologies s’inscrivent et la complexité des incarnations de l’idée religieuse.
Nous devons toujours distinguer les croyants et les institutions religieuses. Ne pas confondre celui qui croit pour des raisons qui lui sont propres et celui qui fait croire afin d’acquérir ou de consolider une place dans une société inégalitaire.
Nous devons également tenir compte du statut de la religion. Selon les périodes, les pays et son rapport à l’Etat, une religion peut être dominée ou dominante. Des gens peuvent être victimes de discriminations en raison de leur religion alors qu’ailleurs cette même religion discrimine les autres. On comprendra qu’être catholique en Irlande du Nord dans les années 60 et 70, ce n’était pas exactement la même chose qu’être catholique dans l’Espagne franquiste. De même, l’Islam des banlieues françaises n’est pas l’Islam du régime iranien.
Nous devons enfin distinguer les fondements idéologiques (réactionnaires) d’une religion et les institutions religieuses elles-mêmes. Les institutions religieuses apparaissent et se développent dans une société donnée et sont en interaction avec elle. Nous ne pouvons nier le rôle des institutions et des idées religieuses mais nous ne devons pas les déconnecter des réalités matérielles et des rapports de forces sociaux. C’est ainsi qu’au sein même de l’institution des failles peuvent apparaître : comment comprendre, sinon, la présence répétée, dans l’Histoire, de dignitaires religieux et/ou d’organisations religieuses dans les luttes progressistes ?
Nous n’avons donc pas affaire à des blocs réactionnaires homogènes. Ceux qui peuvent être gagnés à des courants religieux sont souvent ceux à qui nous nous adressons : celles et ceux qui souffrent tellement de la violence du développement du capitalisme qu’ils sont susceptibles d’adhérer aux illusions véhiculées par des religieux qui leur promettent le changement.
Toute la question est de savoir comment nous pouvons combattre l’influence des courants religieux. Et ce n’est pas en dénigrant les croyants que nous obtiendrons un quelconque résultat. Ce n’est pas non plus en nous attaquant à Dieu que nous y parviendrons. Etre matérialiste signifie aussi comprendre que l’on ne pourra pas démontrer de manière matérielle la non-existence de Dieu.
C’est en démontrant que la politique des courants religieux ne conduira en rien à une émancipation des opprimés que nous convaincrons, et pour y parvenir il est indispensable que nous luttions côte à côte, croyants et non-croyants. Les préjugés racistes s’estompent lors d’une lutte où se retrouvent des travailleurs français et des travailleurs étrangers. Les préjugés religieux et anti-religieux s’estompent lorsque l’on mène une lutte où se retrouvent des gens de différentes confessions et des athées.
Construire ensemble une lutte (contre la politique anti-sociale du gouvernement ou le racisme) ou un parti, c’est prendre conscience que le monde ne se divise pas entre croyants et non-croyants mais en classes sociales et groupes sociaux aux intérêts contradictoires. Et en cas de victoire, c’est se rendre compte que les êtres matériels, quelles que soient leurs opinions religieuses, peuvent être acteurs de la transformation sociale. C’est combattre, en définitive, la force d’attraction des courants religieux, non pas contre, mais avec les croyants.
Quel projet politique pour le NPA ?
Nouria, Théo, Samah, Vololona, Cathy (CPN, Saint-Denis 93)
La candidature d’Ilham a posé publiquement et en interne des questions auxquelles nous devons maintenant répondre, sur la forme et sur le fond.
Cette candidature a été un choc pour la plupart des militants du NPA, poussant certains à ne pas participer à la campagne. Celles et ceux (dont nous sommes) qui ont mené la campagne se sont vus imposer un débat, qui n’avait pas été mené en interne. Au-delà des pertes électorales qui sont d’autant plus dures à accepter qu’elles résultent d’une orientation que nous n’avons pas choisie collectivement, le problème est celui des ruptures que cela a provoqué.
Le NPA doit clarifier ses positions. Certains de nos sympathisants mais aussi des gens rencontrés ont choisi de ne pas voter pour le NPA, soit parce que le voile est un symbole d’oppression, soit parce que l’exposition de nos débats sur la place publique met en doute le sérieux de notre organisation. D’autres ont vu dans le NPA le défenseur des musulmans, ce qui n’est pas la vocation de notre parti politique. Pas plus que lorsque nous combattons l’antisémitisme nous ne défendons « les juifs » et encore moins l’Etat d’Israël. Pour ressouder notre organisation autour d’un projet de transformation révolutionnaire, il nous faut préciser : quelle société voulons nous construire et comment ? Ce débat sera vaste, nous voulons commencer à poser quelques questions.
Comment peut-on prétendre participer à l’émancipation humaine de toutes les femmes, de tous les hommes et de toutes les sociétés en revendiquant des valeurs et des idéologies contradictoires avec la vision du monde que nous défendons ? Comment peut-on lutter contre une forme d’oppression en en adoptant une autre ? Comment peut-on adopter un mode de raisonnement basé sur l’exclusivité au moment où on dénonce l’exclusivité ? C’est à ce niveau que nous devons placer le débat et non dans une perspective de débat dualiste : pour ou contre le voile ? pour ou contre la religion ? Une petite mise au point : la critique radicale, c’est-à-dire révolutionnaire (pratique et théorique) doit être une arme pour lutter contre toutes les formes de religiosité. Cependant, cela n’est possible sans commencer par le commencement, c’est-à-dire la critique de la religion proprement dite.
Répondre aux divisions sur un terrain de classe
Les médias, le gouvernement et d’autres expliquent les problèmes sociaux par des causes culturelles, de nationalité, d’origine, de religion, de quartier. Leur conception d’un monde de communautés juxtaposées et opposables n’est pas la nôtre. Leurs frontières étatiques, religieuses, leur dogme de l’identité nationale ne correspondent pas à notre vision internationaliste, c’est-à-dire au combat permanent pour l’unité des opprimés. Le gouvernement cherche à nous diviser en créant des victimes et des coupables pour expliquer tout problème socio-économique. Ces raisonnements imprègnent toute la vie politique, sans épargner le NPA. Face à cette politique de division, nous devons nous placer sur le terrain de la lutte des classes et penser notre politique en fonction d’un programme révolutionnaire et non comme une suite de réactions aux attaques que nous subissons. A fortiori dans nos débats internes il n’y a ni victime ni coupable, mais des individus qui débattent pour se forger une identité politique, construire une histoire commune, basée sur une compréhension critique de l’histoire des luttes ouvrières et des combats pour l’émancipation à l’échelle internationale.
Combattre l’oppression
Nous n’acceptons pas de l’oppression, qui se cacherait derrière un argument de relativisme culturel. Nous ne pouvons, ni ne voulons mesurer l’oppression de l’homme sur la femme, nous la combattons sous toutes ses formes.
Certaines femmes présentent le port du voile comme un symbole de résistance. Pour d’autres femmes, le voile fait partie d’une oppression plus large. Elles doivent le porter, sous peine de subir des violences physiques ou morales. Cette situation et le combat de celles qui subissent la violence, parce qu’elles refusent de porter le voile, ne doivent pas être ignorés. De qui sommes-nous solidaires, ici et ailleurs ?
Le voile n’est pas un simple style vestimentaire, mais un symbole d’une idéologie, qui impose la soumission de la femme, incarnation du pêché et de la provocation sexuelle. Cette vision des relations entre homme et femme, et les instruments qu’elle impose, tel que le voile concerne également les hommes, qui sont considérés comme des obsédés sexuels en puissance.
Combattre l’aliénation
L’Islam a une place spécifique en France. Nous combattons les discriminations entre les religions. Mais nous expliquons pourquoi nous considérons toutes les religions comme une forme d’aliénation. Toute conception religieuse nie la réalité des classes sociales et divise le monde en croyants et non-croyants. La religion divise les opprimés et les soumet aux autorités divines et terrestres.
Ce n’est qu’un début, continuons le débat.
Musulmans cocaïnomanes
Denis Godard (Paris 18)
1 - Les désaccords au sein de notre parti sur la candidature d’Ilham ne sont pas le produit d’une opposition entre des racistes et des antiracistes.
2 - Nous ne faisons pas de hiérarchie morale entre les différentes discriminations et les différents modes de domination. Nous les combattons tous. Cela ne signifie cpendant pas que toutes les formes de dominations jouent en permanence le même rôle dans la domination globale de la classe dirigeante.
3 - Les désaccords actuels pourraient refléter des divergences sur le rôle joué par le racisme dans la période actuelle et sur les formes au travers desquelles il est construit et développé.
4 - Car si le racisme est un aspect permanent de la domination du capitalisme il prend historiquement des formes différentes et une importance plus ou moins centrale dans les politiques de domination des classes dirigeantes.
5 - Dans la période actuelle le racisme ne peut ainsi pas être qualifié uniquement de diversion à la différence par exemple du début des années 1960, période de croissance soutenue et de plein emploi. En 1963 Georges Pompidou déclarait ainsi cyniquement : « L’immigration est un moyen de créer une certaine détente sur le marché du travail et de résister à la pression sociale ». Aujourd’hui dans un contexte de crise profonde la concurrence entre capitaux sur le marché mondial a tendance à devenir un conflit direct entre Etats et blocs d’Etats. C’est la base essentielle pour le développement du militarisme et pour la nécessité de constituer bloc social national autour de l’Etat et de la classe dirigeante. La récente campagne de recrutement de l’armée en est le symbole. Devenir soi-même c’est devenir un soldat du Capital et de l’Etat.
6 - Dans ce contexte offensive raciste et promotion de l’identité nationale marchent de pair et ne sont pas un simple coup électoral. Désigner l’ennemi, l’étranger est l’autre face de la tentative de souder un « corps de la nation » comme l’a dit Gérard Longuet.
7- L’islamophobie, c’est-à-dire la stigmatisation des Musulmans, est actuellement le vecteur du racisme pour viser les Noirs et les Arabes. Le capitalisme français recycle ainsi son passé colonial, les faiblesses de la gauche (pour ne pas dire plus) sur cette question et la situation créee par son utilisation de main d’œuvre venue de ses ex-colonies dans la période précédente. Un article du Monde de la semaine passée démontre comment l’extrême-droite européenne tente de se fédérer autour de cette thématique.
8 - La colère sociale n’est pas, spontanément, un obstacle au racisme. Celle-ci peut se tourner vers le nationalisme et le racisme. La remontée du FN n’est pas à relativiser.
9 - Ce devrait être une tâche centrale pour le NPA de construire un bloc social anti-national et d’y infuser une conscience de classe et anticapitaliste. Car il faut à tout prix, pour l’avenir des luttes sociales elles-mêmes empêcher que le racisme et le nationalisme ne gangrènent notre classe sociale.
10 - Des Musulmans, hommes et femmes ont décidé de riposter. Parmi ceux-là et celles là certain-e-s ont choisi de se tourner vers l’anticapitalisme, de s’allier avec des athé-e-s, des marxistes, des libertaires, de se revendiquer et de soutenir aussi bien les luttes sociales, le féminisme que la lutte contre le racisme et l’impérialisme. Ils et elles doivent être soutenu-e-s, encouragé-e-s, parfois même mis en avant car ils et elles sont le symbole qu’une victoire est possible aussi bien contre le racisme dans notre classe que contre tout repli sur la religion comme simple « opium »*.
* Leur pratique de la religion s’apparente alors plutôt à la cocaïne dans le sens développé par Gilbert Achcar dans son texte à consulter sur le site du NPA [2].
Le NPA doit débattre pas exclure
Fabienne Serbah (CPN, Dinan)
La plupart des contributions se réclamant de l’athéisme et du féminisme sont justes en théorie, je pense à la contribution d’Yvan ou celle de Josette et d’Ingrid.
Mais pour moi, le problème, c’est qu’elles n’analysent pas les raisons pour lesquelles on en est là. Elles sont justes sur le papier mais n’ont, je pense qu’une connaissance « théorique » de ce qu’on peut vivre dans les quartiers !
Pas quand on y milite ou qu’on y enseigne, non, quand on y vit vraiment et qu’on se prend cette réalité « en pleine gueule »
Pour y avoir grandi, en banlieue, dans ce « lieu » où depuis toujours « les arabes » sont mis au « ban »
(Alfortville, pas dans le centre pavillonnaire, non, tout au bout, avant le dernier terrain vague et, en pleine guerre d’Algérie, en face du HLM des flics. Quand les services de la ville viennent nettoyer, c’est uniquement du côté des flics. Quand, nous les enfants « côté arabes » voulons jouer dans le square d’en face, vu que de notre côté, y a pas de square, les enfants « côté flics » nous disent qu’on n’a pas le droit).
Je peux témoigner qu’ à cette époque là, pas de jeunes filles voilées .Juste le désir de vivre « comme tout le monde »d’avoir un boulot, d’aller vivre à Paris, rencontrer un garçon, sortir, s’acheter des fringues !Faire des études pour certaines !.
Oui, on s’était pris le racisme « en pleine gueule », oui, on traînerait toute notre vie le sentiment d’être mise « au ban », pas comme tout le monde, une blessure secrète, le rejet de nos pères (pairs), qu’ils soient croyants ou athées !
Mais, on pouvait encore « s’en sortir »Période de « plein emploi » où on rentrait dans la fonction publique avec un brevet ! C’étaient nos « trente glorieuses » à nous !
Je situe le point de rupture au moment de la marche des beurs (contre le racisme et pour l’égalité des droits).
1983 : l’histoire de Toumi djaija est emblématique
Dans un contexte de montée du FN et de crimes racistes, dans sa cité, il prend la défense d’un enfant de 10 ans mordu par le chien d’un policier qui lui tire dessus et le laisse pour mort.
Quand il sort du coma, il n’a qu’une idée en tête : arrêter cette haine qui a failli lui coûter la vie.
C’est un admirateur du message porté par Martin Luther King, il propose donc à ses copains et au curé des Minguettes , Christian Delorme, une marche pacifiste de Venissieux, où il habite à Paris.
Se lève alors un formidable espoir avec l’arrivée à Paris de plusieurs milliers de personnes qui, avec lui et ses copains, disent non au racisme et à son cortège de crimes et d’injustices.
Mitterrand reçoit une petite délégation à l’Elysée. Je garde le souvenir de Toumi avec son keffieh et ses baskets dans les salons cossus et sous les ors de la république.
Mais déjà, à la fin de la manif de petites mains « touche pas à mon pote » ont été distribuées en nombre.
Pour les 20 ans de SOS racisme le PS (les Julien Dray et tous ceux qui comme lui ne venaient pas des quartiers) sans honte aucune, expliquera que ce mouvement avait pour but d’empêcher « la radicalité »de la marche des beurs.
Mission accomplie : les « pauvres » sont retournés dans leurs banlieues : il est toujours aussi difficile de trouver du travail, de louer un appartement, de rentrer dans une boîte quand on a « une gueule d’arabe ». Les crimes racistes continuent : 300 morts depuis 1980.
Les bourgeois peuvent dormir tranquilles, les Julien Dray s’acheter des montres ! La radicalité a été éradiquée et avec elle l’espoir d’une vie meilleure dans les quartiers !
Que devient Toumi et ses copains ? : Plusieurs d’entre eux se sont tournés vers la religion !
Quand on n’a aucun avenir, quand, quelque soit la façon dont on exprime son aspiration à vivre « comme tout le monde » ni plus, ni moins !, de façon pacifiste ou en brûlant des voitures, on reste un citoyen de seconde zone, on cherche, forcément, un sens à sa vie et de la chaleur où on peut ! Comme Martin Luter King, ils avaient fait un rêve… Et comme Malcom X, comme Mohamed Ali, ils sont devenus musulmans !
Et là, la question que je pose, c’est : (en dehors des militants qui viennent de ces quartiers mais combien étaient ils à la LCR ou ailleurs ?) A quel moment, des militants d’extrême gauche y sont-ils venus pour empêcher cette dérive vers la religion ? (même si ce phénomène est moins important que la télé ne veut bien le dire puisqu’il s’agit de faire peur)Où étaient ils, si pour eux (militants « d’inspiration marxiste »), la religion est une fausse piste (ce que je crois aussi) ?
Il a fallu attendre 2005 et la mort de Bouna et Zieb pour qu’un parti comme la LCR soit un tant soit peu présent et dise : ce ne sont pas des émeutes mais des révoltes !
Aujourd’hui, si, dans le port du foulard, le NPA ne voit que le côté religieux (sans expliquer pourquoi on en est arrivé là) si le NPA n’explique pas que pour beaucoup de jeunes filles qui le portent, il signifie : « et bien oui, je suis arabe et je vous emmerde » ou encore, contrairement à ce qu’on entend communément, c’est simplement pour qu’on les regarde et pour « exister » enfin, ne plus être « l’immigration invisible » comme leur mère l’ont été en pensant peut être que« l’intégration » viendrait de là !
Le NPA doit débattre pas exclure ! Si le NPA nie le droit de ces jeunes filles (parmi d’autres) à le représenter. Si, il les traite comme des militantes de seconde zone sans essayer de comprendre d’où elles viennent et sans prendre en compte le chemin déjà parcouru pour devenir des militantes. Si le NPA passe à côté de tout ça, il ne sera jamais le parti des opprimés dont nous avons un besoin vital !
Ilham était une candidate parmi deux mille, elle était « un visage de l’oppression » parmi tant d’autres, un visage avec foulard ! C’est parce que la presse bourgeoise s’est emparée de ce visage pour taper sur le NPA et sur « les musulmans »qu’il y a eu toutes ces tensions dans le parti !
C’est un débat que nous aurions dû avoir entre militants venant d’horizons tellement différents qu’il est normal que dans un parti si jeune, nous n’ayons pas la même analyse !
Avoir laissé la presse bourgeoise nous diviser jusqu’à provoquer des démissions, c’est une erreur de jeunesse... !