Vous avez déclaré, il n’y a pas si longtemps, que vous considériez une grève générale comme nécessaire, mais que celle-ci à l’heure actuelle n’était pas encore possible. Quelle est d’après vous la raison essentielle qui fait que ça ne marche pas ? Est-ce le fait des travailleurs dans les entreprises qui sont encore trop timides. ?
Bernd Riexinger : Il y a en Allemagne une contradiction curieuse entre la compréhension de la nécessité de ce qu’il faudrait faire et ce que l’on parvient en fait à faire. Dans notre région, en Souabe, on entend souvent dire « Nous devrions faire comme les Français » mais pas encore « maintenant nous faisons comme les Français ». C’est que pour y arriver, il faut une volonté politique des directions syndicales à tous les échelons. Je pense qu’il faut préparer la grève générale en Allemagne étape après étape. Les expériences passées nous ont régulièrement apporté la preuve que les syndicats sont tout à fait en mesure d’organiser des actions sur le temps de travail. Par exemple dans la lutte contre la retraite à 67 ans ou lors des attaques contre l’autonomie tarifaire — ce qui au fond n’est rien d’autre qu’une grève politique. C’est pour cette raison que je pense que l’on peut amener progressivement les travailleurs et travailleuses à la grève générale.
La législation est différente en Allemagne et en France. Ici les grèves politiques sont interdites. Quelles peuvent en être les conséquences pour ceux qui y participeraient ?
B. Riexinger : En pratique, tout dépendrait du nombre de participants. Au-delà d’un certain seuil, personne ne se risquera sérieusement à engager une procédure judiciaire contre les participants. Ce qu’il faut, c’est tout simplement le faire. Et on doit, bien sûr, lier cette action avec l’exigence du droit à la grève politique. Les syndicats ne devraient pas continuer indéfiniment à accepter que l’Allemagne soit l’un des rares pays d’Europe dans lesquels la grève politique n’est pas autorisée.