ESSF a lancé le 11 novembre une initiative de solidarité avec les victimes du super typhon Haiyan (Yolanda) aux Philippines [1]. Nous présentons aujourd’hui un rapport initial sur les tous premiers pas de notre campagne.
Envois de 4.000 euros
Dès le 13 novembre, nous avons pu donner à notre banque l’ordre de transférer 4.000 euros sur le compte du RDRRAC, l’un de nos partenaires aux Philippines (voir ci-dessous). En effet, nous avons constitué un fonds permanent de solidarité Asie qui nous donne notamment les moyens d’envoyer rapidement une petite aide financière initiale – une avance –, en attendant que les dons arrivent [2].
Ce qui nous a aussi permis de transférer sans attendre 4.000 euros, c’est que nous avons senti que la réponse à notre appel à la solidarité serait importante – à notre échelle du moins. Nous avons reçu les quatre premiers jours plus de 2.700 euros sous forme de chèques et paiements via PayPal. Nous ne connaissons pas encore le montant des sommes reçues par virements bancaires (la banque met un certain temps à nous en informer) ni, bien évidemment, celui des chèques non encore distribués par la poste.
L’appel a été reproduit sur plusieurs sites et dans plusieurs pays en français et en anglais. Il a été traduit en néerlandais, en italien et peut-être dans d’autres langues ; des articles appelant à la solidarité ont aussi été traduits en espagnol. Comme les précédentes, notre initiative à une dimension internationale.
Nous ferons à nouveau le point financier la semaine prochaine.
Nos partenaires philippins
Les dons que nous recevons sont envoyés à nos partenaires philippins, directement engagés sur le terrain et avec lesquels nous avons déjà collaboré dans le passé : la Tri-People’s Organization Against Disasters (TRIPOD) Foundation [l’Organisation des Trois Peuples contre les désastres] et le Ranaw Disaster Response & Rehabilitation Assistance Center, (RDRRAC) Inc [le Centre d’action Ranaw de réponse aux catastrophes et de reconstruction] – c’est notamment avec ce dernier que nous étions intervenus en soutien aux victimes d’un précédent typhon meurtrier qui avait particulièrement touché la province d’Iligan [3].
Face aux désastres humanitaires, notre association recherche pour partenaires des mouvements militants populaires, efficaces et intervenant directement sur le terrain ; donnant la priorité aux plus démunis et réduisant au minimum leurs propres frais de fonctionnement ; travaillant dans la durée en liant secours d’urgence, réhabilitation et reconstruction ; promouvant l’auto-organisation des victimes afin qu’elles redeviennent actrices de leur destin et puissent combattre les multiples discriminations qui entachent la distribution de l’aide officielle ou la reconstruction des zones dévastées.
Nous avons aux Philippines des liens réguliers avec de tels mouvements dans plusieurs régions, mais pas là où le typhon Haiyan a frappé le plus brutalement, dans le centre-est de l’archipel (notamment les îles de Leyte et Samar). Tripod et RDRRAC sont pour leur part basés à Mindanao, dans le sud philippin. Avant de lancer notre appel, nous avons donc vérifié qu’ils seraient à même d’intervenir dans les zones sinistrées. Cela leur est en fait d’autant plus possible qu’il y a une réelle proximité entre une partie de la population de Mindanao et celle des Visayas : liens familiaux, parfois langues communes…
Par ailleurs, Tripod et RDRRAC ont une expérience variée de l’action en temps de désastres humanitaires, opérant dans une région où se succèdent de violents typhons, des inondations et glissements de terrains (souvent provoqués par la destruction des forêts) ou des conflits militaires – notamment entre forces gouvernementales et mouvements musulmans : réfugiés internes et personnes déplacées font partie de la réalité politique de Mindanao.
Travaillant en direction des milieux populaires, Tripod s’adresse aussi bien aux descendants des migrants philippins chrétiens qu’aux tribus montagnardes et aux moros (les « trois peuples » de l’île), combattant les discriminations sociales, religieuses ou ethniques et tissant des solidarités intercommunautaires.
Envoi d’une première équipe par Tripod
Tout cela ne signifie pas que la tâche sera facile. Les dévastations provoquées par le typhon Haiyan (Yolanda) sont si vastes et le choc humain si profond que le tissu social semble s’être souvent déchiré. Les autorités locales sont tétanisées ou fantomatiques. Les organisations populaires temporairement paralysées : leurs locaux sont détruits, priorité est donnée au recensement des morts, à la recherche de solution de survie pour les familles des membres…
L’incroyable incurie présidentielle ne facilite pas les choses. Une semaine après le désastre, l’aide la plus élémentaire ne commence à arriver qu’au compte-goutte et encore pas partout, tant s’en faut. Des tonnes de matériel de secours et produits alimentaires s’entassaient dans les aéroports alors que le gouvernement, censé coordonner leur distribution, réglait ses comptes entre clans rivaux et muselait la presse pour qu’elle ne révèle pas l’ampleur du drame. Le temps passant, la situation pourrit, le risque d’épidémies et l’insécurité augmentent, mettant en danger jusqu’aux interventions humanitaires. Les cas de viols semblent se multiplier, symptôme de désagrégation sociale.
Tripod a déjà envoyé une première équipe renouer les liens avec l’une de ses organisations : un réseau de jeunes venus de Mindanao, vivant dans la région sinistrée et qui a déjà mené de petites actions d’aide. Il s’agit aussi d’établir des contacts avec des mouvements populaires locaux.
Cette équipe doit notamment, dans un premier temps, choisir un lieu qui ne soit pas trop dangereux et d’où l’action de secours, de réhabilitation, de réorganisation sociale pourra être initiée avec des partenaires locaux.
Une deuxième équipe de Tripod est actuellement en partance.
Un travail de longue haleine
Nous n’en sommes qu’au tout début d’une intervention de longue haleine. Il ne s’agit pas seulement de distribuer des biens de première nécessité et soulager des souffrances, mais d’un travail d’ensemble qui implique d’aider la population à surmonter le choc social et psychologique, à sortir de sa situation de dépendance, à agir de façon coordonnée, au-delà du chacun pour soi.
Beaucoup d’organisations humanitaires internationales sont spécialisées : médecine d’urgence, aide alimentaire, soins aux enfants, etc. Elles peuvent mettre en œuvre des moyens considérables, sauver de nombreuses vies, mais n’ont pas pour vocation de rester. En revanche, les réseaux militants et populaires intervenant sur ce terrain sont confrontés à tout l’éventail des problèmes créés par de telles catastrophes. Là où les habitations ont été massivement détruites, des centres de regroupement doivent être conçus de façon à assurer la reconstitution d’une activité sociale. Ils faut en effet répondre à une question d’ensemble : permettre aux communautés sinistrées de sortir d’une situation de victime impuissante – au risque de se heurter à des pouvoirs établis qui ne voient pas d’un bon œil lesdites victimes affirmer leurs droits.
Des organisations comme Tripod et RDRRAC ont très peu de moyens alors que les besoins sont sans limites. Il faut donc les aider maintenant à aider les populations sinistrées. Mais il faudra aussi savoir les accompagner dans une tache de plus longue durée.
Pierre Rousset
ESSF
Pour envoyer des dons
Chèques
Les chèques en euros seulement et payables en France à l’ordre d’ESSF doivent être envoyés à :
ESSF
2, rue Richard-Lenoir
93100 Montreuil
France
Banque :
Crédit lyonnais
Agence de la Croix-de-Chavaux (00525)
10 boulevard Chanzy
93100 Montreuil
France
ESSF, compte n° 445757C
Références bancaires nationales (RIB) :
Banque : 30002
Indicatif : 00525
N° de compte : 0000445757C
Clé : 12
Compte au nom de : ESSF
Coordonnées bancaires internationales :
IBAN : FR85 3000 2005 2500 0044 5757 C12
BIC / SWIFT : CRLYFRPP
Compte au nom de : ESSF
Paypal : vous pouvez aussi transférer vos dons via Paypal (voir la commande placée en haut à gauche de la page d’acceuil).
En France, ces dons donnent droit à des déductions d’impôt. Il nous faut votre adresse pour vous envoyer un reçu fiscal (adresse en général indiquée sur les chèques).
Nous vous tiendrons régulièrement informés via notre site de la situation et de l’utilisation du fonds de solidarité.