Plusieurs militants du CADTM, au niveau international, sont engagés dans des actions concrètes pour appuyer les mouvements sociaux dans leur exigence d’annulation ou de répudiation des dettes illégitimes et odieuses. Participation à la Commission d’audit de la dette équatorienne, travail d’étude dans différents pays pour cerner les dettes illégitimes de l’Equateur pouraider le gouvernement de ce pays, lancement de la Commission d’audit au Mali, séminaires de formation et de travail en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest sur l’audit des dettes, etc. Ces actions visent à saper un peu plus les fondements des institutions financières internationales, déjà ébranlées par les coups de boutoir de leur inefficacité notoire, de leur gabegie, de leur perte de légitimité.
« Les Autres Voix de la Planète » ouvre un dossier pour faire le point sur la crise de ces institutions et sur les dossiers pris en charge par le CADTM notamment, afin de miner l’édifice. La période est propice, il n’est pas sûr que des résultats puissent être engrangés immédiatement. Mais jamais, au Nord comme au Sud, les actions des campagnes « dette » n’ont été si coordonnées, si précises. Cela augure en tous les cas d’avancées stratégiques des mouvements sociaux sur la problématique de la dette du Tiers Monde.
Pour ceux qui douteraient que ce thème soit encore d’actualité, il suffit d’une lecture attentive du Global Development Finance 2007 de la Banque mondiale pour mettre les horloges à l’heure. Le développement exponentiel des dettes publiques internes, à charge donc des finances publiques comme les dettes externes, nous oblige maintenant à additionner les dettes internes et externes pour supputer la charge qui sera supportée par les peuples. La somme est sidérante : il faut compter que le service annuel de cette dette globale atteint maintenant les 1.000 milliards de dollars !
Il faut donc redoubler d’énergie pour enrayer définitivement ce fléau. Ces derniers mois, des signaux indiquent que des gouvernements – hélas, trop rares – prennent pour axe central de leur politique, les droits fondamentaux des peuples : le Venzuela, la Bolivie, l’Equateur entre autres. D’autres espoirs antérieurs ont été déçus : le Brésil de Lula est la plus cuisante déception des dernières années et il poursuit une ligne impérialiste néfaste pour le sous-continent latino-américain.. Pour revenir aux gouvernements courageux qui vont à contre courant dans la région, nous constatons qu’ils sont mis à rude épreuve par les partis néo-libéraux ainsi que les nombreux et puissants médias à leurs bottes, prêts à tout pour sauvegarder la poursuite de leurs intérêts : Ils ont corrompu - littéralement et au figuré - des franges importantes de population avides de croire aux promesses d’enrichissement rapide. Cela crée des situations politiques exacerbées, absurdes, où les présidents élus, soutenus à bout de bras par les peuples, sont boycottés par les administrations, menacés par des pans entiers de parlements, trahis par des membres de leur propre gouvernement. Ces épreuves de force nécessirent un renforcement crucial des mouvements sociaux en Amérique latine et ailleurs dans le monde. Il n’est qu’à voir comment tous, nous avons les yeux rivés sur l’Amérique latine pour comprendre l’importance des enjeux. Nous apprenons, nous marchons à pas de géants dans la compréhension des forces en présence. Nous avons marqué des points ; il nous faut encore des victoires.
Denise Comanne