Environ 1500 participants au Forum scoial russe (FSR) ont été enregistrés. 500 personnes ont participé à la manifestation organisée par le Parti communiste de Russie, plusieurs centaines ont participé aux initiatives du « Réseau contre le G8 », tel est le bilan certes modeste mais très honorable du Contre sommet de Saint Pétersbourg.
Une initiative modeste comparée aux manifestations alterglobalistes en Europe occidentale. Mais une initiative importante compte tenu de l’ampleur de la répression contre les participants. C’est aussi une étape dans le développement d’un mouvement social de résistance en Russie. D’un côté, on assiste à des avancées importantes dans la population pour ce qui de résister, de s’autoorganiser et de défendre ses droits. De l’autre, il faut reconnaître que l’on n’a pas encore atteint la masse critique permettant de parler d’un mouvement social de masse fort.
Malgré la faiblesse relative du mouvement, le Contre sommet, et en premier lieu le Forum social russe témoigne de la dynamique du mouvement, de sa volonté d’action solidaire et de l’émergence d’une alternative politique. La preuve en est notamment dans la première journée du FSR, le 14 juillet. Des discussions et des séminaires ont eu lieu sur toutes les questions au programme :sécurité énergétique, réforme de l’école, nature de l’alterglobalisme, campgne pour le droit au logement, guerre en Tchétchénie, culture. La majorité des séminaires se sont terminés avec l’adoption d’une résolution et d’un plan de campagnes. Dans certains cas, les discussions ont débouché sur la création de mouvements (Mouvement de Russie des foyers, Mouvement pour le logement, etc). Certes, l’absence de nombreux responsables de régions et l’atmosphère policière pesante régnant autour du stade ont pesé sur le déroulement des travaux. Mais aussi la volonté de certains courants politiques de se tenir à l’écart. Toutefois le bilan est positif avec des décisions qui vont contribuer à consolider le mouvement social dans sa diversité.
L’Union des comités de coordination de Russie (SKS) a tenu sa IVè conférence le 13 juillet à la veille de l’ouverture du FSR. Créé il y a un an lors du premier Forum social russe à l’initiative des comités de différentes régions qui s’étaient formés lors de la lutte contre la remise en cause des avantages sociaux dont bénéficiaient jusqu’ici différentes couches de la population (retraités, invalides, etc), ce mouvement existe aujourd’hui dans 20 régions et a redéployé son activité dans différentes directions, notamment pour ce qui est de la campagne pour le droit au logement [1]. Coalition situant son activité en dehors des partis politiques, le SKS a été confronté dans plusieurs régions à des OPA de la part de différents partis, ce qui a failli déboucher sur une scission. Mais cette période critiques est aujourd’hui dépassée, le SKs en sort renforcé, il s’est doté d’un « groupe de travail », regroupant les dirigeants les plus reconnus et chargé de coordonner les actions à venir.
Le matin du 15 juillet, l’assemblée plénière a largement témoigné de l’esprit combatif des participants. Une motion dénonçant la répression et affirmant une solidarité totale avec les militants arrêtés a été adoptée. A l’issue de cette assemblée les participants du Contre sommet ont cherché à exercer leur droit de manifester. Malgré l’interdiction de la manifestation, les participants se sont rassemblés avec banderoles et drapeaux pour réaffirmer leur volonté de se rendre malgré tout du stade Kirov jusqu’au croiseur Aurore. Malgré toute leur détermination, ils n’ont pas réussi à forcer les barrages d’OMON, en particulier parce que la jonction avec les participants de la manifestation organisée par ailleurs par le PC de Russie n’a pu se faire [2].
Malgré tous leurs efforts, les participants sont restés bloqués à l’intérieur du stade, scandant les slogans : « La Russie n’est pas une prison », « Liberté pour les militants emprisonnés ». Cette manifestation « sur place » s’est déroulée sans qu’il y ait d’interpellations, grâce au sang froid des participants. Par contre, 30 particpants à la manifestation organisée par le PC ont été interpellés, parmi eux Ilya Ponomarev, diriigeant du Front de Gauche ainsi que Sergeï Udaltsov, leader de l’organisation Avant garde de la jeunesse rouge.
Les initiatives et les actions se sont poursuivies le lendemain. Tôt dans la matinée du 16 juillet quelques dizaines de membres du « réseau contre le G8 » ont organisé un sit in sur la prospekt Nevski [3]. 37 personens ont été interpellées. Parmi eux, endehors de citoyens de Russie, il y a des Biélorusses, des Ukrainiens, des Polonais, des Bulgares, des Allemands et des Anglais.
Une autre action contre la guerre en Tchétchénie a donné lieu également à des interpellations. Enfin en soirée un défilé de manifestants anarchistes déguisés en clowns sur l’île Vassilievski a été interrompu par les forces de l’ordre, avec quelques arrestations à la clef. L’organisation Legal Team qui s’efforce d’apporter une aide juridique aux militants arrêtés et victimes de l’arbitraire policier est totalement débordée par l’ampleur de la répression.
Marina Klimova, Institut Action collective, Moscou
[1] Sur la campagne pour le droit au logement en Russie, cf. le Messager syndical, avril 2006. [DP]. Sur le site d’ESSF : Le Messager syndical n° 32
[2] Cette manifestation a eu lieu accompagné de heurts violents avec les forces de l’ordre ; plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés, dont plusieurs dirigeants qui, inculpés, risquent de lourdes peines d’amende et de prison. [DP]
[3] L’artère principale de la ville. [DP]
BILAN TRES PARTIEL DES MESURES DE REPRESSION CONTRE LES PARTICIPANTS DU CONTRE SOMMET DU FSR
L’organisation Legal Team a publié un bilan de la répression qui a précédé le Contre sommet, bilan de toute évidence très partiel. :
– 26 cas de militant(e)s dissuadés par tous les moyens de se rendre à Saint Pétersbourg ;
– 8 cas où les billets de train ont été confisqués ;
– 4 cas de retour forcé avant l’ouverture du Contre sommet ;
– 86 cas de militant(e)s ont été forcés de descendre de leur train ;
– 19 atteintes au droit de réunion ;
– 29 interpellations temporaires à l descente du train ;
– 8 arrestations préventives à Saint Pétersbourg ;
– 9 cas de passeports confisqués ;
– 9 perquisitions illégales avec confisaction de documents ;
– des centaines de vérifications d’identité arbitraires dans la rue.
Pendant le Contre sommet plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés, frappés et risquent des peines sévères (cf. le compte rendu ci-dessus).
Avant et pendant le Contre Sommet des listes « d’extrêmistes » ont été établies. Il est certain qu’u lendemain du Contre sommet la répression va se poursuivre de plus belle. Face à cette répression, il est urgent de maintenir et de développer la campagne de solidarité avec les militant(e)s du mouvement social en Russie.
Envoyer les messages de solidarité à Carine Clément , responsable de l’Institut Action collective à Moscou : « carine_clement hotmail.com »