Il y a actuellement suffisamment d’armes nucléaires pour détruire la planète plusieurs fois, il faut donc envisager des mesures radicales. C’est dans cet esprit que le président américain Obama a réuni, le 12 avril à Washington, les dirigeants de 47 pays pour une conférence sur la sécurité nucléaire. Il s’est présenté comme un artisan de la paix, en rupture avec la politique pro-guerre de George Bush. Mais, la réalité est différente.
Durant sa campagne présidentielle, Obama proposait d’aboutir à un monde « sans armes nucléaires » et parlait de ramener à zéro les arsenaux des États-Unis. Il s’attirait alors les critiques de l’administration Bush, qui refusait d’envisager de descendre en dessous de 1 200 têtes nucléaires. « Au-dessous de ce seuil, on encourage d’autres pays, y compris l’Iran ou la Chine, à essayer de nous égaler », affirmait Stephen Hadley, conseiller à la sécurité nationale de Bush, peu avant l’entrée en fonctions d’Obama.
Aujourd’hui, Obama explique qu’il ne verra pas un monde sans nucléaire de son vivant. Du coup, quelques jours avant la conférence, il négociait avec la Russie pour réduire les arsenaux nucléaires des deux pays (possédant à eux deux 90 % de l’armement nucléaire de la planète). En signant, le 8 avril, le traité Start qui prévoit de « limiter » à 1 550 le nombre de têtes nucléaires opérationnelles déployées, Obama s’aligne sur ses détracteurs conservateurs.
Fort de son engagement à détruire des armes nucléaires tout en maintenant sa position militaire dominante, Obama a de fait utilisé la conférence comme une tribune pour empêcher d’autres pays de développer ces armes. Il a ainsi tenté de négocier avec la Chine pour l’encourager à faire bloc contre l’Iran, soupçonné de développer de l’uranium enrichi. Mais les règles établies par les États-Unis pour leurs ennemis ne sont pas les mêmes que celles qu’ils appliquent à leurs amis. Ainsi, Benjamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, a snobé la conférence et envoyé son adjoint à sa place : il redoutait que des pays tels que l’Égypte ou la Turquie tentent de faire pression pour qu’Israël ouvre l’accès à ses installations nucléaires aux inspecteurs internationaux.
Les experts estiment en effet qu’Israël pourrait détenir de 100 à 200 têtes nucléaires sophistiquées mais cet État n’a jamais officiellement reconnu détenir des armes et il n’est pas signataire du traité de non-prolifération.
Ce sont les mêmes « crimes » que l’Iran a commis, mais Israël, lui, n’est menacé d’aucune sanction.
Dès le premier jour, Sarkozy affirmait son refus de diminuer l’arsenal nucléaire de la France (qui comporte aujourd’hui environ 300 têtes nucléaires), et critiquait le discours passé d’Obama rêvant d’un monde sans nucléaire : « Tout le monde rêve avec lui de ce monde-là » mais c’est un monde « virtuel ». Sauf pour l’Iran. Il reprend à son compte, sur le sujet, le discours guerrier de Bush, s’affirmant prêt à passer outre les décisions de l’ONU s’il n’y a pas de majorité au Conseil de sécurité : « Si nous y arrivons, tant mieux. Si nous n’y arrivons pas [...] alors il faudra que les États-Unis, l’Europe et d’autres, nous prenions nos responsabilités. »
Au fond, cette conférence n’a été qu’une tentative cynique de réaffirmer les États-Unis comme gendarme efficace du monde et l’occasion pour les grandes puissances mondiales de faire pression sur les États qui ne sont pas sous leur contrôle. Les rivalités inter-impérialistes entre grandes puissances continuent de rendre le monde plus dangereux.
Vanina Giudicelli