Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a appelé mercredi les Syriens à « sauvegarder » le régime du président Bachar al-Assad dont il est un proche allié, au moment où un mouvement de contestation populaire est réprimé dans le sang en Syrie depuis plus de deux mois.
« Nous appelons les Syriens à sauvegarder leur pays et leur régime résistant, et à donner la possibilité à la direction syrienne, en coopération avec toutes les catégories de la société, d’appliquer les réformes demandées », a dit M. Nasrallah. Il s’exprimait à l’occasion du 11e anniversaire du retrait de l’armée israélienne du Liban sud après 22 ans d’occupation.
Son discours a été retransmis en direct par la télévision du Hezbollah, Al-Manar, sur un écran géant installé devant des milliers de partisans réunis dans le village de Nabi Shiit, dans la Békaa (est).
« La différence entre la Syrie et les autres révoltes arabes (…) est que le président Assad croit dans les réformes et est déterminé et prêt à faire de très grands pas pour les réformes, mais dans le calme, la patience et la responsabilité », a dit le chef du Hezbollah, qui n’est plus apparu en public depuis 2008 pour des raisons de sécurité.
C’est la première fois que M. Nasrallah réagit à la révolte qui secoue depuis le 15 mars le régime syrien qui constitue, avec le pouvoir en Iran, un important soutien du puissant parti chiite libanais, considéré par les Etats-Unis et Israël comme une organisation terroriste. Hassan Nasrallah a également appelé le Liban à « refuser d’appliquer toute sanction que les Etats-Unis et l’Occident veulent imposer à la Syrie ».
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont imposé des sanctions directes à M. Assad, en dépit de quoi le régime reste sourd aux mises en gardes internationales et continue de réprimer les manifestations pro-démocratie. Depuis le 15 mars, au moins 1062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et 10’000 arrêtées en Syrie, selon l’ONG syrienne l’Organisation nationale des droits de l’Homme.
Après trois décennies de tutelle, la Syrie a été contrainte sous la pression internationale et de la rue libanaise de retirer ses troupes du Liban en avril 2005, à la suite de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Mais le régime syrien y exerce toujours une influence à travers ses alliés politiques au Liban comme le Hezbollah.
M. Nasrallah a par ailleurs critiqué le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mardi devant le Congrès américain, dans lequel il a parlé de l’armement du Hezbollah, mouvement contre lequel Israël a mené une guerre dévastatrice en 2006. « Les roquettes qu’il a mentionnées existent, existeront toujours et protégeront le Liban », a averti le chef du Hezbollah en allusion aux dizaines de milliers de roquettes que posséderait son mouvement. « Personne ne peut nous les prendre ».
M. Nasrallah a aussi répété son hostilité au processus de paix avec Israël : « Non aux négociations, Non à Israël et Non à l’occupation de Jérusalem ».
* Publié sur le site de A l’Encontre le 31 mai 2011.
Le discours quasi intégral de Nasrallah en Français est disponible sur :
http://www.ism-france.org/analyses/25-mai-2011-Sayyed-Nasrallah-face-au-terrorisme-americano-sioniste-article-15641