« Cette année encore, les inégalités entre hommes et femmes persistent.
Sur le plan économique d’abord : les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins que leurs collègues masculins. Elles obtiennent les contrats les plus précaires, comme les contrats à durée déterminée, le travail intérimaire ou sur appel et sont surreprésentées dans les métiers faiblement rémunérés. Les compétences requises dans le secteur de la santé, de l’enfance ou du nettoyage sont souvent considérées comme des savoir-faire « naturellement » féminins. Ces compétences sont alors peu, voire pas reconnues et encore moins correctement rétribuées. En outre, il est important de rappeler que ces secteurs fonctionnent, notamment, grâce au travail des migrantes, souvent sans papiers, qui n’ont pas la possibilité de faire valoir leurs droits et qui sont donc doublement exploitées : en tant que femme et en tant que migrante ! Opprimées parmi les opprimées !
Contrairement aux qualités considérées comme « naturellement » féminines, les compétences de quelques grands patrons – dont, rappelons-le, peu sont de sexe féminin – sont excessivement bien reconnues à en juger par leurs salaires annuels qui avoisinent les 10 millions de francs. Sont-ils vraiment près de 150 fois plus performants et plus utiles pour la société qu’une infirmière ? J’en doute. L’économie capitaliste a comme unique but de rendre les riches plus riches, peu importe par quel moyen et avec quels arguments fallacieux. Nous, au contraire, nous pensons qu’une société plus égalitaire est possible et qu’il faut répartir plus équitablement les richesses entre tous et toutes !
Réduire le temps de travail pour aller vers l’égalité
Les inégalités entre hommes et femmes persistent également dans la sphère familiale. Les femmes assument l’essentiel du travail domestique, non rémunéré et encore peu reconnu, particulièrement si elles ont des enfants. Cette charge de travail pousse beaucoup de mères à réduire leur taux d’occupation, situation pourtant fort peu enviable, sur le plan économique et social. Cependant, comment faire autrement, dans une société où il n’y a pas assez de place dans les garderies et où les hommes peinent à obtenir un temps partiel ou même quelques jours de congé paternité ? Quand les femmes décident de tout de même garder leur temps plein, ce sont bien souvent les migrantes, pour des salaires de misère, qui vont pallier les carences des services sociaux. L’égalité entre hommes et femmes n’est pas possible sans la création de nouvelles infrastructures. Des garderies, des congés parentaux et une réduction généralisée du temps de travail permettraient une meilleure répartition du travail entre tous et toutes, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie de chacun et chacune.
L’avortement doit rester libre et gratuit
Aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes n’est pas encore acquise ; pire encore, des droits fondamentaux sont même remis en question. En effet, l’avortement est attaqué par la droite conservatrice. Les auteur·e·s de l’initiative « Financer l’avortement est une affaire privée » tentent de dissimuler leur visée anti-avortement derrière des arguments économiques par ailleurs totalement infondés. Leur véritable objectif est de condamner l’avortement. Nous sommes fermement résolu·e·s à combattre cette initiative. Car empêcher des femmes d’avorter, c’est remettre en cause leur droit de contrôler leur corps et leur sexualité. Stigmatiser l’avortement, c’est exercer une violence psychologique envers les femmes qui y recourent ou doivent y recourir. Ne pas rembourser l’avortement, c’est obliger les femmes à prendre en charge seules les coûts d’une telle intervention, sans que les hommes y participent ; c’est également faire de l’avortement un privilège pour quelques fortunées. L’avortement doit donc rester libre et gratuit !
L’égalité entre hommes et femmes n’est pas encore une réalité, mais ensemble nous pouvons faire qu’il en aille autrement ! »
Nora Köhler
DROIT À L’AVORTEMENT
« nous ne tolérons aucune régression ! »
A l’occasion du dixième anniversaire de la solution des délais, le 2 juin prochain, un groupe de travail formé d’élues de plusieurs horizons politiques, de féministes et de professionnelles de la santé sexuelle, a proposé une résolution doit voici le cœur :
Le régime du délai a donné aux femmes le droit de décider de manière autonome et responsable d’interrompre ou non une grossesse non voulue.
L’obligation pour l’assurance-maladie de rembourser l’intervention faisait partie intégrante du texte voté et fut clairement acceptée par le peuple.
Dix ans après la votation, le régime du délai a fait ses preuves :
– Le nombre d’interruptions de grossesse n’a pas augmenté, malgré la croissance de la population.
– Le taux d’IG est le taux le plus bas de toute l’Europe.
– Ces résultats sont le fait d’une bonne prévention.
Nous combattons toute attaque de ces acquis :
L’initiative « Financer l’avortement est une affaire privée » doit être refusée.
– Elle s’attaque aux acquis du régime du délai et au droit des femmes à la santé sexuelle et reproductive.
– Elle discrimine toutes les femmes en dégageant les hommes de toute responsabilité financière.
– Elle rend l’accès à l’IG plus difficile pour les femmes socialement et financièrement défavorisées et met leur santé en danger.
– Elle mine le principe de solidarité de l’assurance de base.
– Elle promet une baisse trompeuse des coûts de la santé, mais vise en réalité la stigmatisation de l’interruption légale de la grossesse. […] »
SolidaritéS soutient évidemment cette résolution. Le programme de la conférence publique du 2 juin à Berne et la liste des membres du groupe de travail se trouvent sur le site de l’USPDA : www.svss-uspda.ch/pdf/le-regime-du-delai-a-10-ans-non-a-toute-regression.pdf
(réd. de « solidarités »)