« Et pourtant elle tourne….. »
Manue Johsua (déléguée au congrès pour Marseille), Manu Arvois (CPN, Marseille)
1° étape.
Il ya quelques années, nous avons gagné le référendum contre le TCE par 55% des voix. A cours d’arguments, le président Chirac nous avait annoncé que le non était minoritaire… au regard du cumul des abstentions et des votes oui. Comme nous avions ri ! Tellement amusant ce Jacques Chirac ! Dans le même ordre d’idées, pour ne pas perdre la face, il avait lui aussi expliqué que les gens n’avaient pas bien compris l’enjeu de leur vote. Ce mépris nous avait fait sourire.
2° étape.
Dans les assemblées électives du NPA la motion ACGGI, disant clairement qu’il ne fallait pas présenter aux élections un-e candidat-e portant des signes religieux visibles a réuni 55,4% des voix des assemblées électives (1297 voix pour, 1044 contre). A cours d’arguments, les camarades soutenant la motion QP 84 et les amendements nous ont expliqué en commission de rédaction que ce vote était minoritaire au regard des abstentions et des contres…. Nous n’avons pas ri, ce n’était pas Chirac. Dans le même ordre d’idées, pour ne pas perdre la face, ils nous ont eux aussi expliqué que les militant-e-s du NPA n’avaient pas bien compris l’enjeu des débats et des votes (ils apprécieront).
(Nous rappelons que la motion ACGGI a été la seule motion majoritaire sur la candidature dans les AG électives. La motion QP 84 a été repoussée par 1485 voix contre 568, la motion FMNS 5 repoussée par 1233 voix contre 617 ; et l’amendement 2 à la motion FMNS 5 a été repoussée par 964 voix contre 904. De tous les votes engageant l’enjeu des candidatures, le vote sur la motion ACGGI est celui qui a mobilisé le plus d’exprimés).
3° étape.
Pour nier l’évidence, devant le congrès cette fois, les camarades soutenant la motion QP 84 et les amendements ont à nouveau utilisé l’argument de calcul de Chirac. Cumulant les abstentions et les contres ils ont appelé les délégué-e-s à ne pas acter le fait qu’une majorité en faveur de la motion ACGGI s’était bien exprimée sur les candidatures dans les assemblées électives. Les abstentionnistes avaient donc en fait voté contre cette motion. Passant outre le fait que la représentation démocratique des positions sur ce débat n’était pas garantie (nous en savons quelque chose à Marseille…) ils ont appelé le congrès à voter contradictoirement avec l’expression des AG électives. Par deux voix d’écart, sans nouveau décompte bien que nous l’ayons demandé, le congrès a adopté une déclaration se refusant à acter explicitement la majorité exprimée par les AG.
Conclusion.
Avec ce nouveau mode de calcul, cela ferait donc trois fois que nous gagnons : deux fois pour de vrai (TCE et motion ACGGI) et une fois où nous n’avons pas perdu (vote du congrès). Vraiment, ce nouveau mode de calcul qui met les abstentionnistes dans le camp des perdants est une nouveauté qui n’a rien de démocratique mais avec laquelle on va bien s’amuser !
Bilan du Congrès sur le débat laïcité, religion, féminisme, anti-racisme –
Donner du temps à l’approfondissement des débats... et de l’action commune...
A_Egalité
1) Sur le fond
Nous n’avons pas constitué notre “sensibilité (A_Egalité) en “tendance” car le débat avançait en traversant tous les courants du NPA – et c’était positif.
Notre but pour ce congrès était de faire émerger le plus large consensus possible – non pas sur des formulations ambiguës donc ingérables, mais en clarifiant les enjeux réels, en levant le maximum de faux débats. D’où nos choix :
+ prôner des rencontres entre les différentes positions, dans le cadre d’une commission décidée lors d’un CPN – jamais réunie malgré nos demandes répétées.
Soutenir les motions amendées de Marseille qui pouvaient faire consensus (laïcité, féminisme, lutte contre l’islamophobie et tous les racismes...) ;
+ Défendre des amendements sur les points de désaccord, visant à une cohérence de tout le NPA : les débats sur “le sens” du voile sont des impasses ; par contre tout le NPA pourrait être contre le port du voile imposé et contre l’interdiction de le porter ; et, sur la base de nos fondements programmatiques, réaliser dans nos rangs la pleine égalité entre croyant-e-s et non croyant-e-s...
Les votes des congrès locaux indiquent que le NPA est pour l’instant profondément divisé en dehors des motions ayant eu une majorité absolue : deux motions ont obtenu une majorité relative, sur des bases contradictoires... Mais l’enjeu à nos yeux n’est pas une majorité, relative ou pas, il est la cohérence de tout le NPA comme bien commun...
Il serait aberrant (et non démocratique) de nier les points de vue et votes exprimés ; comme il serait aberrant (et non démocratique) de bloquer l’évolution du débat...
Car le NPA est un parti :
+ où le racisme (dont l’islamophobie), comme le sexisme ou l’homophobie ne sont ni acceptables ni acceptés ;
+ où nos camarades croyant-e-s sont, tout autant (sinon davantage) menacé-e-s que les athées par les courants intégristes et les Etats théocratiques et dictatoriaux qui leur dicteraient leur conception de la religion ;
+ où notre combat contre les lois liberticides et contre l’instrumentalisation raciste de la laïcité, comme du féminisme, passe par une défense intransigeante de la séparation des institutions d’Etat et des pouvoirs religieux, la défense des libertés démocratiques, donc la libre organisation et confrontation des idées ;
+où l’exigence de dignité doit être appliquée comme pré-condition aux débats et combats politiques : la police des consciences et les droits inégaux sont “indignes”...
Notre débat devra s’enrichir par l’expérience pratique. Ni le port ou pas du foulard, ni la foi ou l’athéisme ne sont des clivages pertinents dans les révolutions en cours de la Tunisie à l’Egypte.
2- Sur les procédures.
Le conflit a surgi d’une procédure des camarades d’AGCCI rompant avec la présentation commune de tous les résultats et introduisant une clause de décision non prévue ni par les statuts ni dans les votes des congrès locaux, visant à verrouiller l’avenir par un vote aux 2/3 au CPN sur ces questions…
Nous avons demandé un vote sur une position alternative que le congrès a votée :
décrire tous les résultats avec leurs chiffres, notamment les abstentions ;
s’en remettre aux procédures de décision du CPN en cas de conflit.
Rendre compte du débat, c’est souligner ses résultats contradictoires et tous les votes « actifs » (avec présence aux AG), dont font partie (dans nos PV), les abstentions (distinctes de l’absence aux débats et votes)...
Face à un vote du congrès qui les mettait en minorité et que nous n’avions pas souhaité, les camarades AGCCI ont présenté une motion demandant une conférence nationale sur la base d’une dénonciation d’un vote scandaleux, selon eux. Cette motion a été à nouveau rejetée par le Congrès.
Mais, parce que nous n’avons aucune logique de « déni de démocratie », nous avons soutenu leur demande de conférence nationale - sur la base de la formulation présentée par MARGA dans le cadre d’une démarche consensuelle de commission tripartite, démocratique : partant du constat de désaccords sur les procédures à suivre - et non pas de « scandale démocratique »...
Conclusion : il faut apaiser le débat en avançant ensemble, à égalité de droits et de pratiques (puisque ceci est unanimement accepté), hors élections, dans l’essentiel : les campagnes de tout le NPA, notamment internationalistes et contre tous les racismes et l’islamophobie... avec nos camarades musulmanes voilées ou pas.
Adil Fajry, comité ouest Etang de Berre, Istres 13
Alain Pojolat, comité Paris 18 porte Montmartre, CPN, CE
Catherine Samary, comité Paris 18è, Commission internationale
Emre Ongun, comité 13-75, CPN
Fanny G, Paris 11, CNIF, CPN
Hugo Harari, Collectif personnels des facs, NPA Paris 5è-13è
Jean-Paul Mignon, Comité Aubagne, La Ciotat
Marc Prunier, comité Gentilly, Conseiller municipal, commissions internationale & Mopal
Marie Mignon, comité Aubagne, La Ciotat
Mireille Court, comité menilmontant 20e , commission Internationale
Omar Slaouti, comité Argenteuil
Vanina Giudicelli, comité Montreuil, CPN, CE, commission anti-raciste
Bilan du congrès. Question « Racisme, féminisme et laïcité »
2/3 des voix ou la politique constructive du consensus.
Manue Johsua (déléguée au congrès Marseille)
Lors des assemblées électives, la motion ACGGI qui proposait de ne pas présenter aux élections toute personne portant des signes religieux visibles a obtenu une majorité de voix. C’est d’ailleurs la seule des trois propositions à propos des candidatures de notre parti qui ait obtenu une majorité (la motion 5 FMNS et l’amendement à la motion 5 ayant été battus).
Un des arguments qui nous a été opposé pour ne pas entériner ces résultats était le fait que nous avions ajouté la formule disant en substance que pour tous cas problématiques, le CPN serait saisi et devrait se prononcer à une majorité qualifiée de 2/3.
Sur la forme :
Cette proposition était dissociée du premier vote qui proposait aux camarades d’enregistrer les résultats des AG électives. Voter l’un n’obligeait pas à voter l’autre.
Cette proposition a été faite en commission après que les camarades soutenant la motion QP 84 et les amendements aient annoncé qu’il leur était impossible de présenter les résultats du vote sur les candidatures sans le subterfuge de la prise en compte des abstentions (voir texte de « et pourtant elle tourne… ») et qu’ils ne pouvaient acter explicitement notre majorité.
Sur le fond :
Cet ajout lié au souci de résoudre en pratique des désaccords qui peuvent se rééditer. Il signifiait qu’alors la direction nationale devrait se prononcer sur la base d’un large consensus caractérisé par une majorité qualifiée des 2/3.
Prendre prétexte de cet ajout pour expliquer que l’on n’enregistre pas les votes des AG électives nous conduirait presque à penser que nous aurions dû enregistrer la motion majoritaire sans prendre en considération les désaccords exprimés dans le parti. Mais cela n’a pas été notre manière de fonctionner. Nous cherchons à convaincre mais nous n’imposons pas !
A propos des votes concernant le thème « religion, féminisme, laïcité »
Hélène Adam, Ingrid Hayes, CPN, Paris
Les délégués au congrès national ont été élus sur la base de plates-formes délimitées sur les problèmes politiques d’orientation à l’exclusion du thème ci-dessus. Dans chacune des plates-formes, les différentes positions soumises au vote sur ce thème existaient sans qu’on puisse donc considérer que les délégations au congrès national reflètent fidèlement l’expression des congrès locaux.
Dans une telle situation, on aurait pu légitimement se contenter de proposer au congrès national un vote simple, excluant toute interprétation, et disant la chose suivante :
« Le congrès national enregistre les votes intervenus dans les congrès locaux sur le thème Religion, Féminisme, Laïcité . Il considère adoptées toutes les motions qui ont recueilli plus de Pour que de Contre. »
Ceci dit, c’est dans l’idée de ne pas créer une crise supplémentaire que des camarades soutenant la motion ACGGI, ont proposé une motion qui prenne acte de l’ensemble des votes et de leur complexité. Cette proposition a donné lieu à une commission dont les résultats n’étaient pas satisfaisants, aboutissant notamment à ce que des camarades choisissent de comptabiliser les abstentions dans le calcul du total pour établir le pourcentage de « pour », innovation technologique qui aboutit à considérer les abstentions comme des contre et à « relativiser » une majorité.
Les positions majoritaires (c’est-à-dire les motions qui ont eu plus de pour que de contre, et notamment la motion ACGGI qui avait le mérite de se prononcer sur l’ensemble des questions et a obtenu la bagatelle de 55% des voix dans les AG locales), ont ressenti une profonde injustice au résultat du vote de cette motion « de compromis » : en fait de « compromis », elle comportait deux amendements alternatifs, le premier ayant été adopté à deux voix d’écart, aucun recompte n’ayant été accepté par la tribune.
Or cet amendement avait pour objectif clair et explicite de « relativiser » politiquement l’affirmation de la majorité exprimée sur une question-clef qui nous a profondément divisés, à savoir l’impossibilité pour un-e candidat de représenter le NPA en portant des signes religieux ostentatoires.
Cela a conduit à créer une crise supplémentaire dans le congrès du NPA, tant il est vrai que le congrès national n’avait pas de légitimité indiscutable pour contredire les votes des congrès locaux ou même-a minima- tenter d’en donner une interprétation à sa sauce.
La légitimité est donc aujourd’hui du côté des votes des AG locales. Si conférence nationale il y a, elle doit porter non sur des questions justement tranchées par ces votes, mais sur l’ensemble des questions liées à la religion, au féminisme et à la laïcité, dans un contexte national et international qui devrait nous permettre d’aller plus loin dans nos définitions, nos références, notre programme et nos orientations autour de ce thème.
Sur le texte du ComPop d’Avignon... Pour un Parti de masse à Egalité
Contribution collective
Le sens (...) de notre engagement au NPA, est de créer un outil commun capable d’unir les prolétaires, les exploité-e-s et les discriminé-e-s afin de lutter et proposer une alternative à ce système barbare et injuste. Pour cela, il faut œuvrer au rassemblement des travailleurs, femmes et hommes, athés, agnostiques ou croyants, sans distinction d’origine pour mener ce combat perpétuel que Marx appelait « la lutte de classe ».
Mais c’est un défi immense car la classe ouvrière et ceux qui subissent les discriminations sociales et racistes viennent d’horizons, de cultures et d’histoires différentes.
Les rassembler dans un même parti doit être notre projet. Cela suppose un effort considérable pour faire tomber les barrières, les préjugés et les incompréhensions que le système ne cesse d’attiser et d’exploiter dans le but de nous diviser et d’empêcher nos résistances. Lutter contre ce qui nous divise aujourd’hui comme hier est indispensable : Souvenons-nous des luttes de nos anciens, contre l’esclavage, le sexisme, le fascisme, le racisme...
Notre pays connaît une montée de la peur de l’autre qui traverse toute la société, y compris notre parti. Nous devons être vigilant à ce que ceux qui sont déjà mis à l’écart dans la société ne soient pas aussi discriminés dans le parti. Pour cette raison, il faut se garder de sélectionner ou hiérarchiser les formes d’oppressions. Nous devons apprendre à nous connaître, à nous respecter et à nous accepter malgré les choix philosophiques ou religieux des uns et des autres. Le NPA doit être ouvert à toutes et tous du moment que les militants partagent le projet politique défini dans les principes fondateurs. Donc il est contraire à nosvaleurs de refuser l’adhésion à un ou une camarade du fait de sa culture, de sa confession ou de sa philosophie.
Au sein du NPA, tous les adhérant-es doivent avoir les mêmes droits et le même traitement quelque soit son apparence ou sa croyance : droit de représenter le parti lors desélections, dans des réunions publiques ou dans nos cortèges. Ce principe d’égalité ne doit souffrir d’aucune exception. Il ne doit pas y avoir de sous militants, mais des adhérant-e-s à part entière et des modalités démocratiques pour désigner leur dirigeant-e-s et leur représentant-e-s.
Le parti ne doit pas céder au rouleau compresseur de la société et à son tour produire de la discrimination. Assumer notre identité plurielle est la seule voie pour rassembler une classe ouvrière plus diverse que par le passé et aller vers un parti de masse.
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Ce texte... en supprimant seulement le mot “motion”, est intégralement celui des camarades du ComPop d’Avignon... Il faut y lire ce que le congrès n’a pas encore résolu et que le NPA doit affronter.
L’écrasante majorité du NPA n’a pas eu l’occasion et les moyens – sauf dans le rare moment de l’université d’été où ils ont tenu un atelier de questions/réponses sur leurs positionnements – d’un véritable dialogue avec eux pour comprendre... Comprendre les engrenages, les attitudes réactives, les intentions, les perceptions fausses... Ils nous ont quitté pour “respirer” constituer AJC’REVé (agir pour la justice et contre le racisme et la violence) et faire une campagne politique qui aurait pu être la nôtre. Ihlam et Nora sont candidates, sans avoir à se “justifier” dans leur diversité de choix, leur proximité spirituelle et leurs combats communs. Leur campagne dénonce derrière les discours islamophobes, les politiques sociales qui veulent diviser pour régner... Ce que dénonçait ce texte.
La camarade Ingrid, intervenant au congrès national pour la position AGCCI, a évoqué ce texte en disant que “sa ligne” (religieuse ?) avait été rejetée... Beaucoup de camarades (plus de 1000 sur les votants) se sont abstenus ou n’ont pas pris part à ce vote, et ceux qui ont voté contre ce texte ont certainement exprimé plus de défiance envers le comité d’Avignon que de véritable jugement sur le texte – s’ils l’ont lu.
Nous espérons que le NPA partagera avec des camarades comme ceux d’AJC’REVé un engagement fraternel dans des luttes et des débats qui feront tomber les préjugés et fausses perceptions – de tous les côtés – redonnant aussi confiance dans le projet d’un NPA de masse, pluraliste. Il faudra en inventer le mode de fonctionnement et la démocratie pour qu’il s’ouvre vraiment aux quartiers populaires.
Stefan Bekier, NPA Cergy-Pontoise, membre de la Commission internationale
Mohammed Ben Yakhlef, comité 94 Sud Est Villeneuve St Georges
Adil Fajry, comité ouest Etang de Berre, Istres
Sylvestre Jaffard, comité Paris 18
Fahima Laidoudi, Comité Paris 12
Marc Prunier, comité Gentilly, Conseiller municipal, Commission internationale & Mopal
Catherine Samary, comité Paris 18, membre de la Commission internationale
Selma, comité Porte Montmartre Paris 18
Omar Slaouti, comité Argenteuil