Il y a 25 ans, le 5 octobre 1988, des jeunes en désarroi ont déclenché des émeutes dans les grands centres urbains du pays. La pénurie de certaines denrées alimentaires et autres produits de première nécessité n’ont été en réalité que la goutte qui a fait déborder le vase. Le 5 octobre 88, en vérité a été le débouché d’une vague de contestations populaires et de grèves ouvrières observées dans beaucoup d’usines depuis le début des années 80. Le printemps d’avril 80, prolongé à Bejaia en 81, avait déjà brisé le mur de la peur et cassé le mythe d’un système politique inamovible.
Les jeunes du 5 octobre sont sortis dans les rues, suite aux grèves ouvrières qui se généralisaient, n’ont pas trouvé de repère à la mesure des espoirs sociaux. La riposte démocratique a souffert de l’absence de tradition après 26 ans de dictature. C’est ce vide que les intégristes ont fini par occuper en l’absence d’une alternative de gauche.
La manœuvre politique du pouvoir visait à utiliser la révolte des travailleurs et de la jeunesse afin de permettre l’infitah économique, l’ouverture libérale, le pillage du patrimoine public.
25 ans après, la régression sociale entreprise par les réformateurs libéraux du gouvernement Hamrouche, radicalisée par le Programme d’Ajustement Structurel (PAS) du FMI se trouve aggravée encore par la politique ultralibérale de Bouteflika. Les conditions sociales sont pires qu’en 88. Les travailleurs ont perdu leurs acquis sociaux, souvent leur emploi, leur entreprise et sont livrés à la précarisation et aux emplois non déclarés. La jeunesse hittiste est remplacée par celle des gardiens de parking, des emplois au quart du SMIG et des harragas.
Malgré la tragédie des années 90 et la désorientation qu’elle a provoquée parmi les secteurs populaires qui s’étaient fourvoyés dans l’impasse islamiste, malgré l’effondrement social mis en œuvre par le libéralisme et son effet désagrégateur sur le corps social, beaucoup de conquêtes d’octobre sont encore là malgré les tentatives de « monarchisation » du système Bouteflika. Mais le bradage au profit de l’impérialisme et de la bourgeoisie algérienne s’accélère plus dans cette phase de fin de règne. La désignation de l’ultralibéral Benyounes au ministère de l’industrie n’est pas fortuite et vise le bradage du foncier industriel et agricole.
La résistance n’a jamais cessé. Dans la wilaya de Bejaia, les luttes des chômeurs, des précaires, des étudiants, des travailleurs de Cevital de l’ETR et de Getic, ERENAV..., montrent la voie à suivre pour construire le rapport de force qui maintient nos libertés et pour imposer le changement en faveurs des démunis. La lutte de la population de Barbacha pour imposer la volonté populaire s’est heurtée à l’alliance de droite (RCD, FLN, FFS) alliée au pouvoir central incarné par Mr le Wali, a montré que ceux qui se proclament de l’opposition démocratique ne sont que les alliés objectifs du pouvoir libéral. Pour concrétiser nos aspirations sociales nous avons besoin de construire un parti de classe, socialiste au service des libertés populaires et des besoins sociaux des travailleurs et des masses populaires.
Les acquis d’octobre ne disparaitront que si nous les laissons disparaître ! Le PST appelle à rejoindre l’initiative du comité de réhabilitation du 05 octobre :
– contre la politique libérale responsable de la destruction de nos entreprises, de la misère, du chômage et de la corruption
– pour la préservation et l’élargissement des acquis démocratiques d’octobre 88.
PST, section de Béjaia