Pour Amnesty International, la France doit mettre fin aux expulsions des campements de Roms. « Si nous notons une amélioration au niveau de l’approche et du discours par rapport aux années précédentes où les Roms étaient souvent stigmatisés par les autorités, la pratique des expulsions forcées se poursuit au même rythme alarmant », explique, John Dalhuisen, directeur du programme Europe de l’organisation, à l’occasion de la sortie d’un rapport [PDF] intitulé « Chassés de toutes parts ».
Pour cette enquête, Amnesty a effectué quatre missions de terrain entre février et septembre sur douze campements informels de la région parisienne. « Le nouveau gouvernement a pris certaines mesures encourageantes concernant la situation des Roms », affirme toutefois M. Dalhuisen. « Que les mots aient changé, c’est déjà une avancée », renchérit Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France.
Mais sur le terrain, la situation reste la même, explique Marion Cadier, chercheuse pour Amnesty qui a participé à la rédaction du rapport. Selon des estimations d’associations citées par Amnesty International, plus de neuf mille Roms ont été évacués au cours des trois premiers trimestres de 2012, un pic ayant été atteint durant l’été, avec deux mille trois cents expulsions en juillet et août.
RUPTURE DE SOINS ET DE SCOLARISATION
Amnesty International demande également que les démantèlements soient accompagnés d’offres de logement de remplacement. Elle rappelle que dans un courrier adressé au collectif RomEurope pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait dit « souhaiter » lorsqu’un campement insalubre est démantelé que des solutions soient proposées aux populations concernées.
L’ONG relève notamment dans le rapport les conséquences désastreuses de ces expulsions sur la santé des Roms et sur la scolarisation des enfants. « L’expulsion sans préparation, et souvent faite dans l’urgence, aboutit à des ruptures de soins », a ainsi témoigné Martin Duteurtre, d’une équipe mobile de soins de Médecins du monde. Véronique Decker, directrice d’une école à Bobigny où sont scolarisés une trentaine d’enfants issus de communautés roms roumaines et bulgares, fait part de « l’effondrement psychique » voire de « l’abandon » des enfants « habitués de l’expulsion ». « Nous créons des enfants qui ne trouvent pas leur place », a-t-elle dit.
La plupart des quelque quinze mille migrants roms qui vivent en France viennent de Roumanie, où ils sont en butte à la misère et à la discrimination.