L’UGTT à l’époque coloniale
1946 : Fondation de l’UGTT, avec Fahred Hached comme secrétaire général. Les dirigeants de l’UGTT appartiennent simultanément à la direction du parti de Bourguiba.
1952 : Le syndicaliste et militant du Néo-Destour Ahmed Tlili contribue au lancement de la lutte armée. Assassinat de Fahred Hached par « La Main rouge », une organisation fasciste de colons liée aux services secrets français. Suite à cela, la lutte armée pour l’indépendance prend son essor.
1953 : Fondation à Paris de l’UGET (Union générale des étudiants de Tunisie).
1954 : Ahmed Ben Salah est élu secrétaire général de l’UGTT.
1955-1956 : La direction de l’UGTT soutient Bourguiba contre Ben Youssef qui sera exclu du parti, puis assassiné à l’étranger par des agents de Bourguiba.
Le bourguibisme triomphant
1956 : L’UGTT participe à une coalition électorale aux côtés du Néo-Destour. Ahmed Ben Salah, le Secrétaire général de l’UGTT, devient également Viceprésident de l’Assemblée constituante. Des syndicalistes sont députés ou ambassadeurs, et quatre sont ministres.
Le congrès de l’UGTT, qui réélit Ben Salah, » énonce un programme économique socialisant et lance une véritable OPA sur le Néo-Destour ». Bourguiba riposte en s’entendant avec Habib Hachour, qui lance une centrale syndicale concurrente : l’UTT. Celle-ci « mène campagne contre les rapports organiques syndicat/parti et le cumul des responsabilités syndicales et gouvernementales ».
Parallèlement, Bourguiba pousse Ahmed Tlili, membre de la direction du Néo-Destour et secrétaire général adjoint de l’UGTT, à prendre la place de Ben Salah à la tête de l’UGTT.
1957 : L’UGTT et l’UTT fusionnent, avec Tlili comme secrétaire général et Habib Achour comme secrétaire général adjoint. Soucieux de neutraliser toute opposition potentielle, Bourguiba nomme Ben Salah secrétaire d’État.
1963 : Afin de concurrencer les structures de l’UGTT, des cellules professionnelles obéissant au parti au pouvoir sont mises en place sur les lieux de travail. Devenu, en mars secrétaire général de l’UGTT, Habib Achour refuse ensuite les injonctions du parti (et du Bureau politique dont il est membre de 1964 à 1966). Il s’oppose notamment à la dévaluation du dinar et à la politique coopérativiste.
1964 : L’UGTT fait campagne pour des augmentations salariales.
1965 : Habib Achour est remplacé à la tête de l’UGTT par Béchir Bellagha, suite à une intervention du pouvoir.
1966 : Habib Achour est emprisonné sous un prétexte fallacieux.
1970 : Face à la crise grave qu’il traverse, le pouvoir demande à Achour de revenir à la tête de l’UGTT. La centrale est immédiatement impliquée dans les luttes de clans au sein du pouvoir.
1971 : Habib Achour redevient (jusqu’en 1977) membre du Bureau politique du Néo-Destour, tout en restant secrétaire général de l’UGTT.
Le bourguibisme tardif
1974 : Crise économique mondiale, redémarrage des grèves.
1977 : Poussée de la base de l’UGTT, qui exige la rupture totale avec le pouvoir. Habib Achour et d’autres dirigeants déchirent leur carte du parti.
1978 : Grève générale 26 janvier à l’appel de l’UGTT : on dénombre des centaines de morts et de blessés. Un millier de membres de l’UGTT, dont Habib Achour, sont arrêtés. Le pouvoir met en place une direction « fantoche » à la tête de l’UGTT, tandis que les syndicalistes « légitimes » sont jetés en prison.
1981-1982 : Nouvelle vague de luttes ouvrières et lycéennes
1981 : Bourguiba est finalement contraint de reconnaitre l’échec de sa tentative de « caporaliser » l’UGTT, et d’accepter le retour d’Habib Achour.
1984 : « Révolte du pain » du 29 décembre 1983 au 6 janvier 1984. Le pouvoir pilote une scission de l’UGTT qui prend, le 18 février 1984, le nom d’UNTT. Les milices destouriennes s’emparent des locaux syndicaux pour les remettre à la nouvelle organisation qui existera jusqu’en avril 1989.
1985 : Habib Achour et d’autres dirigeants syndicaux sont condamnés à de lourdes peines et la direction de l’UGTT est prise en main par une nouvelle équipe sous la houlette du pouvoir.
Le règne de Ben Ali
1989 : L’UNTT réintègre l’UGTT. L’arrivée d’Ismaïl Sahbani comme secrétaire général de l’UGTT consacre la soumission de l’UGTT réunifiée à Ben Ali.
1993 : Les partisans de Sahbani marginalisent durablement les héritiers de l’achourisme conduits par Ali Romdhane.
2002 : Devenu encombrant pour le pouvoir, Sabhani est accusé de détournement de fonds, et jeté en prison. Abdessalem Jrad règne jusqu’en 2011 sur le Bureau exécutif de l’UGTT.
Vers la chute du dictateur
2008 : Révolte du Bassin minier de Gafsa. La gauche de l’UGTT se mobilise en solidarité.
2010 : Le rassemblement du 27 décembre devant le siège de l’UGTT est publiquement dénoncé par le secrétaire général.
2011 : Le 4 janvier, la Commission administrative nationale de l’UGTT se démarque très nettement du pouvoir. Elle laisse, le 11 janvier, la liberté à ses Unions régionales d’appeler à des grèves générales. Le 14 janvier, Tunis est paralysé par la grève, et Ben Ali s’enfuit vers l’Arabie Saoudite.
25-28 décembre 2011 : la direction nationale de l’UGTT ressort profondément renouvelée du 22e congrès de la centrale.
Lecture
Quelques figures historiques du mouvement syndical tunisien
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article26977
http://orta.dynalias.org/solidint/depot/solidint/revue-8/D1.%20Figures%20syndicales%20historiques.pdf