Cinq ans déjà depuis que l’enseignant syndicaliste, incorruptible et infatigable, militant engagé dans la lutte contre toutes les formes d’injustice sociale, est mort d’une crise cardiaque, en classe, en plein exercice de son métier. Professeur de français au lycée Émir Abdelkader, à Alger, il a marqué toute une génération de lycéens, d’enseignants, de journalistes mais aussi de simples citoyens, captés par son audace, son franc-parler et sa détermination à aller au bout d’une revendication juste ; celle de réhabiliter l’enseignant sur les deux plans, social et professionnel.
« Je suis fière de mon frère. Chaque jour, mes camarades achètent les journaux pour suivre l’évolution de la grève. Ils y croient. Ils me disent que je dois l’être (fière) parce que lui, dit la vérité et ne craint rien. Que c’est un exemple que nous devons suivre pour arracher nos droits », les propos de sa sœur, tenus en la présence du frère, dans la maison familiale pour les besoins d’un documentaire réalisé par Samia Chala, en reconnaissance justement de la légitimité du combat mené par lui et l’ensemble des enseignants. Un documentaire présenté, hier, au siège du Parti socialiste des travailleurs (PST) dont le porte-parole, Mahmoud Rechidi, était un ami du militant défunt.
Redouane Osmane, créateur et porte-parole du Conseil des lycées d’Alger (CLA), avant que cette organisation ne s’élargisse aux 48 wilayas du pays, était la bête noire des autorités. De l’administration du lycée Émir Abdelkader au ministère de l’Education nationale, dont les services refusent jusqu’à présent d’octroyer l’agrément, convaincus que même si Redouane est mort, d’autres comme lui, parce que formés à l’école du maître, sont là pour poursuivre le combat. Tous parlent le même langage et animés de la même force de lutte pour la justice et la liberté : Idir Achour, Zineb, Hassiba, Naïma…et d’autres encore.
Dans l’une de ses interventions, le défunt Redouane a dit que certains des enseignants en grève ont craqué, certains parce que les élèves leur manquaient, d’autres parce que fatigués mais d’autres par peur. Et la peur est « humaine », l’essentiel est de la dépasser, la surpasser. C’est là tout le défi.
Militant engagé, il mérite toute la reconnaissance et la considération que lui vouent jusqu’à présent ses élèves, sa famille et ses compagnons de route. C’était un oiseau plein de rêves, mais malheureusement, disparu en plein vol.
Le décès de Redouane Osmane est une perte immense pour ceux qui rêvent d’une autre Algérie, soutiennent ses amis, mais le combat continue et ce sont eux qui le relancent, avec force, malgré toutes les contraintes
Karima Mokrani