Une cinquantaine d’associations, collectifs, syndicats et organisations politiques, dont le NPA, appellent à une manifestation régionale à Paris ce samedi 25 mai pour exiger un changement de politique à l’égard des Roms. En effet, la situation ne cesse de s’aggraver : les destructions de bidonvilles se poursuivent à un rythme soutenu (jetant les familles à la rue), les expulsions du territoire continuent, et les mesures discriminatoires (restrictions sur l’accès à l’emploi) sont maintenues. Dans de nombreuses villes les familles sont aussi confrontées à des refus de scolarisation, et ont beaucoup de mal à faire valoir le peu de droits qu’elles ont. La politique menée par le gouvernement ne fait que renforcer l’extrême précarité de ces familles.
Face à des drames comme l’incendie de Lyon (squat qui a brûlé, faisant 3 morts), Manuel Valls ne propose que le renvoi des familles en Roumanie comme solution et réaffirme sa politique d’expulsion. Les déclarations racistes se succèdent, favorisant un phénomène de rejet, voire de violence ; d’une partie de la population.
Les plus précaires sont dans le collimateur
Pour les habitants des bidonvilles comme pour tous les sans-abris et mal-logés, il est urgent de changer de politique. Les solutions existent : l’État, en lien avec les collectivités locales, doit les penser et les construire à une échelle régionale avec les acteurs sociaux et surtout, les intéressés eux-mêmes. Un relogement de ces familles et leur accompagnement social représenterait un effort dérisoire s’il était coordonné au niveau de la Région Île-de-France, et avec l’aide des Fonds européens, sous-utilisés pour l’instant.
Au croisement des luttes antiracistes pour l’égalité des droits et des luttes des mal-logés, les Roms subissent aujourd’hui de plein fouet les politiques que notre société réserve aux plus précaires. Soyons nombreux à manifester à leur côté pour exiger un changement de politique.
Halte à la politique d’acharnement, pour l’égalité des droits !
Contre les expulsions, réquisition !
Assez des bidonvilles, un logement pour tous !
Laure Denis
Manifestation régionale, samedi 25 mai à 15 h à Paris, départ place Saint-Michel, en direction de Matignon.
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 196 (23/05/13).
LYON : LA POLITIQUE ANTI-ROMS TUE !
Dans la nuit du 12 au 13 mai, l’incendie d’une usine désaffectée dans le 8° arrondissement de Lyon a fait trois morts parmi les 200 à 300 Roms qui vivaient là depuis le mois d’octobre. Ce drame est le résultat de la politique raciste que mènent, conjointement, Manuel Valls, le Ministre de l’intérieur, et Gérard Collomb, le maire de Lyon. Ils ont fait, dans la continuité de Sarkozy et Guéant, de la stigmatisation et de la chasse aux Roms un axe revendiqué de leur politique. La circulaire d’août 2012 qui obligeait à la recherche de solutions alternatives aux bidonvilles n’est pas appliquée. Les Roms sont ainsi condamnéEs à être logéEs, expulséEs, relogéEs, et pour cela pourchasséEs par la police, sans qu’aucune situation stable et vivable ne leur soit proposée. Une précarité extrême qui mène à des drames comme celui-ci.
Le NPA dénonce les stratégies récurrentes de stigmatisation des Roms par le PS et ses alliés. Valls et Collomb sont responsables du climat d’impunité xénophobe qui se répand dangereusement et ils sont coupables de maintenir les Roms dans des conditions de vie inacceptables. Nous exigeons l’égalité des droits pour tous et toutes dans l’accès au logement, à l’emploi, à l’éducation et à la santé.
13 mai 2013
NPA 69
ÉDITO : UNE CRIMINELLE CHASSE AUX ROMS
Lundi 13 mai, à Lyon, l’incendie d’une usine désaffectée a tué trois Roms dont un enfant. Deux mois après un incendie similaire qui avait eu lieu à Aubervilliers (93) sans faire de victimes, ces faits nous rappellent les conditions dans lesquelles les Roms sont obligéEs de vivre, harceléEs et traquéEs par les forces de police du ministère de l’Intérieur. CitoyenNEs européenNEs, les Roms n’ont pourtant pas les mêmes droits : celui de travailler, de se loger ou de se soigner correctement.
Plus de 400 camps illégaux ou squats plongent des milliers de familles dans la plus grande précarité, maintenant cette population dans la misère et l’insécurité, avec les plus grandes difficultés pour avoir accès aux soins ou à la scolarité.
Et pourtant, la réaction du gouvernement à ces faits dramatiques récurrents est d’accentuer le harcèlement dont sont victimes les Roms, comme l’a annoncé M. Valls après l’incendie de Lyon : « Ces squats, comme les campements de fortune, doivent être évacués chaque fois quand ils présentent, ici comme ailleurs, de vrais dangers. » Ce dernier déclarait déjà le 14 mars dernier à propos des expériences telles que les villages d’insertion : « Hélas, les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution. »
Cette politique conduit à ces drames humains et tente de diviser un peu plus la population. Il est plus facile pour Valls de mettre en cause la supposée culture des unEs et des autres que la politique du gouvernement auquel il appartient. Un gouvernement dont on a vu en matière de logement des annonces non suivies des faits, comme les fameuses réquisitions qui n’ont jamais eu lieu. Une politique qui, avec un ministre de l’Intérieur comme Valls, est dans la totale continuité de ses prédécesseurs, une politique des plus répressives à l’encontre des victimes de la misère qu’engendre la crise du système capitaliste, une politique qui n’a pas peur de flirter avec le racisme.
Thibault Blondin