Samedi 15 octobre, une première série de manifestations d’indigné·e·s s’est déroulée dans toutes les grandes villes du monde. Genève n’a pas manqué à l’appel en réunissant plus de 400 personnes, tandis que 1000 personnes se rassemblaient à Zurich et une centaine à Bâle.
Après les « Indignados » espagnols, le quartier financier de Wall Street à New York est occupé depuis le 17 septembre dernier. Les indigné·e·s militent pour que les milieux de la finance cessent de diriger le monde. Ils·elles refusent l’avidité et la corruption du 1 % de la population face aux 99 % restants. Dans la foulée, un appel à des rassemblements d’indigné·e·s dans le monde entier a été lancé. 951 villes de 92 pays ont répondu à l’appel, en occupant rues, places et parcs.
La Place des Nations à Genève, faisant face au siège de l’ONU, a donc symboliquement été choisie pour relayer cette contestation mondiale. 400 personnes ont pris place devant une banderole où l’on pouvait lire « Exprimez vos indignations ». Les indigné·e·s « genevois » se sont ensuite essayés à la démocratie directe : une cinquantaine d’intervenant·e·s ont pris spontanément le micro pour exprimer leur indignation face au système actuel. Des témoignages variés mais un seul réquisitoire : lutter contre la dictature de l’argent. Mêlant revendication globale et locale, les indigné·e·s ont également dénoncé le problème du logement.
Un mouvement apolitique ?
Malgré les nombreuses prises de parole visant à remettre en cause le système capitaliste, plusieurs intervenant·e·s ont paradoxalement déclaré que ce mouvement devait rester « apolitique ». Symptôme d’une jeunesse qui ne se sent plus représentée par les partis politiques traditionnels, ou envisagés comme tels, et qui ne croit guère au changement de société par les urnes. Après plus d’une heure de débat collectif, de petits groupes de discussions se sont formés. Il y a surtout été question de l’organisation du mouvement. Les indigné·e·s ont donc convenu de se réunir chaque samedi à 14h au parc des Bastions. Le soir même, quelques dizaines de personnes y ont installé un campement.
Le mouvement ne mobilise certes pas (encore) les masses comme en Espagne, les situations sociales et politiques des deux pays différent pour le moins. Cependant, il est de très bon augure que des gens descendent dans la rue pour devenir enfin acteurs·trices du changement social. Les milieux bourgeois martèlent sans cesse qu’il n’y a pas de quoi se plaindre en Suisse, pays riche et privilégié. La finalité d’un tel discours vise tout simplement à nous maintenir dans un immobilisme politique. La jeunesse est cependant de moins en moins naïve face à la crise économique. Elle est consciente que les inégalités sociales sont croissantes même en Suisse. Elle refuse de payer les pots cassés et d’être la génération sacrifiée. Aux dernières nouvelles, dix tentes ainsi qu’un tipis se sont installés aux parcs des Bastions pour poursuivre l’indignation. Affaire à suivre.
Jorge Lemos