Le quatrième trust mondial sidérurgique sud-coréen Posco (Pohang Iron and Steel Company) a des projets d’implantation en Inde. En 2005, il a signé un contrat avec le gouvernement de l’Etat d’Orissa pour un projet de construction d’un immense complexe sidérurgique. La moitié du terrain inclut de la forêt. Depuis trois ans, des villageois dans l’Etat de l’Orissa retardent l’acquisition de ces terrains. Ils s’opposent à ce projet, qui pourrait les déloger de 1 600 hectares. Le gouvernement et le trust sidérurgique assurent que la construction de l’aciérie apporterait des emplois et la prospérité à cette région pauvre. Depuis plusieurs mois, les paysans bloquent l’accès au site d’implantation. Le 15 mai, la police y est intervenue violemment. Elle a forcé les barrages, tiré des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes, brûlé des maisons et des échoppes et blessé plus d’une centaine de manifestants. Tandis qu’une quinzaine d’entre eux étaient arrêtés.
Un grand nombre de partis politiques et d’organisations de masse ont tenu une réunion pour s’opposer aux projets du gouvernement d’Orissa. Ils ont dénoncé les brutalités commises par la police contre les villageois s’opposant au projet de Posco à Jagatsinghpur le 15 mai et également contre la population des tribus opposée au projet d’aciérie du trust indien Tata dans le district de Kalinganagar, toujours en Orissa, voilà trois semaines.
Suite à ces protestations le gouvernement local a demandé à Posco de renoncer à une partie du terrain d’un village où la résistance est forte. Néanmoins, le recensement des populations expropriées va commencer avec la fixation d’un taux de compensation pour les terrains, les plants de betel, les fermes piscicoles et les plantations de pistaches.
En Inde, de grandes sociétés capitalistes veulent avoir un accès libre aux zones de forêts riches en minéraux afin d’en exploiter les ressources : mines, aciéries, usines, raffineries d’aluminium. Des centaines d’accords ont été signé entre les gouvernements locaux pour plusieurs milliards de dollars. Les États locaux ont créé des Zones Économiques Spéciales afin de favoriser l’implantation des entreprises, par des rachats de terres à bas prix, non pas pour des projets publics, mais pour des projets privés. Ces terres sont nécessaires à la survie de la population locale qui y puise ses moyens de subsistance. Les États favorisent les expulsions.
Une des tribus de l’Orissa, la Dongria Kondh en bagarre contre le projet d’une raffinerie d’aluminium du trust Vedanta, s’est fait connaître du monde entier en contactant les producteurs du film Avatar. En Orissa et au Jharkhand, Arcelor-Mittal a un projet depuis plusieurs années d’implanter des aciéries, compromis par les refus des paysans de vendre leur terre.
Ces projets concernent de nombreux états du Centre de l’Inde, mais également au Bengale occidental au Nord Est. Le gouvernement de cet État est gouverné par le ParticCommuniste Indien (Marxiste) depuis plus de 30 ans. Il développe cette même politique d’ouverture vers les capitalistes. En 2006, à Singhur, de violentes manifestations ont contraint Tata Motors à transférer la construction de son usine d’assemblage de la voiture Nano au Gujarat. En janvier et mars 2007, à Nandigram, c’est une répression sévère, accompagnée d’atrocités menées par des membres mêmes du PCI(M).
Aujourd’hui, dans ces états du centre, une opération militaire d’envergure est en cours afin d’éliminer la présence des Naxalites maoïstes partisans de la guérilla.
Mais il est clair que l’objectif du gouvernement central est d’extirper toute possibilité de résistance populaire dans les zones concernées afin de favoriser les installations industrielles.
Christine Schneider
Note : 1 dont le Parti Communiste Indien (ML), the Parti Communiste Indien (M-L) Nouvelle Démocratie et l’association locale anti-Posco (Posco Pratirodh Sangram Samiti)