Partout en Europe, Mittal dévoile clairement sa stratégie : pour les salariés de Liège comme de Florange, ce sera l’arrêt officiel des hauts-fourneaux et de l’aciérie. Le groupe, qui a réalisé plus de 4, 2 milliards d’euros de bénéfices net de janvier 2011 à août 2012, fait payer aux salariés le maintien d’un taux de profit honteux.
Un chantage scandaleux
À Liège, il y eut l’année dernière l’annonce de la fermeture de la phase chaude pour 500 salariés. Puis au printemps, le chiffre passe à 795 alors qu’on apprenait que le groupe n’aurait payé que 496 euros d’impôts belges en 2009 et zéro euro en 2010 ! Enfin, les négociations entre syndicats et patronat étant bloquées depuis plusieurs mois, la direction a fait du chantage en menaçant de retirer un plan d’investissement de 138 millions d’euros pour la phase froide, ce qui aurait condamné Liège définitivement avec environ 10 000 emplois directs et indirects touchés.
Au Luxembourg, une aciérie et deux laminoirs sont en « arrêt indéterminé » depuis plus d’un an, mettant 700 salariés en cellule de reclassement, tandis que l’État s’est engagé à payer ces salariés en utilisant plusieurs dizaines de millions d’euros d’argent public.
L’État à genou devant Mittal
En France, à Florange, les deux derniers hauts-fourneaux ont été arrêtés en 2011 avec toute la phase chaude (550 personnes). Finalement, le ministre Montebourg annonce que l’État est en train de négocier un rachat à l’euro symbolique de la partie chaude.
Le gouvernement montre très clairement qu’il ne se battra pas pour s’opposer à la fermeture de la partie chaude mais essaye de diminuer un peu le nombre des futurs licenciés en accompagnant le plan social pour associer les syndicats avec lui.
Pourtant, le site de Florange est un site intégré de 2 500 personnes, qui ne peut pas être séparé, allant des hauts-fourneaux aux produits finis (aciers pour automobile ou boîtes de conserve).
L’État annonce qu’il essaiera de trouver un repreneur privé. Combien de travailleurs seront remerciés après ce changement de patron, combien d’aides publiques recevra-t-il et surtout comment fera le futur repreneur potentiel pour vendre ses demi-produits (brames d’acier, inutilisables, qui doivent être transformés en produits finis) sans entrer en concurrence avec le numéro un mondial ArcelorMittal qui ne fera aucun cadeau ?
À tout cela, s’ajoutent des plans de restructuration au niveau européen. Mittal veut concentrer le plus gros de ses investissements dans les mines de fer et de charbon (Canada, Brésil, Libéria, Arctique) pour mettre la main sur les matières premières.
Une mobilisation hésitante
Côté belge comme français, certains pensent que les gouvernements socialistes en place ont une volonté réelle et même une capacité à sauver les emplois. Partout la même réponse des autorités : tables rondes, discussions avec tous les représentants de l’état, rapports d’experts… pour au final des annonces vides et aucune avancée concrète et un risque fort de démobilisation lorsque les politiques nous diront qu’ils ne peuvent et ne veulent rien faire.
Les directions syndicales nationales devraient inévitablement faire le lien entre toutes ces luttes dispersées. Pourquoi n’y a-t-il pas une volonté forte des dirigeants syndicaux nationaux pour rassembler tous les salariés en lutte dans un affrontement unitaire ? Peur de se faire déborder par la base ? Il n’y a quasiment aucune convergence des luttes à l’échelle européenne. Face à une stratégie globale d’ArcelorMittal, nous devons combattre ensemble peu importe où l’on travaille, en dépassant le carcan des frontières nationales pour imposer l’expropriation des groupes privés des secteurs clés de l’économie (énergie, transport, etc…) dont fait partie la sidérurgie, en la plaçant sous contrôle des travailleurs.
Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg