Plus de 1 400 personnes ont été arrêtées samedi 9 juillet en Malaisie à Kuala Lumpur avant une manifestation de l’opposition réclamant des réformes électorales. « Ils ont été arrêtés principalement pour des rassemblements illégaux dans divers endroits de la capitale, » a indiqué un porte-parole de la police.
Annoncée depuis plusieurs semaines, la manifestation est organisée par une soixantaine d’organisations réunies sous la bannière de l’association Bersih 2.0 (« Propre » en malaisien) et soutenues par des partis d’opposition. Elles réclament que les prochaines élections générales, prévues d’ici 2013, soient « libres et transparentes ».
Malgré l’interdiction de manifester, les avertissements du gouvernement contre les risques de troubles, les rues bouclées et des arrestations préventives, 50 000 personnes sont descendues dans la rue, selon les organisateurs. Il pourrait s’agir de la plus grande manifestation populaire depuis le limogeage du vice-premier ministre Anouar Ibrahim qui avait provoqué des violences urbaines en 1998. « Nous voulons envoyer un message clair, nous ne voulons pas d’un processus électoral fraduleux », a déclaré à Reuters Anouar Ibrahim, qui a pris la tête de la coalition d’opposition.
DES MILLIERS DE POLICIERS DÉPLOYÉS
Le gouvernement a interdit le rassemblement et les services de transports en commun ont été interrompus dans la capitale. Des milliers de policiers ont en outre été déployés dans les rues de Kuala Lumpur. Une partie de la capitale malaisienne a été bouclée et les forces de l’ordre ont dressé des barrages de rue et déployé des camions équipés de canons à eau.
Plusieurs élus partisans de l’ancien vice-premier ministre et opposant, Anwar Ibrahim, 64 ans, ont été arrêtés. Ce dernier s’est blessé en tombant après des tirs de lacrymogènes et a été hospitalisé pour des contusions, selon un proche. L’opposante Maria Chin Abdullah a annoncé son arrestation avec sa compatriote Ambiga Streenivasan, organisatrice du rassemblement, au moment où la police les transférait en fourgon vers une destination inconnue. Le président du parti islamique pan-malais (PAS), Adbul Hadi Awang, a également été arrêté, selon un de ses proches.
Dès vendredi soir, la police avait procédé à plus de 200 interpellations dans divers endroits de la capitale. Un photographe de l’AFP a été témoin d’échauffourées et de cris quand ceux qui résistaient ont été embarqués dans des voitures de police. La police a fait ensuite usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule, qui continuait en fin d’après-midi samedi à tenter, en trois groupes, de forcer les cordons de police pour gagner le stade de Merdeka puis le palais royal.
VILLE FANTÔME
Brandissant un drapeau malaisien, les protestataires scandaient « Reformasi » et « Dieu est grand ». Le centre de Kuala Lumpur, d’ordinaire animé, semblait une ville fantôme, les principales lignes de transport étaient déviées. Mukhriz Mahathir, un proche du pouvoir, a défendu l’attitude des autorités face à une « minorité fauteuse de troubles » et estimé que les manifestants faisaient de la provocation pour accuser la police d’avoir la main lourde.
La Malaisie, fédération de 28 millions d’habitants, est dirigée par le Barisan Nasional (Front national), une coalition multi-ethnique de 14 partis, depuis son indépendance en 1957. L’opposition, qui avait réalisé une percée aux dernières élections en 2008, est à la tête de plusieurs Etats.