A l’occasion de la visite à Paris du premier ministre indien, Manmohan Singh, la France et l’Inde ont signé, mardi 30 septembre, un accord de coopération dans le secteur du nucléaire civil. Cet accord-cadre – qui couvre aussi bien les recherches fondamentale et appliquée que l’éventuelle livraison de réacteurs nucléaires – avait été paraphé par le Commissariat à l’énergie atomique français et son équivalent indien lors de la visite en Inde de Nicolas Sarkozy fin janvier.
En levant l’embargo international imposé depuis trente-quatre ans à l’Inde, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en juillet, puis le Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG), en septembre, ont aussi permis la signature « politique » de cet accord avec une puissance atomique militaire qui n’a pas signé le traité de non-prolifération. Le NSG interdit en principe tout commerce nucléaire avec les Etats qui n’ont pas signé le Traité de non prolifération. En échange de cette dérogation, New Delhi s’est engagé à placer 14 de ses 22 réacteurs sous le contrôle de l’AIEA.
CONCURRENCE AMÉRICANO-JAPONAISE
L’Inde a déjà signé en juillet 2005 un pacte nucléaire avec les Etats-Unis, où M. Singh s’est rendu la semaine dernière. La Chambre des représentants américaine a ratifié samedi ce texte qui doit désormais être passé devant le Sénat. L’Inde dispose aussi d’un accord prêt avec la Russie, son partenaire historique, qui équipe déjà une centrale dans l’Etat du Tamil Nadu, dans le sud du pays.
Actuellement, l’Inde possède 22 réacteurs atomiques. Elle souhaite renforcer son parc civil, un marché qui pourrait peser 100 milliards d’euros d’ici à quinze ans. Le groupe nucléaire français Areva espère engager rapidement des négociations avec l’Inde pour lui fournir, dans un premier temps, deux réacteurs de nouvelle génération EPR. Le groupe français retrouvera toutefois sur sa route l’américain Westinghouse Electric Company, l’alliance américano-japonaise General Electric-Hitachi, et l’agence d’énergie atomique russe Rosatom, présélectionnés en août par l’Agence atomique indienne.
« Une transaction irresponsable », selon « Sortir du nucléaire »
Dans un communiqué diffusé mardi, le réseau associatif a condamné la signature de l’accord nucléaire entre la France et l’Inde, dénoncant « une transaction irresponsable qui bafoue les règles de non-prolifération ». « Dans le but d’obtenir sa »part du gâteau« , c’est à dire de pouvoir vendre plusieurs réacteurs nucléaires à l’Inde, la France a joué, aux côtés des USA, un rôle prépondérant pour que le Groupe des fournisseurs nucléaires finisse par accepter l’inacceptable », poursuit « Sortir du nucléaire ».