JUSTICE - L’affaire remonte à 2008. A l’époque, Olivier Besancenot, leader de la LCR, appelée à devenir le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), découvre médusé par la presse qu’il aurait fait l’objet d’une surveillance très rapprochée. En cause : la société SMP Technologies, qui distribue un célèbre pistolet à impulsion électrique, le Taser, très critiqué par l’ancien facteur de Neuilly.
Apprenant dans L’Express que non seulement lui mais aussi sa famille auraient été espionnés, Olivier Besancenot porte plainte. C’est ce procès qui s’ouvre ce jeudi 29 novembre en début d’après-midi au tribunal correctionnel de Paris. Dans le box des accusés : Antoine Di Zazzo, patron de SMP Technologies, ainsi que neuf autres prévenus. Tous sont soupçonné d’avoir commandité ou participé à l’espionnage de l’ancien dirigeant trotskiste entre 2008 et 2008, ceci probablement afin de faire pression politiquement sur le leader d’extrême gauche.
Filatures, détectives privés et flics ripoux
Antoine Di Zazzo est poursuivi pour complicité de « violation du secret professionnel », d’« accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données » et de « détournement de finalités de données ». Selon l’accusation, le patron de SMP Technologies apparaît comme le « véritable donneur d’ordres ». "Afin de tout connaître de la situation personnelle et financière de son adversaire, Antoine Di Zazzo a sollicité le cabinet Dussaucy-Batana afin qu’ils obtiennent des informations confidentielles.
Un compte rendu détaillé des filatures et surveillances dont ont été l’objet Olivier Besancenot et son proche entourage, entre octobre 2007 et janvier 2008, a notamment été saisi au siège de SMP Technologies, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Antoine Di Zazzo assure avoir simplement demandé à un détective privé d’effectuer un relevé cadastral pour obtenir l’adresse de M. Besancenot afin de l’assigner en diffamation. Il affirme que c’est de sa propre initiative que le cabinet Dussaucy-Batana a effectué un certain nombre d’investigations, ce que ce dernier conteste en affirmant que les demandes de M. Di Zazzo sont allées crescendo.
Deux autres détectives sont également poursuivis, tout comme un agent des douanes, un agent des impôts, deux policiers et un responsable bancaire, qui ont été sollicités pour fournir ces données confidentielles.
Un argument politique pour le NPA
De son côté, Olivier Besancenot, qui a renoncé à se porter candidat à la présidentielle en mai dernier mais qui reste une figure active du NPA, attend lors de ce procès des « explications et des condamnations à la hauteur de cette forme d’intimidation qu’est l’espionnage », affirmant que sa compagne, ses enfants, sa famille ont été suivis. Selon L’Express, qui a révélé l’affaire à l’époque, le rapport des « barbouzes » mentionne jusqu’à l’adresse même de la maternelle où l’enfant d’Olivier Besancenot est scolarisé.
Mais le Nouveau Parti Anticapitaliste entend bien profiter de cette tribune judiciaire pour faire passer un message politique. Sur son site, le parti d’extrême gauche réclame « une commission d’enquête indépendante sur les agissements et les prérogatives des officines privées et leurs systèmes de fichage ».
Surtout, le NPA exige un moratoire sur l’utilisation des pistolets à décharges électriques Taser, qui équipe les forces de l’ordre françaises depuis 2004. En juin 2007, Olivier Besancenot avait déclaré sur son blog que le pistolet à impulsion électrique « aurait probablement fait taire plus de 150 personnes aux Etats-Unis. Puis, dans une interview dans le journal 20 Minutes, il avait estimé que »dans le meilleur des cas, il y a des doutes [sur le caractère létal du pistolet]. Dans le pire, le Taser peut tuer".
Poursuivi en diffamation par la société SMP Technologies, Olivier Besancenot avait gagné son procès en novembre 2008, obtenant même 4.000 euros au titre du remboursement des frais de justice.
Geoffroy Clavel