Militant-e-s du mouvement LGBT, nous revendiquons l’égalité sans l’austérité.
Nous appelons à manifester le dimanche 30 septembre à Paris contre Le Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro, dit Pacte budgétaire, qui doit être soumis en octobre 2012 au vote du Parlement, à défaut de référendum populaire.
L’année 2012-2013 devrait être une année d’avancée en matière d’égalité des droits pour les personnes LGBT avec la promesse de l’ouverture du mariage pour tou-te-s et du début de la reconnaissance législative de l’homoparentalité, même si le gouvernement semble pour le moment bloquer sur l’ouverture de l’adoption conjointe hors mariage, sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes et sur la reconnaissance de la filiation dans les projets de coparentalités et même si par ailleurs aucun calendrier n’est pour le moment connu concernant le droit de toute personne à changer son état-civil en fonction de son identité de genre. Nous ne méconnaissons pas les levées de boucliers qui se profilent déjà parmi les milieux réactionnaires qui refusent l’égalité des droits pour les personnes LGBT, et ce même avec un projet gouvernemental a minima. Certes le combat pour la reconnaissance de l’égalité pour toutes les formes d’union reste en grande partie une lutte idéologique pour faire changer les mentalités, mais que vaudra concrètement cette égalité dans les vies des personnes LGBT, si la victoire symbolique en matière d’égalité des droits en 2013, se conjugue dans le même temps avec l’austérité ? Le fait que la promesse du mariage pour tou-te-s fasse oublier toute avancée des droits sociaux et économiques dans le cadre du PACS, tel que le droit à la pension de réversion pour le conjoint survivant pacsé que demande le mouvement LGBT ces dernières années, n’est-il pas lui-même la conséquence des politiques d’austérité déjà mises en œuvre par anticipation de la règle d’or ?
En effet, le Traité européen d’austérité, vise à inscrire dans le marbre « la règle d’or » de déficit budgétaire maximum annuel de 0, 5% du PIB, à la place du seuil déjà trop restrictif des 3% du PIB. Cela revient à considérer que toute dépense publique supérieure aux recettes courantes est un mal en soi ! Pire, en imposant cette règle d’or, on ne réussiraient qu’à provoquer une dépression durable et générale en Europe et, comme le montrent les exemples grecs, portugais ou espagnols, loin de résoudre la crise économique, on ne ferait que la nourrir et l’aggraver.
La crise économique et les politiques libérales accentuent la compétition de tou-te-s contre tou-te-s, notamment dans l’accès à l’emploi, au logement, à la santé et sont le terreau de toutes les discriminations, qu’elles soient sexistes, xénophobes ou LGBT-phobes, et également des idéologies réactionnaires. Et dans le même temps, en période de crise aggravée, il est très difficile de faire avancer les droits LGBT quand la priorité est principalement donnée aux dossiers économiques. Nous ne sommes malheureusement pas obligés de nous tourner vers le passé des années 1930 ou 1940 pour trouver des exemples édifiants. Aujourd’hui même, en Grèce, principale victime des politiques austéritaires imposées dans l’Union européenne depuis 2009, on voit la montée en puissance d’un parti néo-nazi avec pignon sur rue, l’Aube dorée, qui prospère dans le contexte de crise et dont les membres ne se privent pas de faire des descentes violentes dans les rues d’Athènes contre les étrangers, les homosexuels ou les transgenres, avec une quasi impunité. Alors que la Grèce est l’un des pays de l’UE les moins dotés en matière de droits LGBT, la crise économique et la priorité donnée au dépeçage du secteur public a définitivement renvoyé hors calendrier toute possible avancée dans ce domaine. Et dans cette même Grèce meurtrie par les coupes budgétaires à répétitions, le taux d‘infection au VIH a augmenté de 52% entre 2009 et 2010 d’une part du fait de la chute des financements des politiques de prévention de santé sexuelle, et d’autre part à cause de l’augmentation des pratiques à risques de toute une population qui ne se voit pas d’avenir.
En France aussi toutes les politiques publiques tombent sous le coup de restrictions budgétaires. Les personnes LGBT ont besoin comme tout le monde de services publics qui fonctionnent, de transports, d’équipements publics, d’égal accès aux droits sociaux dans tous les territoires et les quartiers, et aussi du soutien financier des pouvoirs publics à l’intervention du tissu associatif. Mais de façon plus sectorielle, comment imaginer la mise en place de nouvelles politiques de luttes contre les discriminations LGBT-phobes ? Certes, le gouvernement actuel affiche en ce domaine une volonté de principe qui tranche avec le précédent mais comment passer de l’égalité formelle à l’égalité réelle si la dépense publique est appelée à diminuer ? Car derrière la règle d’or, ses partisans ne veulent pas d’un Etat qui puisse investir dans l’éducation, la santé, la recherche, le logement, les transports collectifs, la sécurité, etc.
Prenons l’exemple de la santé. Comment envisager de réelles politiques de prévention, de dépistage et de promotion de la santé sexuelle, ciblées en fonction des risques sanitaires, notamment à l’égard des personnes LGBT, si pour cause d’austérité on maintient les franchises médicales et la désorganisation de l’hôpital public héritées des 10 ans de gouvernement UMP, avec des ARS qui sont là pour gérer la pénurie ? Les mêmes ARS refusent pour raison budgétaire les plans d’actions de lutte contre le suicide des jeunes LGBT ou victimes de LGBT-phobies car les services de la santé publique n’ont toujours pas engagé un chiffrage administratif du risque accru de suicides chez les jeunes stigmatisés, qu’ils ou elles soient L, G, B ou T, ou que leurs comportements ne correspondent pas aux stéréotypes de genres habituels.
Par ailleurs, la loi condamne déjà les violences LGBT-phobes, les propos publics discriminatoires et les discriminations en milieu professionnel ou dans l’accès au logement ou aux biens et services. Mais comment faire valoir ces droits, si les services de la Justice sont engorgés faute de moyens ? La même question se pose concernant le corps de l’Inspection du travail qui continue à être saigné dans ses effectifs au point de remettre en cause un réel travail de repérage des situations de brimades discriminatoires, de harcèlement moral ou de plafond de verre dans l’évolution des carrières à l’encontre des personnes LGBT, en milieu professionnel. De même, concernant les discriminations au Travail, l’Etat a-t-il l’intention d’engager les moyens nécessaires pour mener une grande enquête nationale de repérage et chiffrage, telle que demandée par les associations et organisations syndicales engagées sur ce terrain ?
En milieu scolaire, la politique de lutte contre les discriminations revient bien souvent à faire sous-traiter la question par des interventions éparses d’associations. Si on peut saluer la progression du nombre d’associations agréées aux niveaux national ou académique pour faire de telles interventions, celles-ci ne peuvent à elles seules couvrir tous les établissements. L’Etat doit pourtant donner les moyens d’une réelle visibilité de la campagne d’affichage du numéro de la ligne Azur et répondre aux besoins de formation sur les questions LGBT des professionnels de l’Education nationale, qu’ils soient enseignants ou non (CPE, services de santé scolaire) ? Le même besoin de formation aux questions LGBT se fait aussi sentir hors milieu scolaire en ce qui concerne les associations d’éducation populaire ou les éducateurs sociaux qui accompagnent les jeunes LGBT confrontées à l’errance par rejet familial.
Parce que l’engagement de l’Etat sur les questions touchant les personnes LGBT ne peut se limiter à des mesures de principes ou symboliques mais qu’il doit être aussi d’ordre financier, nous voyons bien que les exigences en termes d’égalité réelle pour les LGBT ne sont pas compatibles avec la politique d’austérité imposée par les institutions de l’UE. Aussi, nous appelons à manifester à la marche du dimanche 30 septembre contre la ratification du traité TSCG.
Signataires :
Gilles Alfonsi (communiste unitaire, FASE)
Erwan Baete (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Christophe Bareille (PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Célia Baudu (syndicaliste et militante associative)
François Berdougo (militant de la lutte contre le sida - compagnon de route Front de Gauche)
Ian Brossat (président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris)
Emmanuel Carroz (militant de SOS homophobie, syndicaliste SNUIPP-FSU)
Bernard Chapnik (commission LGBTI du NPA)
Gaëlle Chardon (co-secrétaire PG 49, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Ludovic Chéné (Gauche Anticapitaliste, militant LGBTI et activiste contre le sida)
Christiane Chombeau (SN du PG, conseillère municipale Colombes)
Patrick Comoy (PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Alexis Cortijos & Fabrice Lesté (mariés symboliquement à Villejuif le 11/02/2012 – militants Front de Gauche)
Anastasia Damamme (commission LGBTI du NPA)
Bertrand Decroix (militant associatif contre l’homophobie, Convergences et alternatives)
Jean-Michel Dorlet (co-secrétaire PG 21, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Laurent Dupré (PG 90, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Philippe Durand (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires », associatif 89)
José-Angel Fernandez (PG 13, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Jacques Fortin (commission LGBTI du NPA)
Julien Guibert (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Alain Guillo (PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Andreas Günther (Die Linke, Allemagne - coordinateur du groupe LGBT/Parti de la Gauche européenne)
Hélène Hazéra (Act Up-Paris, activiste Trans, productrice radio)
Yann Henzel (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Joël Hérode (militant Front de Gauche)
Cédric Ingold (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Catherine Jouanneau (SN PG, Santé)
Martine Lachaud (CN PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Jean-Charles Lallemand (SN PG Egalité des droits, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Lazaridis Lazaros (SYRIZA, Grèce - groupe LGBT/Parti de la Gauche européenne)
Hélène Le Cacheux (PG 13, BN du PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Pascale Le Neouannic (conseillère régionale IDF, SN PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Jean-Yves Leven (PCF, collectif « Fier-e-s et Révolutionnaire »).
Cécile Lhuillier, (Act Up-Paris, co-présidente)
Thomas Linard (PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Nicolas Lucmarie (PCF, collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Elisa Martin (conseillère régionale Rhône-Alpes, PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Céline Meneses (militante LGBT, Parti de la Gauche européenne)
Amandine Miguel (co-responsable du groupe LGBT à Osez le Féminisme !)
Mathieu Moreau (PG 21, responsable associatif LGBT à Dijon)
Stéphanie Nicot (enseignante, militante transgenre et LGBT)
Younous Omarjee (député européen, Gauche unitaire europeenne)
Nicole Pignard-Marthod (syndicaliste FSU)
Bruno Pommier (commission LGBTI du NPA)
Georges Renault (commission LGBTI du NPA)
Loïc Rigaud (PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Cécile Ropiteaux (Militante FSU - Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire)
Richard Sanchez (membre du CN du PCF, Président du collectif « Fier-e-s et révolutionnaires »)
Danielle Simonnet (conseillière de Paris, PG, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Philippe Stierlin (communiste unitaire, FASE)
Aurélie de Susa (co-responsable du groupe LGBT à Osez le Féminisme !)
Michel Tissier (PG 45, commission « Genres, sexualités, LGBT »)
Jean-Louis Touton (Gauche anticapitaliste-FdG)
Anne Tuaillon (militante féministe, communiste unitaire, FdG)
Juha-Pekka Väisänen (Parti communiste finlandais - groupe LGBT/Parti de la Gauche européenne)
Anthony P. Whitney (militant PS LGBT, adhérent d’HES, syndiqué SNES-FSU)