Dans quelques jours, ce sera la fin de la trêve hivernale. Le 15 mars sonne la sinistre reprise des expulsions locatives, l’angoisse pour des centaines de milliers de familles touchées par la précarité, le chômage et la flambée des loyers. Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre, l’augmentation incontrôlée des loyers plonge des millions de locataires dans la précarité locative : 1 252 000 personnes étaient en impayé locatif en 2006, chiffre à réévaluer largement car la crise économique est passée par là.
Depuis 1999, le nombre d’expulsions locatives avec intervention effective de la force publique a augmenté de plus de 132 %. On a dénombré 11 000 expulsions manu militari en 2010. Derrière ces chiffres se cachent des drames humains, ceux des hébergements d’urgence, de la rue et de l’exclusion. D’autre chiffres sont aussi révoltants, le groupe Bouygues annonce fièrement 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011, le groupe Vinci 44 milliards d’euros… La pénurie de logements fait la fortune des actionnaires du BTP et des groupes immobiliers.
Alors samedi 10 mars, à Paris, mais aussi à Lille, Tours, Amiens, Mulhouse, Angers, Lorient et dans bien d’autres villes où des rassemblements et des manifestations sont annoncés, nous descendrons tous dans la rue pour ne jamais y vivre !
Nous descendrons dans la rue pour affirmer le droit au logement, sur le modèle du droit à l’éducation, c’est-à-dire celui d’un droit égal et garanti pour tous et toutes !
Nous battrons le pavé pour exiger l’arrêt des expulsions, la construction massive de logements vraiment sociaux et l’application de la loi de réquisition des logements vides seuls à même de répondre à l’urgence de la situation. Pour le droit au logement, comme pour l’ensemble de nos droits, un autre partage des richesses est nécessaire !
Si les grosses fortunes s’exilent en Belgique, en Suisse et ailleurs, tant mieux, nous occuperons leurs immeubles !
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 139 (08/03/12).
2E RÉQUISITION DU DAL À ROUEN.
Le DAL a organisé une manifestation samedi 11 février, rassemblant une centaine de personnes, avec le soutien de RESF. À l’issue de la manifestation, des logements vides appartenant à la mairie de Rouen ont été réquisitionnés afin d’y reloger des familles, le bâtiment précédemment occupé ne pouvant pas être un logement digne de ce nom, sans eau, sans électricité, sans chauffage. En effet, la mairie, avec à sa tête la socialiste Valérie Fourneyron, s’était engagée à reloger ces familles notamment les parents d’un bébé de deux mois et d’une petite fille malade. Comme la mairie ne se décidait pas à passer aux actes, le DAL a agi pour elle, l’obligeant à prendre ses responsabilités. La mairie a été jointe dès que les locaux ont été occupés samedi. Elle s’est engagée à ne pas expulser les familles mais a porté plainte contre le président du DAL de l’agglomération rouennaise. Alors qu’une trentaine de personnes étaient dans les appartements avec les familles, la vingtaine de manifestants restés en bas de l’immeuble devant la porte ont été chargés violemment par les CRS et des individus de la BAC qui se sont acharnés contre deux d’entre eux.
Le DAL avait déjà procédé, le mardi 17 janvier, à l’occupation, d’un bâtiment vide de plus de 1 400 m2 sur les quais de Rouen, qui appartient à l’État et est inoccupé depuis plus de deux ans. Cette action avait pour but d’alerter les pouvoirs publics sur le fait que six familles
avec enfants étaient actuellement à la rue en plein hiver, et d’obtenir leur relogement [1]. Après avoir été reçus par la préfecture, des représentants de la mairie et de la communauté d’agglomérations, le DAL avait obtenu le relogement de la famille française mais rien pour les cinq autres sous le prétexte que leur situation au regard du titre du séjour n’était pas éclaircie. Ces familles sont roumaines. La façon dont sont traités les Roumains en France alors que la Roumanie fait partie de l’Union européenne est absolument scandaleuse.
À ce jour le DAL a officiellement, devant huissier, quitté le premier bâtiment occupé. Les négociations se poursuivent avec la mairie de Rouen afin qu’elle accepte le logement de ces familles dans des appartements lui appartenant, ne serait-ce que provisoirement, le temps qu’une solution acceptable leur soit proposée. Il faut également que la mairie retire la plainte déposée contre le président du DAL.
1. Voir ci-dessous, Tout est à nous ! N°136 du 16 février.
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 138 (01/03/12).
« LA POLITIQUE DU LOGEMENT TUE »
Mercredi 22 février 2012
C’est sous une banderole où était inscrit : « La politique du logement tue » qu’une centaine d’habitants de Saint-Denis s’est réunie samedi 18 février 2012 devant la mairie, à l’appel du Comité anti-expulsions créé en décembre dernier1. En effet, Ecaterina, mère de six enfants, en galère de logement depuis plusieurs années, déplacée de ville en ville et hébergée au 115 a fini par s’immoler dans le hall de la mairie de Saint-Denis, le mercredi 15 février. Elle est décédée le lendemain. Ce drame illustre avec gravité et de la façon la plus violente et la plus radicale qui soit les effets sociaux de la politique du logement de Sarkozy. La situation est devenue intenable : 130 000 SDF, 3 millions de mal-logés et presque 10 millions de personnes touchées par la crise du logement en France (chiffres Fondation Abbé-Pierre). Dans une ville comme Saint-Denis, cela se traduit par 1 500 procédures d’expulsion pour le 15 mars (fin de la trêve hivernale) et plus de 6 000 demandes de logement non satisfaites. Dans cette ville populaire, la majorité de la population se trouve en difficulté pour se loger et payer son loyer ou ses traites. Et malgré cela, le préfet-flic Lambert, très proche de Sarkozy, a expulsé plusieurs dizaines de familles en décembre dernier, en plein hiver. Depuis, la majeure partie des expulsés campe devant la mairie. Pour ceux hébergés au 115 c’est aussi la galère la plus complète : chambres insalubres et inadaptées à une vie familiale (rien pour cuisiner ou nourrir les bébés), horaires inadaptés à ceux qui travaillent de nuit, éloignement des lieux de travail et des écoles des enfants (3 heures/jour de transport pour les enfants expulsés)... L’hébergement d’urgence par le 115, solution mise en avant par le gouvernement mais aussi par la municipalité de Saint-Denis, est un échec.
Face à cela, le combat auprès des expulsés continue : chaque semaine des manifestations, des actions ou encore des événements festifs de lutte sont organisés. Ils ont d’ores et déjà permis de stopper la vague d’expulsions que promettait le préfet Lambert. Alors que la fin de la trêve hivernale approche le comité a lancé ce samedi un appel national pour réquisitionner les logements vides : « Face à cette faillite du 115, pour répondre à l’urgence, la réquisition des logements vides est une nécessité. Et ils ne manquent pas. Les pouvoirs publics ont les moyens juridiques de ces réquisitions. Les municipalités doivent s’engager. Il est temps de construire un mouvement national de réquisition des logements vides, pour modifier le rapport de forces entre l’Etat et les mal-logés. Nous lançons aujourd’hui cet appel à toutes les forces sociales et politiques, à toutes les municipalités, pour s’engager dans ce sens ». Partout où c’est possible, il faut s’emparer de cet appel et organiser la lutte contre les expulsions, contre le mal-logement, pour l’accès à des logements dignes et décents pour toutes et tous.
Étienne (Saint-Denis)
1. Voir ci-dessous Tout est à nous ! n° 129, 22 décembre 2011.
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 137 (23/02/12).
COMMUNIQUÉ DU NPA. LE DROIT AU LOGEMENT POUR TOUS : C’EST URGENT
Mercredi 1 février 2012
Le droit à un logement durable de bonne qualité pour tous est une urgence, comme le droit à l’éducation, qui devrait être au cœur de la campagne présidentielle et des mobilisations sociales. L’actualité, particulièrement en cette période de froid, nous rappelle que c’est un droit fondamental constamment bafoué. En témoigne les familles expulsées de deux squats de Saint-Denis, il y a plusieurs semaines, dont la situation n’est toujours pas réglée.
10 millions de personnes sont touchées par la crise du logement, selon la fondation Abbé Pierre, et parmi elles 3, 6 millions sont pas ou très mal logées.
C’est autant de drames humains que N. Sarkozy n’a absolument pas pris en compte dans son interview télévisé du 29 janvier. Sa politique du logement est une faillite complète. La loi Dalo est en souffrance et ne peut s’appliquer faute de logements en nombre suffisant, les budgets des centres d’hébergement et d’insertion ont été sabrés. Résultat : la flambée des prix qu’il s’agisse des loyers ou des tarifs de l’immobilier et toujours autant de personnes en mal de logement.
Pour le NPA, il est grand temps de prendre des mesures radicales pour faire du logement une priorité sociale : la mise en œuvre de la loi de réquisition des logements vides et l’interdiction des expulsions sans relogement prélable ; la création d’un grand service public du logement car le marché n’a pas de vertus régulatrices comme voudrait nous le faire croire le gouvernement ; la construction d’un million de logements sociaux de toute urgence ; le plafonnement des loyers à 20% du revenu des locataires ; l’application de la loi SRU dans toutes les localités, notamment.
A l’occasion de l’élection présidentielle comme dans les mobilisations, le NPA fera valoir ces exigences.
UN PLAN D’URGENCE POUR LE LOGEMENT !
Jeudi 12 janvier 2012
La situation en matière de logement est dramatique ! Avec 10 millions de personnes touchées par le mal-logement sous diverses formes, dont 130 000 sans-abri, la situation exige la mise en place d’une politique volontariste pour répondre aux besoins sociaux. Le NPA défend un plan d’urgence pour le logement qui combine des mesures répondant à la fois tout de suite à l’urgence de la situation et des mesures qui permettent de résoudre la question du mal-logement à plus long terme. Il peut se résumer à six mesures :
• L’arrêt des expulsions : l’expulsion est une violence sociale inacceptable. Avec la crise économique, la montée du chômage, de la précarité et la hausse des loyers même dans le logement dit « social », les expulsions sont en hausse et sont la conséquence d’une crise qui n’est pas la nôtre !
• L’application de la loi de réquisition, c’est une mesure nécessaire et possible. Il y a aujourd’hui plus d’un million de logements vides ! La loi de réquisition existe, exigeons son application partout, tout de suite ! Pourquoi attendre 2012 ? !
• Bloquer les loyers pour aller vers des loyers ne devant pas dépasser 20 % du revenu pour ne pas perdre sa vie à la gagner !
• Application de la loi SRU. Inéligibilité des maires qui refusent de respecter cette loi.
• Arrêt des ventes de logements HLM et renationalisation des sociétés HLM pour créer un service public unique du logement social qui permettra une gestion plus cohérente socialement et écologiquement.
• Construction massive de logements vraiment sociaux afin de mettre fin à la pénurie de logements permettant une spéculation qui profite aux banques et à quelques grands groupes immobiliers qui font des profits faramineux sur le dos de la grande majorité de la population. Il est nécessaire de regrouper les bailleurs sociaux dans un service public du logement afin d’avoir une gestion socialement et écologiquement plus cohérente du bâti social, afin de construire des logements sociaux près des lieux de travail et réduire ainsi les pollutions engendrées par les déplacements.
Un toit c’est un droit ! Imposons le droit au logement sur le modèle du droit à l’éducation c’est-à-dire celui d’un droit égal et garanti pour tous et toutes !
Philippe Poutou
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 131 (12/01/12).
MEETING LOGEMENT : 4 HEURES CONTRE LE LOGEMENT CHER !
Jeudi 12 janvier 2012
Attac et Copernic avec la plateforme logement des mouvements sociaux ont organisé, lundi 9 janvier, un grand meeting auquel ont participé trois candidatEs à l’élection présidentielle, dont Philippe Poutou.
L’ensemble du mouvement associatif, des collectifs de mal-logés, étaient réunis pour une belle initiative sur le logement, ce lundi 9 janvier. Attac-Copernic et la plateforme logement des mouvements sociaux ont fait du théâtre du Rond-point une tribune « contre le logement cher ». Les 750 places du théâtre affichaient complet depuis plusieurs jours. Au pupitre, les militantEs du droit au logement (Jeudi noir, CSF, CNL, DAL…), les mal-logéEs (expulséEs de la rue des Sorins à Montreuil, de Saint-Denis) et les personnalités se sont succédé pour dénoncer le mal-logement et affirmer « qu’un toit c’est un droit » ! Les acteurs Pierre Richard et Yvan Le Bolloc’h, la comédienne Josiane Balasko sont venus témoigner de leur solidarité avec les mal-logés. Albert Jacquard a exprimé son indignation de voir aujourd’hui, en France, 10 millions de mal-logés : « il faut remettre en cause le droit de propriété, remettre en cause la façon même dont nous répartissons les richesses ! » Annick Coupé pour Solidaires l’a rejoint en rappelant « qu’on est au cœur de choix politiques fondamentaux et qu’il faut défendre le droit au logement y compris pour les sans-papiers ! »
Mais l’effervescence autour de ce meeting tenait essentiellement à la présence de trois candidats à l’élection présidentielle : Eva Joly (EÉLV), Jean-Luc Mélenchon (FDG) et Philippe Poutou, le candidat du NPA. C’est à eux que s’adressaient les collectifs de mal-logés, à eux que s’adressaient les associations du droit au logement afin que, lors de cette élection, le logement soit une priorité dans le programme et dans l’action de ces organisations politiques. Seul le PS n’a pas envoyé son candidat François Hollande, et c’est donc Marie-Noëlle Lienemann, ancienne secrétaire d’État au logement sous le gouvernement Jospin qui est venue promettre le changement en la matière, reconnaissant « des dysfonctionnements majeurs dans la politique du logement ». Tous les candidats présents s’accordaient sur l’urgence, sur le constat dramatique dans ce domaine : 10 millions de mal-logés dont 3, 5 millions de très mal-logés (logements insalubres, squats, hébergement chez un tiers…) et 130 000 privés de toit qui dorment sur les trottoirs de la cinquième puissance économique mondiale. Tous s’accordaient sur la nécessité d’affirmer le droit au logement et de construire massivement du logement social.
Pour la candidate d’Europe Écologie, « les pouvoirs publics ont renoncé à réguler le marché, traitant le logement comme un autre bien ». Elle s’engage à défendre la construction de « 900 000 logements » en relevant notamment la loi SRU de 20 à 25 % et même à 30 % de logements sociaux pour les communes des zones en tension où les loyers flambent.
L’ancien ministre socialiste du gouvernement Jospin et candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, s’est exprimé dans le rôle qui est le sien « celui de responsable politique ». Il s‘en est pris aux profits des multinationales du bâtiment, à l’explosion des loyers et s’est engagé à créer un « service public national et décentralisé du logement », s’indignant contre la multitude de logements vides dans un contexte de crise du logement : « on doit tout réquisitionner ! »
Philippe Poutou s’est réjoui du large rassemblement de ce soir sur la question du mal-logement, rappelant que si l’expression « crise du logement » revient très souvent, la crise n’existait pas pour tout le monde, depuis des dizaines d’années les multinationales du BTP et les banques engrangent des profits faramineux dans l’immobilier. Et si, aujourd’hui, la crise du logement s’accélère (flambée des loyers, envolée des expulsions locatives…), c’est bien évidemment parce qu’on nous présente la facture d’une crise qui n’est pas la nôtre ! « C’est aux salariés, aux habitants, à la population de mettre le nez dans ses affaires pour imposer le droit au logement » a-t-il asséné avant de développer le plan d’urgence du NPA en matière de logement (voir ci-dessous la fin de l’intervention de Philippe Poutou), insistant sur un point : l’application de la loi de réquisition des logements vides appartenant aux grands bailleurs et institutionnels, prenant Jean-Luc Mélenchon au mot : « pourquoi attendre les élections ? C’est aux maires du Front de Gauche de prendre de tels arrêtés de réquisition. Alors, chiche ? ! »
Max Bess
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 131 (12/01/12).
URGENCE UN TOIT
Jeudi 12 janvier 2012
Alors que Sarkozy en campagne en 2007, déclarait que plus personne ne devait dormir dans la rue, le mal-logement est un phénomène qui n’a fait qu’empirer ces cinq dernières années.
Le 6 décembre, le Collectif des Morts de la rue [1] rendait hommage aux 230 personnes mortes depuis mai 2011 (329 depuis le début de l’année). « Georges, 41 ans, mort en réanimation à Paris ; un homme, mort en pension de famille à Douai ; James, vivant dans la rue à Paris et mort dans un hôpital des Hauts-de-Seine… » Âge moyen : environ 48 ans. Espérance de vie nationale : 80 ans. Des masques blancs barrés de croix noires sur la bouche étaient disposés par terre, symbolisant ceux et celles qu’on ne voit plus et « qui n’ont plus la parole ».
Dans le même temps, on installait un peu partout les pimpants « villages de Noël », jolis chalets pour abriter en ces jours de fête les sans-logis… ? Magie de Noël, oui mais pas trop ! Comme le constate Christian, un Toulousain qui écrit aux Enfants de Don Quichotte : « Construire un village au cœur d’une ville pour célébrer la croissance matérielle, le bonheur à portée de carte bancaire ne pose aucun problème. Mettre à disposition des locaux inoccupés, mettre en place des structures d’accueil et d’encadrement pour reconstruire l’humain semble être mission impossible. »
« Sans toit, mais pas sans nous » : quelques exemples d’actions menées à Toulouse avec la participation de militantEs du NPA.
Depuis le 17 décembre 2011, des membres du Collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion (CREA) [2] et de la campagne « 0 enfant à la rue » ont réquisitionné un troisième immeuble à Toulouse, vide depuis six ans. Quatre familles, dix enfants sont ainsi sortis de la rue.
Le 8 décembre, la FNARS, le collectif interassociations de Toulouse et Urgence un toit organisaient à Toulouse un rassemblement à la veille des Assises nationales du « Logement d’abord » et du discours du ministre. Objectif : d’abord rappeler les promesses du candidat Sarkozy (plus personne ne dormira dans la rue), puis le lancement en 2009 du « logement d’abord » axé sur la refondation de l’hébergement et l’accès au logement, et leur amer constat en 2011 : « Toujours plus de familles expulsées ou à la rue sans solution d’hébergement ou en attente d’un logement Dalo ; des campements inhumains se pérennisent sur tout le territoire, faute de solutions adaptées (manque de places d’hébergement et de logements très sociaux) ; des centres d’hébergement d’urgence saturés avec des délais d’attente pouvant atteindre plusieurs mois avant qu’une place ne se libère en CHRS ; pire, la réforme du « logement d’abord » vise aussi à réduire les places en CHRS, les transférant vers les pensions de famille, lieux d’accueil à bas coût et sans accompagnement social ; et, en Midi-Pyrénées ce sont 20 % de construction de logements sociaux en moins en 2011. »
Avec en plus, une grosse colère : Valérie Pécresse venait d’oser proposer de récupérer l’excédent du Faru, Fonds d’aide au relogement d’urgence, pour équiper les polices municipales de gilets pare-balles. 5 millions d’euros d’excédent, alors que 700 000 personnes sont sans logement !
Cet été, les salariéEs du Samu social se sont misES en grève, pour protester contre la baisse, le « sabrage » comme dit SUD Santé-sociaux, des nuitées d’hôtel. Le gouvernement promettait de les remplacer par des hébergements durables… Mais la loi de finances pour 2012 diminue les crédits alloués à l’hébergement d’urgence de 14 %. Résultat : 3 545 places hivernales en hébergement d’urgence seront financées, contre 9 138 en 2010.
Accueil inconditionnel et immédiat de toute personne sans abri grâce au déblocage de moyens budgétaires suffisants pour atteindre cet objectif, en attendant le relogement !
Isabelle Guichard
2.http://crea-csa.over-blog.com/
« LE GOUVERNEMENT EXPULSE SANS RELOGEMENT, EXPULSONS LE GOUVERNEMENT ! »
Lundi 26 décembre 2011
Après les expulsions de Rroms et la chasse quotidienne aux sans-papiers, la politique anti-immigréEs et anti-pauvres du gouvernement Sarkozy continue toujours plus fort. En Seine-Saint-Denis, c’est le préfet Lambert, proche de Sarkozy, qui officie et, à l’approche de la campagne électorale, il a décidé de taper de manière musclée. À Saint-Denis, depuis le début de la trêve hivernale, quatre immeubles frappés d’un arrêté préfectoral d’insalubrité ont été vidés de leurs habitantEs. Soit une expulsion d’immeuble par semaine ! Ces expulsions se font en plein hiver et sans proposition de relogement durable. Une centaine de personnes se retrouvent ainsi jetées dehors. Les familles avec enfants sont envoyées aux quatre coins de l’Île-de-France dans des hôtels « sociaux » pourris. Leurs enfants, scolarisés à Saint-Denis, ont toutes les peines à venir à l’école. Pour les célibataires et les sans-papiers, c’est la rue ! Comble du mépris : la préfecture refuse de restituer aux familles d’un immeuble (le 11, rue Dézobry) les affaires et les papiers laissés dans l’immeuble lors de l’évacuation.
L’État prend prétexte de l’incendie du squat de Pantin le 28 septembre dernier et de l’insalubrité des immeubles pour expulser. Expulser pour protéger ? Certainement pas. D’une part, la plupart de ces familles se retrouvent à la rue sans hébergement, même d’urgence (le 115 est saturé). D’autre part, cela fait des années que les autorités connaissent la situation de ces immeubles sans avoir rien fait. La raison des expulsions est bien ailleurs. À quelques mois de l’élection présidentielle, le gouvernement tape sur les travailleurEs immigréEs, faisant ainsi la politique du FN. Calcul électoral donc. Mais il s’agit aussi d’accélérer la politique de « requalification » des quartiers dégradés et les opérations immobilières juteuses qui vont avec. Les immeubles vidés sont en effet situés dans le centre-ville de Saint-Denis, où le parc de logement privé est dégradé depuis longtemps, et les autorités espèrent pouvoir y installer des populations plus « aisées ».
Face à l’offensive de l’État, la mairie de Saint-Denis (dirigée par le PCF) ne cesse de tergiverser. D’un côté, elle se déclare opposée à ces expulsions et solidaire des familles, de l’autre, elle refuse d’engager la bataille politique contre les sbires de Sarkozy. Pourtant, face à un préfet qui refuse toute discussion, nous disons qu’il n’y a qu’une issue : la mobilisation populaire. Les familles expulsées se sont rassemblées pour lutter. Celles du 76, rue Gabriel-Péri occupent le parvis de la mairie, malgré le froid et la tempête des derniers jours. La population de Saint-Denis a elle aussi décidé de ne pas laisser faire. Cinq manifestations (200 à 300 personnes) se sont déroulées depuis fin novembre. Un comité de soutien et de mobilisation a été créé et regroupe des syndicats, des associations et des partis de gauche. Le NPA et ses militantEs se sont engagéEs auprès des expulséEs et participent au comité. Nous disons que c’est toute la politique du logement qui est à revoir dans ce pays. Face à des situations de mal-logement toujours plus dramatiques (presque 4 millions de mal-logés en France) il est temps de bloquer les loyers, de réquisitionner les logements et immeubles vides et de construire massivement des logements sociaux. Dans l’immédiat, nous exigeons la régularisation des sans-papiers de ces immeubles et le relogement des familles. Parce qu’un toit c’est un droit !
Étienne (Saint-Denis)
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 129 (22/12/11).