Probablement autour de 20 à 30 000 personnes. Banderole de tête : pour l’emploi vivre et travailler en Bretagne. Avant les interventions au camion tribune la sono a fait retentir des chants tels que la « Blanche Hermine », « Bella Ciao, » les frères Morvan, « Antisocial » (Trust) ou encore « la rage du peuple » de Keny Arcana.
Beaucoup de salariéEs des entreprises frappées par les licenciements (Doux, GAD, Tilly, Marine Harvest, Boutet Nicolas), sans doute plusieurs milliers mais aussi beaucoup de travailleurs, des paysans, des précaires, des chômeurs, des retraités, beaucoup de jeunes bref une manifestation avant tout ouvrière et populaire.
La droite et les agriculteurs productivistes avaient aussi appelé à cette manif compte tenu du vide laissé par les organisations syndicales et particulièrement la CGT qui elle, a appelé à manifester à Carhaix à 70 km de Quimper.
Des tracteurs, quelques camions, de petits groupes d’identitaires non identifiés, qui ont déployé et replié en quelques minutes leur banderole « Hollande démission », une fois au bord de l’Odet et une autre fois sur le haut du Frugy (colline surplombant la manif), mais non indentifiable par la quasi majorité des manifestants (car non signée).
En revanche, en marge de la manif, selon la presse de ce dimanche matin se sont eux qui se sont affrontés aux flics et on agressé un jeune black dans l’après midi.
Pas de FN visibles ni d’UMP affichés mais en revanche un cortège politique du NPA, des Alternatifs, de Breizhistance (gauche indépendantiste), SLB (Syndicat des travailleurs bretons) et de nombreux militants du FdG mais aussi d’ATTAC et des Verts, des Zadistes mais aussi de la FSU, avec P. Poutou et 2 banderoles « interdiction des licenciements », plusieurs centaines de tracts et d’autocollants chaudement distribués et évidement très bien reçus.
Plusieurs dizaines de manifestants ont manifesté avec notre autocollant sur eux.
Ce cortège avec celui de l’UDB (Union démocratique Bretonne) était fort de plusieurs centaines de personnes.
Des cortèges des Doux, GAD, Tilly, Marine Harvest, Boutet Nicolas avec bien sûr beaucoup de FO mais aussi de très nombreux adhérents CGT ne comprenant pas la position de leur syndicat.
De toute évidence, c’est bien à Quimper parmi les salariés qu’il fallait être, pour disputer le terrain à la droite et au Medef ce qui fut un véritable enjeu.
Et nous pensons que le succès, les interventions des boites frappés par les licenciements à la tribune démontrent la justesse de cette position. Intervention remarquée du responsable CGT des pêcheurs, de la représentante FO des Doux insistant sur le non au licenciements et la nationalisation de l’agro, de la déléguée de Marine Harvest mais aussi de notre camarade Matthieu de Carhaix (tête nue) lisant une déclaration de soutien de Pierre Le Ménahes (CGT ex-SBFM) et terminant par l’appel à l’interdiction des licenciements et à la réquisition des sites qui licencient et ce devant 20 à 30000 personnes. A sa descente du camion sono notre camarade fut chaudement congratulé par les GAD et les Marine Harvest.
Si la CGT et les autres syndicats, si le FdG etc… avaient appelé en force à Quimper, nous aurions pu totalement inverser le rapport de force au niveau de « l’animation de la manif » et minoriser fortement le poids de la FNSEA et de la droite patronale qui a continué d’appeler « à l’union sacrée »… tout en n’abordant pratiquement plus le thème de l’écotaxe… et pour cause.
Nous rappelons que cette manif est, à l’origine, issue d’un appel de Carhaix et des travailleurs de l’usine de Marine Harvest frappé par une fermeture et de plusieurs centaines de licenciements en lien avec le début de convergence qui s’est manifestée toute la semaine du 14 au 20 octobre entre les différentes usines et leur comité de soutien, chez les GAD et les Marine Harvest.
La droite, le Medef, et la FNSEA en étant à l’offensive contre l’écotaxe ont tenté de dévoyer cet appel et y ont partiellement réussi, aidé en cela par la direction de la CGT qui a préféré « botter en touche » plutôt que de s’affronter à l’ennemi de classe et à militer pour un mouvement posant le problème de l’interdiction ou pour le moins de la suspension des licenciements et faire reculer le gouvernement à l’image de son recul sur l’écotaxe.
Appeler à une manifestation « ouvrière » à Carhaix, ville de 8000 habitants en forçant la main y compris à d’autres syndicats comme Solidaires et la FSU et en recevant le renfort du PS (Poignant, maire de Quimper), du député PS de la circonscription de Carhaix, d’EELV, du FdG en particulier le PC favorable à l’alliance avec le PS dès le 1er tour des municipales, mais aussi du PG et de la déclaration insultante de Mélenchon, ne pouvait que tromper nombre de syndiqués et militants sincères qui ont cru que seuls la droite et le patronat allaient manifester à Quimper… aidé en cela par les médias qui ont martelé ce faux toute la semaine.
Rappel : entre le 18 octobre (Appel de Carhaix) et le 2 novembre, la CGT ne s’est pas exprimée sauf le mardi 30 octobre au soir pour appeler à Carhaix. Soit 3 jours avant la manif.
Rappel aussi : dès le début de la semaine dernière, le PS a appelé à l’annulation de la manifestation à Quimper… tandis que Lebranchu et les médias parlaient d’affrontement entre extrémistes.
Résultat : 2 à 3000 personnes à Carhaix venues aussi du 35 (Ille et vilaine), du 44 (Loire Atlantique) et du 22 (Cotes d’Armor)… c’est-à-dire 10 fois moins qu’à Quimper où les ouvrières et les ouvriers de l’agro étaient présent en masse et en cortège dans la manifestation très populaire.
Si l’assertion de la CGT et des autres était vraie nous serions dans une situation plus que dramatique, cela signifierait que le mouvement ouvrier traditionnel sur le problème de l’emploi mobilise 10 fois moins que cette dernière.
Fort heureusement, il n’en est rien. Une partie des manifestants de Carhaix a été trompée par la direction de la CGT qui a refusé d’être présente à Quimper (et à réussi le tour de force de s’allier à la majorité gouvernementale) parce qu’elle n’était pas à l’origine de l’appel et qu’elle ne voulait pas d’une manifestation massive, pouvant la dépasser contre les licenciements et pour l’emploi, sur les terres de B. Poignant (maire de Quimper et conseiller d’Hollande).
Elle s’est repliée sur un petit tour de Carhaix tandis que 20 à 30 000 personnes manifestaient à Quimper, encadrées par un dispositif policier impressionnant…
Cette fracture entre les 2 manifestations laissera des traces et a particulièrement traumatisé de nombreux militants de la CGT, du FdG (PG, PC et GA, tout courant confondus) qui ont subi depuis 3 à 4 jours des assauts violents et insultants de la part de celles et ceux qui dénonçaient leur présence à Quimper, sans évoquer les pressions et les insultes ignominieuses contre le NPA : « On manifeste avec le FN et les Patrons ! », « Il faut choisir notre camp », etc.
Durant toue la semaine, il a fallu répondre à nos sympathisants déboussolés par la position de la CGT et la pression de la presse qui martelait que la manif à Quimper était à l’initiative des patrons et la FDSEA.
Précision tout de même : Il avait été proposé in fine à la CGT, par certains camarades de SUD lors de l’intersyndicale départementale de faire la manif à Carhaix le samedi à 10 heures pour permettre à celles et ceux qui voulaient rejoindre Quimper à 15h de pouvoir le faire. Ce fut un non catégorique…
La situation n’est pas simple, mais comme l’a très bien dit Philippe Poutou, les partis à la gauche de la gauche, les organisations syndicales, les salariés en lutte doivent se retrouver rapidement ensemble pour faire converger les luttes contre les licenciements et contre ce gouvernement qui impose l’austérité.
Gérard, Quimper