Chanteuse, comédienne, gouailleuse, Colette Renard avait été à la fin des années 1950, et quelque dix années durant, l’inoubliable Irma la douce ; comédie musicale en deux actes d’Alexandre Breffort et Marguerite Monnot racontant les amours d’une prostituée et d’un étudiant à Pigalle. Un peu plus tard, elle partagera la scène avec Georges Brassens.
Ce sont ses chansons érotiques qui font de Colette Renard une personnalité tout à fait à part dans le champ artistique féminin français, des années 1950 à nos jours. L’une d’entre elles semble notamment jouir d’une deuxième jeunesse actuellement, même si les paillettes du show business obscurcissent quelque peu sa charge émancipatrice. Je veux parler bien sûr des Nuits d’une demoiselle.
Depuis plus de 45 ans, cette chanson dérange et fascine ; tout d’abord interdite d’antenne, elle passe rarement, même aujourd’hui, sur les ondes. Ecrite et interprétée par Colette Renard au début des années 1960, elle se profile comme un hymne à l’érotisme et à la jouissance assumée par les femmes. Faire l’amour et se donner du plaisir de 28 manières différentes, mais surtout le chanter haut et fort, voilà l’entreprise peu banale à laquelle nous convie Colette Renard.
Car après tout :
« Que c’est bon d’être demoiselle
Car le soir dans mon petit lit
Quand l’étoile Vénus étincelle
Quand doucement tombe la nuit
Je me fais sucer la friandise
Je me fais caresser le gardon
Je me fais empeser la chemise
Je me fais picorer le bonbon
Je me fais frotter la péninsule
Je me fais béliner le joyau
Je me fais remplir le vestibule
Je me fais ramoner l’abricot
Je me fais farcir la mottelette
Je me fais couvrir le rigondonne
Je me fais gonfler la mouflette
Je me fais donner le picotin
Je me fais laminer l’écrevisse
Je me fais foyer le cœur fendu
Je me fais tailler la pelisse
Je me fais planter le mont velu
[…]
Et vous me demanderez peut-être
Ce que je fais le jour durant
Oh ! Cela tient en peu de lettres
Le jour, je baise, tout simplement »
SP