Depuis plusieurs mois, la situation sociale est très tendue en Bretagne. La crise de l’agroalimentaire et les milliers de licenciements ordonnés par de grands groupes aux profits insolents s’ajoutent aux pressions qui pèsent sur les petits paysans et artisans pêcheurs. Plusieurs manifestations ont eu lieu.
En plus des licenciements, l’écotaxe, décidée par la droite lors du Grenelle de l’environnement et que le gouvernement Hollande-Ayrault avait décidé d’appliquer, cristallise le mécontentement d’une partie de la population contre l’augmentation des impôts et des taxes qui touchent en premier lieu les plus défavorisés. En organisant des manifestations contre cette taxe inefficace, le patronat défend ses bénéfices mais cherche surtout à détourner l’attention de ses responsabilités dans la casse de l’emploi. Droite et extrême droite ne sont pas en reste. Mais la révolte qui secoue la Bretagne exprime une exaspération plus profonde contre l’injustice sociale. Elle prend aussi ses racines dans le sentiment qu’une région entière, excentrée et délaissée, subit les politiques menées à Paris ou à Bruxelles, méprisant l’avis des populations concernées.
En annonçant ce mardi, la suspension sine die de cette taxe dans tout le pays, le gouvernement ne règle pas la crise qui le ronge mais amplifie sa déroute. Mesure après mesure, il cède aux injonctions des nantis sans répondre aux aspirations et revendications populaires. Le discours réactionnaire contre les immigrés et les Roms, leurs expulsions, n’empêchent pas l’électorat de gauche de l’abandonner, et favorise la progression du Front national.
Le gouvernement a reculé devant une mobilisation qui apparaît comme celle de toute une région en colère. Pour ne pas laisser le terrain aux forces qui veulent instrumentaliser cette révolte au profit du patronat, de la droite et de l’extrême droite, il appartient au mouvement ouvrier, tout en étant solidaire de la colère bretonne, d’organiser la lutte contre la politique antisociale, pour l’interdiction des licenciements et la hausse des salaires, contre les expulsions, c’est-à-dire pour construire une alternative sociale et imposer une autre politique qui s’en prenne aux intérêts des classes dominantes.
Côme Pierron
LA VIOLENCE DES AFFRONTEMENTS SOUS LE DERNIER DES TROIS PORTIQUES ÉCOTAXE DU FINISTÈRE A ÉTÉ RÉELLE, CE SAMEDI 26
Trois manifestants ont été blessés très sérieusement par des grenades assourdissantes et des tirs de Flasball dont un homme qui a perdu sa main.
Portant des Bonnets Rouges (symbole de la grande révolte paysanne qui eut lieu en Basse-Bretagne en 1675 contre les taxes seigneuriales), un millier de manifestants regroupant des salariés en lutte, des agriculteurs, des dirigeants de la FDSEA, des patrons routiers….se sont affrontés au CRS et gardes mobiles pour tenter de détruire le portique écotaxe symbole, selon eux, d’une attaque contre l’économie de la Bretagne.
L’écotaxe issue du grenelle de l’environnement de Borloo est perçue comme une taxe injuste, en plus d’être inefficace sur le plan écologique. Elle n’est pourtant pour l’instant (elle serait mise en service qu’au 1er janvier 2014) nullement responsable de la crise de l’agroalimentaire.
Si elle focalise symboliquement la révolte et la colère d’une bonne partie de la population concrètement, les salariés mis au chômage et à la porte avec des indemnités de misère, sont aujourd’hui d’abord les victimes des capitalistes de l’agroalimentaire, prédateurs des emplois, de la petite paysannerie, de la qualité des produits et de l’environnement.
Comme pour l’aéroport de Notre Dame des Landes, le gouvernement Hollande Ayrault a encore réussi à se mettre une bonne partie de la population Bretonne à dos.
Il faudra bien lors de la grande manifestation de 2 novembre à Quimper affirmer haut et fort l’unité ouvrière et paysanne contre les licenciements et pour une agriculture paysanne de qualité respectueuse des Hommes et de la terre.
Dire haut et fort que nous n’avons pas les mêmes intérêts que les patrons de l’agro et les dirigeants de la FDSEA.
Mardi 29 octobre 2013