Empêtré dans sa gestion libérale de la crise, le gouvernement Ayrault ne se contente pas de faire les yeux doux au Medef, de reculer devant les provocations d’un Mittal, ou d’agiter en permanence son hochet sécuritaire, Manuel Valls. De cela, ne seront étonnés que ceux qui n’avaient pas bien lu les promesses du candidat Hollande. C’est sans doute sur les questions dites sociétales que les déconvenues seront les plus dures à avaler pour une partie de l’électorat socialiste, si le gouvernement tergiversait à soumettre au Parlement les projets de loi sur le mariage pour tous et le droit de vote pour les étrangers résidant en France.
Ces deux lois, si elles étaient votées, ne ruineraient pas le budget de l’État, elles ne coûteraient qu’un peu de courage politique. Celui qu’avait eu par exemple Robert Badinter face à une opinion publique majoritairement hostile à l’abolition de la peine de mort. Celui qu’avait eu Simone Veil, poussée par la gauche et la mobilisation du mouvement féministe, essuyant au Parlement les quolibets sexistes et les menaces d’une partie des élus de son propre camp politique lorsqu’elle avait défendu la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Dans la rue pour le droit au mariage
Actuellement, le Parti socialiste détient la majorité absolue au Parlement et pourrait parfaitement proposer les deux projets de loi (mariage pour tous et droit de vote des étrangers) dès le mois de janvier. Après bien des hésitations, et un premier report, le gouvernement a finalement adopté le 7 novembre le projet de loi sur le mariage pour tous qui sera proposé au Parlement à la fin janvier. Rien de bien révolutionnaire pour une législation qu’ont déjà adoptée 12 pays dont 8 de l’Union européenne.
À peine ce projet rendu public, François Hollande, effrayé par les cris d’orfraie de la droite, opérait un premier recul en évoquant l’ajout d’une clause de « liberté de conscience des maires » qui ne voudraient pas célébrer les mariages entre personnes de même genre. Ce signal envoyé aux édiles réactionnaires était aussi celui d’une reculade du gouvernement face à la droite, l’extrême droite et l’épiscopat.
Les mouvements LGBTI, soutenus par les organisations progressistes et anticapitalistes ont décidé d’une riposte à la droite réactionnaire et aux tergiversations du gouvernement, en mobilisant massivement ce 16 décembre. Ce n’est qu’une première étape dans la construction d’un rapport de forces. Celle-ci est importante, salutaire, mais doit sans attendre envisager de nouvelles initiatives dés le début de l’année. Les « anti-mariage pour tous » ont déjà programmé des manifestations pour le 13 janvier, et nous ne devons pas leur laisser la rue ! L’adoption de cette loi et la qualité de son contenu ne dépendront pas de signatures, fussent-elles prestigieuses, mais des mobilisations que nous construirons. Ne pas accepter une loi « au rabais » signifie qu’il faut également nous battre pour que celle-ci intègre le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) comme pour les couples hétérosexuels.
On vit ici, on vote ici !
L’engagement du NPA aux côtés des associations LGBTI ne saurait évidemment être compris comme une forme de prosélytisme en faveur de l’institution patriarcale qu’est le mariage. Il n’est que la défense d’un principe fondamental et qui nous est cher, celui de l’égalité des droits. C’est pourquoi, sans hiérarchiser les oppressions, nous serons tout autant dans la rue mardi 18 décembre à l’occasion de la journée internationale des migrants.
Nous y serons aux côtés des travailleurs sans papiers pour qui rien a changé depuis l’accession de la gauche au pouvoir ; aux côtés des Roms contre qui la répression ne faiblit pas ; aux côtés des victimes de l’islamophobie et du racisme ; aux côtés de toutes celles et tous ceux qui exigent du gouvernement qu’il soumette au Parlement un projet de loi concrétisant le cinquantième engagement du candidat Hollande : le droit de vote des étrangers. Ce projet vieux de 30 ans a purement et simplement disparu de l’agenda gouvernemental et ne pourrait au mieux voir le jour qu’en 2014… Autant dire jamais. Fortes de la montée des idées racistes et de l’intolérance, la droite et l’extrême droite pavoisent devant ce que Copé prédit comme « une nouvelle reculade du gouvernement ».
Ce n’est qu’en reprenant le terrain des mobilisations sociales et démocratiques, antiracistes et antifascistes, que nous pourrons imposer à quelque gouvernement que ce soit une évolution de la législation permettant l’égalité des droits, de tous les droits entre toutes celles et tous ceux qui vivent ensemble.
Alain Pojolat
SAM. 15 DÉCEMBRE CLERMONT-FERRAND BREST GRENOBLE
LIMOGES LILLE LORIENT LYON MARSEILLE
METZ MONTPELLIER NANTES ORLÉANS
DIM. 16 DÉCEMBRE BERLIN PARIS LA REUNION TOULOUSE
MONTRÉAL